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UE-Mercosur : pour la Conf, un accord qui va à nouveau « liquider » les paysans

Manifestation du collectif Stop Ceta-Mercosur devant le ministère de l'Economie, le 13 novembre, à Paris

Aux côtés du collectif Stop Ceta-Mercosur, auquel elle participe, la Confédération paysanne a manifesté le 13 novembre devant le ministère de l’Economie, à Paris, pour dénoncer les conséquences agricoles de la signature d’un accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.

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Pour le syndicat, ces accords de libre-échange sont à l’origine « de la disparition des paysans et paysannes partout dans le monde », et celui actuellement en négociation avec le Mercosur ne fait pas exception. « Ça va faire venir en très grande quantité, à droits nuls ou très bas, de la viande bovine, de volaille, du sucre, de l’éthanol… d’Amérique du Sud, produits dans d’autres conditions à des prix très différents de ce que nous pouvons faire, et du coup ça nous liquide », dénonce Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne.

Le coût du travail plus bas, l’utilisation de produits ou méthodes interdits en Europe (comme certains produits phytosanitaires, antibiotiques de croissance…) participeront notamment à créer une concurrence déloyale vis-à-vis des produits européens, ce que dénoncent de concert les autres syndicats agricoles, FNSEA-JA en tête. Mais si la Confédération paysanne se satisfait d’une forme d’union de la profession agricole contre cet accord, les convergences s’arrêtent là.

« On n’est pas sur le même modèle agricole », explique la porte-parole du syndicat. « Depuis que l’agriculture est entrée dans l’OMC, il y a plus de 20 ans, le nombre d’agriculteurs a diminué dans le monde entier », dénonce-t-elle. La Confédération paysanne défend l’importation avec des règles justes, c’est-à-dire avec une protection tarifaire aux frontières. A la différence du syndicat majoritaire, « on est cohérent depuis toujours sur ce sujet », insiste Laurence Marandola.

Cesser le mandat de négociation

Le collectif Stop Ceta-Mercosur demande à la France l’arrêt du mandat de négociation, une promesse faite par le gouvernement pendant la crise agricole, mais qui ne s’est pas traduite dans les faits. En réalité, « les négociations n’ont jamais cessé », déplore le collectif.

Et le texte actuel ne changera pas. Car ce ne sont pas les quotas qui sont actuellement négociés, ce qui est discuté aujourd’hui, c’est « comment faire taire les critiques existantes », explique le collectif, qui a écrit le 12 novembre une lettre à Emmanuel Macron et à Michel Barnier afin qu’ils œuvrent à « construire une minorité de blocage » face à un accord dont les négociations se déroulent « dans la plus grande opacité ».

Face à la crise, le besoin de réformes structurelles

Si l’accent est mis cette semaine sur l’accord avec le Mercosur, les sujets de mécontentement de la Confédération paysanne sont multiples et seront mis en avant dans les jours à venir avec, par exemple, une mobilisation sur le sujet du foncier et de la rémunération. « Les raisons profondes des difficultés des agriculteurs sont toujours là, il n’y a pas eu de réformes structurelles », dénonce Laurence Marandola. Emmanuel Macron avait pourtant évoqué, au salon de l’agriculture, des « prix planchers », un concept assez proche du prix minimum défendu par la Confédération paysanne.

« On veut garder chaque paysan, chaque ferme dans toute sa diversité, d’où notre combat principal pour le revenu. On attend des prix minimums garantis, mais ce sera encore moins atteignable avec des accords de libre-échange », dénonce ainsi la porte-parole du syndicat.

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