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Transition agricole Les Chambres fustigent le manque de moyens pour accompagner la transition

Les Chambres d'agriculture dénoncent le manque de moyens accordés par le gouvernement face au défi colossal d'accompagnement des agriculteurs sur les systèmes d'exploitation

Lors de la conférence de rentrée du 31 août, les Chambres d’agriculture ont reconnu le rôle majeur qui leur incombe face au besoin d’accompagnement « massif » des exploitants pour assurer la transition du modèle agricole, tout en s’inquiétant du manque criant de moyens alloués par les pouvoirs publics.

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Malgré des volumes de production corrects sur l’ensemble de l’année, les Chambres d’agriculture s’inquiètent d’une extrême volatilité des cours, des impacts durables du changement climatique subis par le monde agricole ainsi que la baisse de la part du budget alimentaire des Français. Selon son président, Sébastien Windsor, les moyens mis à disposition par l’État pour accompagner la nécessaire transformation du secteur ne seraient pas à la hauteur des enjeux.

Une conjoncture économique difficile

« Il y a une décroissance très significative et qui s’accélère de la baisse de production, en particulier de la production laitière. C'est un signe majeur pour la ferme France d’un risque assez important et d’une dynamique sur les fermes d’élevage qui n’est plus là. Si on devait suivre la courbe de la production laitière, la France ne serait plus autonome et souveraine en termes de production laitière en 2027 », estime Sébastien Windsor.

Il évoque en outre la problématique de la forte volatilité des cours pour les grandes cultures, ainsi que des volumes de production corrects masquant de forts contrastes d’où le risque pour certains exploitants de ne pas être en mesure de couvrir leur prix de revient. Le blé accuse ainsi une baisse de 200 euros entre mai 2022 et avril 2023 tandis que la collecte de lait enregistre un repli de 4,7 %, contre 2,6 % en 2022.

Dégringolade du budget alimentaire

« Le taux d’inflation a fait grimper les coûts de la consommation alimentaire et entraîné de profonds changements dans les comportements d’achat. Depuis la guerre en Ukraine il y a une dégringolade du budget alimentaire des Français en baisse de 20 % », constate le président des Chambres d’agriculture.

Cette tendance s’explique par une descente en gamme des produits consommés, avec des impacts notables sur la filière de l’agriculture biologique et les produits AOC. Le monde agricole subit ainsi de plein fouet cet arbitrage effectué par les consommateurs sur les gammes de produits alimentaires. En mai 2023, les dépenses des Français pour le secteur alimentaire à domicile auraient chuté de 11 %, selon les données de l’Insee.

« Dès lors il faut se demander quelle doit être l’offre agricole dans ce contexte : elle ne peut pas être centrée sur le haut de gamme, car on ne peut pas tirer notre production à contresens des demandes des consommateurs », conclut Sébastien Windsor.

Un accompagnement colossal attendu sans allocation de moyens

Face à ce constat, les Chambres d’agriculture mettent l’accent sur leur rôle fondamental d’accompagnement des agriculteurs afin de conjuguer la maîtrise des coûts et l’adoption des bonnes pratiques tout en confrontant les objectifs gouvernementaux de la planification écologique à la réalité du terrain.

Parmi les leviers étudiés pour des chantiers concrets tels que l’autonomie protéique, l’administration envisage de privilégier les tourteaux de colza plutôt que des tourteaux de soja, utiliser des cultures dérobées pour l’alimentation des animaux, améliorer l’ensilage d’herbe avec plus de protéines, ou encore intégrer des légumineuses européennes dans la ration des animaux. Néanmoins ce plan nécessite d’accompagner une majorité d’agriculteurs pour mettre en place ces mesures et qu’elles soient économiquement viables. Selon les Chambres, cet effort d’accompagnement de grande ampleur serait comparable à celui consenti dans la France d’après-guerre.

« Avec la taxe sur le foncier non bâti qui augmente de 7,3 %, et un gouvernement qui accorde 220 millions d’euros pour les salles des fêtes des collectivités locales mais refuse aux Chambres la possibilité de récupérer les 22 millions correspondant à l’inflation pour l’agriculture, les moyens alloués à cette transformation sont complètement décalés par rapport à cette ambition », se désole Sébastien Windsor.

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