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Agriculture régénérative Vivescia compte accompagner 1000 agriculteurs dans leur transition d'ici 2026

le programme Transitions est lauréat de l’appel à projet « Résilience et capacités agroalimentaires 2030 ».

« Tout commence ensemble », c'était la signature du programme Transitions, lancé par Vivescia en septembre dernier, lors de la Foire de Châlons. L’objectif de la coopérative : embarquer les filières végétales et céréalières de l’amont à l’aval dans la transition agricole, pour faire face au changement climatique et aux défis de l’alimentation pour demain. Retrouvez les témoignages des différents acteurs du programme sur le sujet.

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Vivescia ambitionne d’accompagner près de 1 000 agriculteurs du nord-est de la France vers l’agriculture régénérative d’ici 2026. 200 agriculteurs-coopérateurs se sont engagés dès la récolte 2024, pour une durée de 3 ans.

Parmi eux, Mickaël Portevin, qui s’est installé sur l’exploitation familiale située à Beine-Nauroy (Marne) il y a 5 ans. « En réflexion sur l’évolution de mes pratiques pour la pérennité de l’exploitation, je me suis notamment intéressé à la question des crédits carbone. Mais avec plus de 40 ha de luzerne dans l’assolement, l’utilisation de plantes compagnes avec le colza et des couverts végétaux, ainsi que la modulation de l’ammonitrate avec la barre Yara N-Sensor, les gains possibles étaient quasiment nuls... explique l’agriculteur. On faisait déjà trop bien les choses entre guillemets pour entrer dans un tel programme. Puis est arrivée dans la réflexion la démarche de Vivescia, avec l’idée de dérisquer les producteurs dans la transition agricole, en apportant un soutien financier et un accompagnement technique, ça correspondait à nos besoins ».

« Faire évoluer ses pratiques tout en maintenant un bon niveau de production agricole doit passer par cette double sécurité : économique et technique », souligne également Valérie Frapier, directrice RSE du groupe Vivescia et du programme Transitions.

« Pas un énième cahier des charges »

Pour Mickaël Portevin, l’un des principaux atouts de cette démarche, « c’est que l’on prend en compte l’exploitation dans son ensemble, pas seulement une culture ou une parcelle. On va vraiment dans le concret et on étudie les systèmes ».

« C’est important de décloisonner les filières. Avec Transitions, la coopérative n’entend pas proposer un énième cahier des charges, mais plutôt s’adapter aux contraintes de ses adhérents, précise Armand Gandon, expert bas carbone et animateur du programme chez Vivescia. Et pour cela, la coopérative a démarré par la formation d’une trentaine de ses technico-commerciaux sur ces sujets, avant celle des agriculteurs, pour pouvoir les accompagner au quotidien ».

« L’agriculteur qui choisit de rejoindre le programme pour trois années s’engage, grâce à la mise en œuvre de différents leviers, à progresser sur différents indicateurs agronomiques et à atteindre un socle de performance environnementale défini : réduction des GES, résilience de sols, stockage de carbone dans les sols et préservation de la biodiversité. Tout en restant libre de déterminer ses pratiques culturales en fonction de son contexte pédoclimatique et de son projet entrepreneurial. »

Mickaël Portevin compte notamment « monter en gamme sur les engrais verts, un point compliqué quand on a un risque nématode dans la rotation ». Il souhaite également « travailler sur la fertilisation organique et le devenir des pailles. Il y a des choses à faire, il faut qu’on prenne les sujets un par un pour essayer de s’améliorer », précise l’agriculteur, qui compte aussi beaucoup sur les échanges et partages d’expériences entre collègues du groupe.

Retrouvez l'interview vidéo de Mickaël Portevin :

https://www.dailymotion.com/video/x8twmlo

« Construire ensemble l’agriculture de demain »

Autre point « important » : « le fait de réunir autour de la table tous les acteurs de l’amont à l’aval pour travailler ensemble l’agriculture de demain. Il y a une prise de conscience qu’on ne va pas décarboner la filière sans les agriculteurs, et qu’on peut discuter tous ensemble », reprend Mickaël Portevin. « Dans un contexte de crise agricole et face aux injonctions auxquelles le monde agricole peut faire face, il est primordial que tous les acteurs économiques comprennent les contraintes et les besoins des agriculteurs. Ce sont eux qui façonnent le marché de demain et qui vont parler aux consommateurs. C’est donc notre boulot d’agriculteur aussi de leur expliquer qu'on ne peut pas tout faire, que tout n'est pas raisonnable et que le bon sens paysan a quand même du bon. »

Le modèle économique s’appuie sur une mutualisation des coûts portée par les clients de l’aval, dont les entreprises de Vivescia Industries (Malteurop, Grands Moulins de Paris...) et les clients partenaires de la coopérative (Avril, Roquette, Tereos...) eux-mêmes engagés sur des trajectoires de décarbonation de leur chaîne d’approvisionnement d’ici à 2030, et sur des plans d’action de préservation de la biodiversité. « Le soutien aux résultats et à la progression est en moyenne de 100 €/ha pour le niveau 1 (entrée) et de 150 €/ha pour le niveau 2 (performance) par an », met en avant la coopérative.

« Avec cette logique de coalition, cela permet d’aller chercher de la rémunération pour toutes les cultures et de démultiplier ce qu’on a déjà construit », explique Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol, faisant référence notamment aux programmes Oleoze et Impact. Olivier Hautin, directeur général de Malteurop, souligne également la notion importante des données pour mesurer la progression.

Pour Pierre Garcia, directeur général de France & de Grands Moulins de Paris, « ce programme répond complètement aux attentes des boulangers, en termes de durabilité, du fait de leur contact direct avec leurs 12 millions de clients quotidiens. Il faut qu’on bouge sur le sujet et qu’on les accompagne dans l’approvisionnement en matières premières durables ».

« Embarquer le plus de partenaires possibles dans l'aventure »

« Souvent dans les projets de filière, on voit que la matière première va coûter plus cher, alors on abandonne. Mais est-ce qu’il faut vraiment attendre que le contexte soit favorable pour aller de l’avant ? Tous les industriels sont capables d’investir pour leurs usines, là c’est notre « usine planète » qui a besoin qu'on investisse dans son capital sol... » estime Bastien Sachet, CEO d’Earthworm. « Il compare le rôle de son organisation à celui du levain dans le pain, on a besoin des industriels pour permettre ce projet et des agriculteurs pour le réaliser. Earthworm assure un soutien technique, avec un œil critique pour pouvoir toujours se challenger ».

Et Vivescia cherche à embarquer le plus de partenaires possibles dans l’aventure pour suivre le développement de Transitions. « En plus des 200 agriculteurs engagés pour la récolte 2024, 600 tapent aujourd'hui à la porte du programme, précise Valérie Frapier. La coopérative prévoit d'investir dans ses forces vives pour accompagner au mieux les producteurs engagés ». Vivescia a également dévoilé au Salon de l'agriculture le lancement d’une chaire de recherche : « Des fermes résilientes, bénéfiques pour le climat et la biodiversité », avec UniLaSalle et en collaboration avec Inrae. D’une durée de 4 ans, ce projet a pour « ambition d’identifier parmi les pratiques culturales des territoires de Vivescia, celles qui favoriseraient l’adaptation au changement climatique des systèmes de culture et son atténuation ».

« Le programme Transitions est en opensource », a aussi rappelé Christophe Büren, président du groupe Vivescia. « Il a vocation à être dupliqué ou adapté ailleurs en France et au-delà ». Un point qui intéresse notamment plusieurs partenaires engagés pour leurs différents marchés à l'international.

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