Les amidonniers s’inquiètent du repli de leur activité
Dans un contexte peu porteur, entre consommation en berne, règlementation française contraignante et coûts de production élevés, l’amidonnerie française a connu un recul de son chiffre d’affaires en 2024. L’achat de matière première agricole destiné à cette activité a, par conséquent, également diminué l’année passée.
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Avec 3,1 milliards d’euros de chiffres d’affaires, soit 21 % de moins qu’en 2023, « ce ne sont pas les meilleurs chiffres qu’on ait pu présenter », concède Mariane Flamary, déléguée générale de l’Usipa, le 25 septembre. Le syndicat, représentant les amidonniers et féculiers français, alerte sur le recul de l’activité du secteur qui souffre d’une baisse de la consommation, mais également d’un « environnement réglementaire d’une complexité administrative comme seule la France peut créer », explique Mariane Flamary.
Les impôts de production restent, à 3,8 % du PIB, les plus élevés d’Europe. Ainsi, si l’amidonnerie française réalise 71 % de son chiffre d’affaires à l’export, ce montant est en retrait de 18 % par rapport à 2023. Globalement, les usines ont connu une baisse d’activité et n’ont pas fonctionné à plein régime, confirme Marie-Laure Empinet, présidente de l’Usipa.
Les achats de matières premières agricoles en baisse
Ce recul de l’activité se ressent directement sur les achats de matières premières agricoles, qui représentent 65 à 75 % des coûts de production des amidonniers, et qui diminuent ainsi de 4 % par rapport à 2023. L’amidonnerie a ainsi acheté 5 Mt l’année passée – contre 5,2 un an auparavant – soit 2,7 Mt de blé, 1,6 Mt de maïs et 600 000 tonnes de pommes de terre. Des matières premières issues à 98 % de champs français, la part d’importation concernant le maïs, dont la disponibilité n’est pas toujours assurée en France.
Concernant également le sujet de la disponibilité, l’Usipa alerte par ailleurs sur la qualité sanitaire des grains, car avec le réchauffement climatique, et la réduction des molécules autorisées à disposition des agriculteurs, certaines mycotoxines reviennent. Ce fut le cas, récemment, sur le maïs, entraînant une concentration plus élevée des mycotoxines dans les coproduits destinés à l’alimentation animale. Or, Bruxelles envisage actuellement de durcir les normes en abaissant les taux de mycotoxines autorisés pour la nutrition animale. Une situation qui va demander davantage de contrôles qualité, « mais donc des taux de refus plus importants » de la matière première agricole, explique Marie-Laure Empinet.
Protéger le marché européen
Face à sa baisse de compétitivité, le secteur appelle à plusieurs mesures, comme l’arrêt des surrèglementations. À titre d’exemple, la réutilisation des eaux usées traitées reste interdite en France, mais autorisée dans d’autres pays européens. Ce point est d’autant plus important qu’en l’absence de valorisation par le marché, les surcoûts liés aux investissements dans la décarbonation vont être de plus en plus difficiles à absorber.
L’Usipa appelle également à « mieux défendre les intérêts de la production agroalimentaire française dans les accords de libre-échange », face à « l’effet cumulatif de l’ouverture du marché européen et du renchérissement des coûts de production au sein de l’UE », explique Mariane Flamary. L’accord UE-Mercosur faciliterait l’accès du Brésil, gros producteur, au marché européen, mais d’autres projets d’accord inquiètent également, comme avec la Thaïlande, ou avec l’Indonésie. « Il devient difficile de ne pas jouer avec les mêmes règles », déplore Mariane Flamary.
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