Alimentation Améliorer la restauration scolaire dans le monde
La France réunit pour la première fois mercredi et jeudi la Coalition mondiale pour l'alimentation scolaire, dont l'objectif est que tous les enfants scolarisés de la planète aient d'ici à 2030 accès aux repas « nécessaires pour bien apprendre et bien grandir ». (Article mis à jour à 12h11)
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Cette conférence rassemble à Paris délégations diplomatiques, ONG et scientifiques autour de la thématique du mieux manger à l'école, sous l'égide du Programme alimentaire mondiale (PAM). Le président Emmanuel Macron, qui devait ouvrir l'événement avec la présidente du Honduras Xiomara Castro, a finalement annulé sa venue à la dernière minute « retenu par la situation internationale », tout comme la ministre des affaires étrangères Catherine Colonna, a expliqué Chrysoula Zacharopoulou, la secrétaire d'État chargée du développement et de la francophonie, qui les a remplacés et a lu le discours du président.
« L'alimentation scolaire n'est pas une dépense, c'est le meilleur des investissements », selon ce discours dont les premiers mots sont allés à la mémoire des enseignants Dominique Bernard, tué à Arras (Pas-de-Calais) vendredi, et Samuel Paty, tué trois ans plus tôt : « le terrorisme a (...) ciblé ce qu'il tient, à raison, pour son grand adversaire : l'école, vivier de nos valeurs républicaines ». « L'école est un sanctuaire », « les repas à l'école c'est l'apprentissage de la vie en société », selon ce discours présidentiel.
Le sujet est loin d'être secondaire, plaident les organisateurs qui soulignent que l'alimentation scolaire permet de répondre aux enjeux d'accès à l'éducation, notamment d'égalité entre les filles et les garçons, aux enjeux d'emplois, en offrant des débouchés aux filières agricoles locales et aux enjeux de développement durable, avec la promotion du bio, des circuits courts et la lutte contre le gaspillage.
« Les 12 premières années de la vie d'un enfant sont d'une importance capitale pour son développement, notamment en ce qui concerne son comportement alimentaire. C'est au début de cette période que se mettent en place les bases des préférences alimentaires et des habitudes de consommation : des années cruciales pour l'établissement des pratiques alimentaires futures », appuie l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), membre de la Coalition.
La réunion, qui dure jusqu'à jeudi, est l'occasion de faire le point sur cette coalition, lancée en 2021 par le PAM avec le soutien de la France et de la Finlande, dans le sillage de la pandémie de Covid-19 qui avait vu de nombreux enfants privés de repas scolaire avec les fermetures d'écoles.
418 millions d'enfants bénéficient de repas scolaires
« Ce sont aujourd'hui 30 millions d'enfants supplémentaires qui bénéficient de repas scolaires par rapport au niveau pré-pandémie, soit 418 millions d'enfants au total », salue l'organisation. « De même, la part du financement public de l'alimentation scolaire dans les pays à faible revenu a augmenté, passant d'environ 30 % en 2020 à 45 % en 2022, et ce malgré un resserrement de l'espace budgétaire sous l'effet des crises multiples », poursuit-elle.
« Si la pandémie a reflué, le contexte international reste très compliqué. Les prix des denrées alimentaires depuis la guerre en Ukraine ont fait grimper l'insécurité alimentaire. (...) Notre mobilisation reste plus que jamais nécessaire », selon le discours du président français.
La Coalition mondiale pour l'alimentation, qui regroupe actuellement 90 Etats-membres, ainsi que l'Union européenne et l'Union africaine, une centaine d'institutions scientifiques, fondations, organisations non gouvernementales, municipalités ou agences des Nations Unies, devrait également au cours des deux prochains jours annoncer de nouveaux membres.
En France, où huit millions de repas sont servis chaque jour dans les cantines scolaires, la loi Egalim vise au moins 20 % de bio et l'instauration d'un menu végétarien chaque semaine à la cantine. Le pays expérimente actuellement la mise à disposition d'une option végétarienne quotidienne quand cela est possible.
Il souhaite également que les cantines des administrations et entreprises, qui servent plus de sept millions de repas par jour « puissent participer à une grande initiative de "paniers-repas antigaspi", qui seraient rendus accessibles à tous pour moins de deux euros sur des plateformes grand public ».
La France présentera aussi son dispositif de repas à 1 euro lancé en 2020, qui a bénéficié à 180 000 enfants l'an dernier, selon les chiffres du gouvernement, qui souhaite l'étendre et le faire monter en qualité, ainsi que son programme de petits-déjeuners gratuits à l'école dans les quartiers défavorisés, qui a bénéficié à ce jour à 250 000 enfants et qui devrait être pérennisé et étendu outre-mer.
Elle rappellera aussi les engagements financiers français à l'international en matière d'alimentation scolaire : 28 millions d'euros en 2022 à travers des projets mis en œuvre par le PAM ainsi que le financement du secrétariat de la Coalition (3,5 millions d'euros depuis sa création en 2021).
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