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Inflation dans les rayons La tension monte à l'approche de la fin des négociations commerciales

Le gouvernement a avancé et raccourci la période toujours houleuse des négociations commerciales annuelles entre grandes surfaces et leurs fournisseurs agro-industriels en espérant des baisses de prix rapides en rayon. Mais elles risquent de n'être ni significatives ni massives.

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Ils sont d'accord sur au moins un point : il n'y aura pas « de baisse générale des prix » des denrées alimentaires, comme l'a dit mercredi sur Radio Classique le président de la principale organisation représentative des agro-industriels, l'Ania, Jean-Philippe André.

Il s'attend plutôt à une « très légère inflation » moyenne. En d'autres termes, une nouvelle hausse globale des prix. Certes moins importante que les deux années précédentes, mais qui s'ajoute justement à des hausses déjà très significatives, avec des tickets de caisse qui ont en moyenne flambé de plus de 20 % en deux ans.

La veille, le représentant de la grande distribution Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), avait usé des mêmes termes sur BFM Business. « Globalement, il y aura sans doute une légère inflation ».

Des baisses sur certains produits

Le gouvernement a fait voter en novembre une loi pour avancer de quelques semaines la fin de la période de négociations entre les distributeurs et leurs fournisseurs.

Cette période, qui a lieu chaque année pour déterminer les conditions de vente (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) d'une large part des produits vendus en grandes surfaces, s'achève habituellement au 1er mars.

Mais le Parlement a adopté un texte contraignant les entreprises à s'entendre plus rapidement, d'ici au 15 janvier pour les fournisseurs réalisant moins de 350 millions d'euros de chiffre d'affaires et au plus tard le 31 janvier pour les plus gros fournisseurs.

Objectif : permettre une répercussion plus rapide dans les prix payés par les consommateurs des baisses du coût de certaines matières premières.

Les professionnels estiment que le prix de certains produits va bien baisser : ceux qui contiennent beaucoup de blé ou d'huile, par exemple, des matières premières dont le prix a diminué ces derniers mois.

Mais la décrue des tarifs sera selon toute vraisemblance sans commune mesure avec les hausses enregistrées ces deux dernières années. En outre, de nombreux produits pourraient voir leurs prix augmenter, les supermarchés affirmant recevoir surtout des demandes de hausse de tarif de la part de leurs fournisseurs.

Joutes habituelles

En attendant de connaître l'issue des négociations, les joutes habituelles entre industriels et distributeurs ont lieu, sur les plateaux télé ou dans les rayons même des supermarchés : Carrefour a épinglé son fournisseur PepsiCo, fabricant du célèbre soda, mais aussi des chips Lay's ou Doritos ou encore du thé sucré Lipton ; il l'accuse de demander des « hausses de prix inacceptables ».

En France, mais aussi en Belgique, Espagne et Italie, le géant de la distribution sort ainsi les produits du géant américain de ses rayons. PepsiCo a dit poursuivre les discussions « pour faire en sorte que nos produits soient disponibles ».

« Ça ne me choque plus, parce que ça fait trop longtemps que j'observe » des déréférencements, a réagi mercredi le directeur général de l'Ilec Richard Panquiault, qui porte en France la voix des très grands industriels.

« Ce qui est inhabituel, c'est d'interpeller les consommateurs (dans les médias et par des affichettes dans les rayons, NDLR), ça me gêne parce que ça se fait pendant la période de négociations lors de laquelle les choses doivent normalement rester plus ou moins confidentielles », a-t-il ajouté.

Concernant les plus petits acteurs, la Fédération des Entreprises de France (FEEF), qui rassemble un millier de PME-ETI de l'agroalimentaire, a indiqué jeudi qu'à quatre jours de la date-butoir, les 60 % d'entreprises de moins de 350 millions d'euros qui ont déjà bouclé aboutissent à un résultat compris entre 0 et 1 % de déflation.

De son côté la FNSEA, premier syndicat agricole, a indiqué qu'elle se satisferait d'une faible hausse, voire de prix stables, a expliqué mercredi son président Arnaud Rousseau. Selon lui, « cela garantirait que la matière première n'est pas attaquée ».

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