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Blé dur La moucheture bientôt prévisible

La moucheture a une réelle incidence sur la qualité des blés durs commercialisés. Depuis 2007, Arvalis-Institut du végétal observe un taux de moucheture des blés durs français en augmentation notable, ce qui n’est pas sans pénaliser nos exportations, en particulier vers le Maghreb, très attentif à ce critère de qualité.

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Microdochium nivale sur épi de blé dur
est suspecté d'être le principal
responsable de la moucheture des blés
durs français.(© Terre-net Média)

Arvalis-Insitut a lancé un programme destiné à mieux appréhender les critères de développement de la moucheture du blé dur pour proposer à la filière un modèle de prévision des risques.

La moucheture entraîne en effet une dépréciation de la valeur marchande du blé via la présence de grains noirs dans la semoule et/ou la présence de piqûres sur les produits finis (pâtes ou couscous). « Il s’agit d’un critère particulièrement important pour les importateurs de blé dur du Maghreb où 68 % de la semoule est travaillée manuellement au sein des foyers », précisait Sophie Vallade d'Arvalis, à l’occasion de la 13e journée filière blé dur fin janvier.

Hausse du taux de moucheture

Le taux de moucheture, depuis 2007, est en forte augmentation (cf. graphique) et dépasse, certaines années, les demandes des acheteurs. Depuis avril 2009, une norme (NF EN ISO 15587) régit la quantification du taux de moucheture sur les lots et s’appuie sur une méthode d’évaluation visuelle.

Sauf qu’aujourd’hui, on sait peu de chose de la moucheture et des critères d’apparition de cette coloration. « Nous savons que la coloration résulte d’un brunissement enzymatique lié à l’oxydation de composés phénoliques », résume Sophie Vallade. Plusieurs hypothèses sont émises quant à l’apparition de cette coloration. Conséquence d’un mécanisme de défense des plantes ou apparition d’un déséquilibre physiologique précoce : les phénols participent à l’apparition de la moucheture, ils ne sont pas obligatoirement à l’origine de son déclenchement.

Facteurs de risque

Les facteurs de risque identifiés

  • Le climat : une hygrométrie importante (HR 80%) et une température moyenne de 17°C en fin de cycle de Microdochium spp. ou Alternaria vont accélérer leur développement ;
  • La variété : une sensibilité variétale existerait. Des travaux menés en Australie sur la cartographie génétique de céréales ont d’ailleurs mis en évidence un qtl de tolérance à la moucheture ;
  • Les pratiques culturales : l’irrigation serait un facteur de risque d’apparition de la moucheture, de même une fertilisation azotée tardive serait un facteur d’aggravation de la moucheture.
La filière a donc lancé un programme de recherches destiné à approfondir l’état des connaissances sur le déterminisme de la moucheture. Un travail de bibliographie a permis d’incriminer plusieurs facteurs. « Sur la base de ces informations et hypothèses, nous créons un modèle de cartographie du risque en validant et hiérarchisant ces facteurs », poursuit Sophie Vallade.

« De même, nous avons regardé l’influence du cumul de pluie. » Les données ont ainsi confirmé qu’une augmentation du cumul de pluie favorisait l’augmentation du taux de moucheture. Et des températures moyennes entre le 15 mai et la fin juin (floraison à fin remplissage) comprises entre 15 et 19°C favoriseraient l’évolution de la moucheture. Des essais ont également été menés sur l’influence de l’apport tardif d’azote en 2008 et 2009. Les résultats montrent d’une part, que l’apport tardif favoriserait l’apparition de la moucheture mais pas de façon systématique et d’autre part, qu’une végétation plus verte pourrait également favoriser le développement des champignons et de la moucheture. En 2010, une nouvelle série d’essais confirme ces deux hypothèses.

Hiérarchisation des critères

Une première hiérarchisation des critères a vu le jour :

À partir de ces informations, une première ébauche de modèle linéaire a vu le jour en 2007. Elle tient compte de plusieurs facteurs :

« L’ensemble de ces facteurs explique entre 54 et 60 % du taux de moucheture », note Sophie Vallade. « Cette prévision permet de réaliser des cartes à partir de données climatiques fréquentielles et annuelles. » Aujourd’hui, les travaux portent sur la prise en compte de l’humidité relative plutôt que la pluie, l’intégration de périodes climatiques et des stades du blé. Les techniques culturales restent à approfondir. « Les conditions climatiques favorables à la moucheture font penser aux conditions de développement de Microdochium spp.. Nous cherchons à quantifier la flore pour mieux connaître la biologie de Microdochium et sa relation avec la moucheture, mais aussi pour mettre en évidence la présence d’autres champignons potentiellement responsables. » 


Graphique : Taux de moucheture du blé dur français
(© Enquêtes FranceAgriMer / Arvalis – Institut du végétal)

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