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Elle a consacré sa vie au service des concessions agricoles

Conseillère de la présidence, Anne Fradier quittera le Sedima le 25 juin 2025.

Entrée au Sedima il y a presque 40 ans, Anne Fradier a accompagné et conseillé des générations de distributeurs d’agroéquipements. À l’approche de la retraite, elle revient sur son parcours.

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De son adolescence dans une Meurthe-et-Moselle meurtrie par les fermetures d’usines, elle a gardé l’empathie pour ceux que la vie malmène et le sens de l’engagement. De ses parents, immigrés italiens, elle a conservé le courage, l’ardeur au travail et un éternel optimisme en l’avenir. Anne Fradier, figure historique du Sedima, où elle est rentrée en 1986, quittera le syndicat le 25 juin prochain, « fière d’avoir accompagné cette profession » pendant toutes ces années.

L’histoire démarre dans le sud de l’Italie dans les années 1950. Au pied de la Grande Botte, le boulot manque. La famille franchit les Alpes, l’espoir d’un avenir meilleur chevillé au corps. D’abord bûcheron en Haute-Savoie, le père participe à la construction du barrage de Roselend. « Ma mère était inquiète du nombre d’accidents sur le chantier », raconte Anne Fradier. Direction alors le grand Est et son bassin sidérurgique à la recherche de bras.

« Je voulais être assistante sociale »

C’est dans un petit village où coule la Moselle que la fratrie de cinq enfants grandit. Anne Fradier a trois grands frères. « Cela a certainement forgé mon caractère », sourit-elle. Sa région dessine sa scolarité. Elle voit des ouvriers, embauchés depuis leurs 14 ans, dont l’entreprise ferme du jour au lendemain, se retrouver complètement désorientés. Une violence indélébile : « À l’issue de mon Bac, je voulais être assistante sociale, avec l’idée d’être utile, d’aider ».

Anne Fradier s’oriente finalement vers le droit, des études qui « permettent aussi d’être au service des autres ». Elle décroche une maîtrise d’administration économique et sociale à Nancy. Son mémoire porte sur la formation continue, un sujet loin d’être à la mode à l’époque et qui imprégnera toute sa vie professionnelle.

L’envie de réussir

« J’étais une bûcheuse, je voulais y arriver. Mes parents ont quitté leur pays. Leur philosophie, c’était de compter sur soi-même pour y arriver, si la santé est là », résume-t-elle.

Après une première expérience peu épanouissante dans un établissement financier, elle prend la direction de la capitale pour y suivre son mari Dominique, ingénieur en cybernétique. Le couple réside dans une ville du Val-de-Marne, où elle habite toujours. Elle a certes déménagé une fois mais… dans la même rue. « Je fais le même trajet pour aller au travail depuis 40 ans. Cela étonne beaucoup mes enfants. Mais quand je suis bien quelque part, je reste ».

« J’ai découvert le monde agricole à Paris ! »

Elle atterrit au Sedima en 1986 après la lecture d’une petite annonce dans Le Figaro. Vite plongée dans le bain, elle fait office de « hotline pour les adhérents » sur toutes les questions de droit du travail. Travail le dimanche, salaires, payes, jours fériés, accidents… « L’effectif moyen d’une concession, c’était une dizaine de personnes à l’époque, autant dire sans service RH. Je suis rentrée directement dans leur quotidien. Finalement, j’ai découvert le monde agricole à Paris ! »

Si le machinisme se féminise tout doucement, c’était loin d’être le cas à ses débuts. « Cela ne m’a jamais posé problème. On a quand même eu une présidente au Sedima ! J’ai été à l’écoute des concessionnaires et me suis toujours intéressée à leur métier. Ils m’ont transmis leur passion. J’ai aussi fait beaucoup de formations pour expliquer et accompagner la mise en œuvre des accords conclus au niveau de la convention collective. Mon travail, ce n’était pas juste envoyer des articles ou des textes. C’était beaucoup d’échanges avec les distributeurs pendant les nombreuses réunions ou commissions. Des liens se créent et une confiance s’instaure ».

Un secteur en pleine mutation

Le Sedima d’alors possède sa propre imprimerie, communique au Télex… Le syndicat comptait également 1 300 adhérents à son arrivée contre 840, mais avec plus de salariés, aujourd’hui. Le symbole d’un secteur en pleine mutation : « Les structures deviennent plus capitalistiques. Mais il y a une chose qui ne changera pas, c’est la proximité et la réactivité du service. Dans l’automobile, c’est le garage qui fait le planning. Chez nos adhérents, c’est le client en fonction de l’urgence de la réparation ».

Au fil des années, Anne Fradier gravit les échelons, devenant secrétaire générale en 2013 : « J’ai souvent changé de travail sans changer d’employeur ! Et le bureau est renouvelé tous les quatre ans, il faut être agile et sans cesse s’adapter au contexte et à des personnalités différentes ».

« C’est le collectif qui compte »

Ce parcours et cette fidélité lui ont valu de recevoir début avril le Sedimaster, une récompense qui salue un engagement remarquable pour la filière. « C’est le collectif qui compte, tempère-t-elle avec modestie. Ce que je préfère, c’est mettre en avant le responsable de concession qui quitte son entreprise et vient travailler au Sedima bénévolement pour la profession plusieurs fois par an ».

Conseillère de la présidence depuis décembre 2024, elle reste pour accompagner jusqu’au bout le mandat en cours et faire quelques mois la transition avec le nouveau bureau. Les « Anne ? » des élus à la recherche d’un chiffre précis ou d’une réponse à une question épineuse ne résonneront plus lors des conférences de presse. « La relève est prête », assure-t-elle.

À la retraite, celle qui fêtera ses 64 ans en décembre ne fera « rien » pendant un an. Enfin, rien avec un programme bien chargé, la famille en province, les amis, un fils à l’étranger, une maison de campagne dans l’Aube, de la randonnée, du tennis, des expos, de la cuisine… « Des plaisirs simples », comme un hommage à ses racines et à une carrière tournée vers l’autre.

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