Marchés de l'agroéquipement Des bons de commande en recul
Lors de sa conférence de presse le 21 octobre à Paris, l’Axema a confirmé la tendance baissière des marchés de l’agroéquipement. Malgré les bons rendements, la crise persiste. Les agriculteurs n’ont pas le moral et donc investissent peu. Ce n’est pas la loi sur le suramortissement qui relancera les commandes.
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Le chiffre d’affaires réalisé en France est à la baisse pour un tiers des entreprises de l’agroéquipement selon l’Axema. A l’export, même tendance : 19 % des entreprises voient leur chiffre d’affaires diminuer de 6 à 25 % au second trimestre 2015. Le matériel neuf est cependant moins impacté que l’occasion.
C’est parmi les éleveurs que le manque de visibilité se ressent le plus. Beaucoup mettent en attente leurs projets d’investissements. Il faut faire durer les machines et pour cela les entretenir. La situation profite donc aux pièces détachées, aux prestations d’atelier et aux services après-vente.
En 2014, les revenus des céréaliers et des éleveurs de bovins viande ont diminué de 10 %. A l’opposé, ceux des éleveurs laitiers et des viticulteurs ont progressé. Selon le baromètre Ifop-FNSEA, les finances se dégradent pour seulement 5 % des exploitations agricoles françaises.
L’embargo russe profite à Rostelmasch
Le contexte est moins rassurant si l’on se tourne vers l’avenir. 40 % des agriculteurs imaginent une dégradation de leur santé financière dans les deux à trois prochaines années contre 20 % qui la voient meilleure. Le prix des productions, la réglementation et le coût du travail représentent les principales difficultés rencontrées par les exploitations. 54 % des acteurs industriels considèrent le moral des agriculteurs comme plutôt pessimiste. 44 % l’estiment mauvais et 10 % très mauvais ! Là encore, c’est dans l’élevage que les industriels ressentent le plus d’inquiétude.
« Les affaires devraient reprendre au premier semestre 2016 sur le marché français », explique Élodie Dessart, responsable économique de l’Axema. Les adhérents comptent sur l’export pour dynamiser les ventes. Pas certain que les marchés prennent cette voie. Les difficultés sont présentes à l’échelle mondiale et particulièrement en Europe. Les industriels attendent la levée de l’embargo russe, qui ne profite qu’à Rostelmasch (constructeur local). Dans ce pays, les besoins en équipements sont colossaux. C’est la raison pour laquelle les attentes se tournent vers la Russie.
Fini le surinvestissement
L’Asie intéresse ! En septembre 2015, la première édition du Sima Asean s’est tenue à Bangkok en Thaïlande. Ce salon traduit l’intérêt et la forte demande en équipements de l’Asie. En Afrique, le potentiel de développement est plus obscur et les industriels sont donc prudents.
Au-delà de la reprise des affaires, les industriels s’interrogent sur la rentabilité des marchés. Les normes demandent beaucoup d’évolutions donc des investissements importants sont réalisés. Mais contrairement à l’automobile, les coûts de R&D se répercutent sur de petites séries, ce qui augmente le prix du matériel.
Côté agriculteurs, « les achats sont de plus en plus raisonnés et moins fiscaux », explique Anne Fradier, secrétaire générale du Sedima. La distribution va devoir s’adapter. Pour cela, les exploitants devront être conseillés judicieusement et orientés sur les outils répondant exactement à leur situation. Fini les achats coups de cœur ou le surinvestissement !
Le suramortissement de 40 % proposé par la loi Macron n’aura pas réussi à redonner de la dynamique aux marchés. « La filière garde la tête froide », explique Patrick Perard, président de l’Axema. 80 % des industriels n’en profitent pas. Et 70 % pensent que la loi anticipe les commandes de 2017 et 2018.
Enfin, l’emploi dans la filière fait figure de point positif. Les effectifs ont en effet progressé de 0.6 %. 58 % des industriels et 65 % des distributeurs ont embauché cette année. Respectivement 52 et 47 % d’entre eux continueront les recrutements en 2016. Il reste 1 500 postes à pourvoir dans la filière, principalement dans l’industrie.
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