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Crise de la betterave Les betteraviers de Saint-Louis Sucre manifestent

Munis de drapeaux français, allemands et européens, près de 200 betteraviers et salariés de Saint-Louis sucre ont manifesté mardi à Paris, à deux pas de l'ambassade d'Allemagne, contre la fermeture de deux usines de la filiale française du groupe Südzucker.

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Le groupe allemand Südzucker prévoit la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France, avec à la clé près de 130 postes supprimés sur les 723 que compte sa branche française et la remise en cause du modèle économique de milliers d'agriculteurs. « Aujourd'hui, les Allemands prennent une décision stratégique de restructuration de l'activité sucrière, et ça on peut le comprendre », a déclaré à l'AFP Patrick Dechaufour, planteur et président du syndicat des betteraviers du Calvados, de la Sarthe et de l'Orne. « Par contre, faire une restructuration en arrêtant totalement la production de sucre et en gardant juste des petits stockage de sirop dans les usines, ce qui permet d'éviter de fermer les sites et de contourner la loi Florange, c'est du capitalisme sauvage qu'on n'accepte pas », a-t-il ajouté.

Adoptée en mars 2014, la loi Florange impose à tout employeur d'une entreprise ou d'un groupe d'au moins 1 000 salariés qui envisage de fermer un établissement et de procéder à des licenciements économiques de rechercher un repreneur. À moins de trois semaines du scrutin européen, brandissant des pancartes en français et en allemand, les planteurs de betteraves espéraient pouvoir remettre leurs doléances à l'ambassadeur d'Allemagne, mais ont finalement trouvé porte close. Ils souhaitaient surtout remettre un petit coup de pression, à une semaine d'une réunion avec la direction de Südzucker, à Strasbourg, lors de laquelle ils doivent présenter leur plan de reprise des deux usines, le 15 mai.

« L'Europe, ce n'est pas la désunion, c'est le mutualisme », affirme Benoît Lefébure, planteur à Escoville (Calvados), qui porte fièrement des drapeaux allemand et français.« Je suis pro-européen, c'est l'union qui fait la force ». Il déplore que le groupe, qui a des usines « partout en Europe », « fasse porter à la France 500 000 des 700 000 tonnes de baisse de production de sucre » sur le continent.

« Bras de fer » franco-allemand

1 036 planteurs travaillaient pour l'usine de Cagny (Calvados) et 1 268 planteurs autour d'Eppeville (Somme). Dans la Somme, une partie des agriculteurs pourraient écouler leurs betteraves vers l'usine voisine de Roye, voire à la concurrence. En revanche, ceux de Cagny, isolés, n'ont pas d'autre solution pour écouler leur production et devront, si la situation en reste là, renoncer à la culture de la betterave.

« Le plan de reprise qu'on propose, c'est un plan de reprise qui est financé avec un fonds des planteurs, et le soutien des régions Hauts-de-France et de Normandie », a expliqué M. Dechaufour. « Il nous permettra ni plus ni moins de garder notre activité de betteraves et de production de sucre dans les deux bassins d'Eppeville et de Cagny et aussi de garder toute l'activité économique induite », a-t-il assuré. Au cas où ce plan serait rejeté par la direction de Südzucker, « c'est un pan entier de l'économie rurale qui disparaîtrait encore une fois », craint-il.

« À 15 jours des élections européennes, on ne peut pas être dans un bras de fer pareil avec notre allié allemand. Il faut que Bercy entre dans la bataille, et fermement », lance, juchée sur les palettes, Laurence Dumont, députée socialiste du Calvados, aux paysans de sa circonscription qu'elle est venue soutenir.

Le président du syndicat des betteraviers, Franck Sander, justement reçu dans la matinée au ministère de l'économie, par le délégué interministériel au redressement productif, a assuré que « Bercy est convaincu de nos projets ». « Nous sommes à la veille des élections européennes. Si demain, nous devons convaincre les agriculteurs d'attendre encore plus de l'Europe, il faut que la France et l'Allemagne assument leurs responsabilités et puissent nous prouver que l'axe franco-allemand est un axe très fort », a conclu Franck Sander.

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