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Municipales 2014 / Tribune Vanik Berberian, président de l'Amrf : « Changer de regard sur le monde rural »

Dans les communes rurales, l’agriculture reste l’une des chevilles ouvrières de l’action politique des maires. L’évolution démographique plus rapide qu’en zone urbaine crée de nouveaux enjeux de développement… Mais les moyens pour les assumer sont insuffisants. Une tribune extraite de Terre-net Magazine n°34.

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Pour Vanik Berberian, président de l’Association des maires ruraux de France : « Il faut s’appuyer sur les communes et non les affaiblir. » (©Amrf)
« Les maires ruraux aspirent à ce que les élections de mars soient l’occasion de mettre l’enjeu du développement du monde rural au cœur de la décision publique. 

Sans ministère en compétence propre, à la différence de l’urbain qui a son ministère de la Ville, les espaces ruraux et leurs habitants souffrent d’un manque de considération des pouvoirs publics. Soit les sujets ne sont pas traités à la mesure de l’enjeu (médecine, économie, transports, numérique, services publics, téléphonie…) ; soit les réponses apportées le sont après celles pour la ville (zones de revitalisation rurale, dotation de solidarité rurale, pôles d’excellence ruraux…) ; pire, l’Etat oublie les difficultés propres aux collectivités rurales (rythmes scolaires, normes inadaptées…) dont il est souvent à l’origine. 

Il est temps de changer de regard. D’abord en observant le flux de population qui revient dans le monde rural : désormais, la croissance démographique est plus élevée, en pourcentage, dans l’espace rural qu’en ville. Ensuite, en répondant à la demande de plus en plus forte de services publics ou d’entreprises. 

Le plus grand exercice démocratique

Les maires ruraux sont peu aidés (absence d’un statut de l’élu), voire "déshabillés" de leur pouvoir (tentation de transférer les compétences aux outils intercommunaux, réduction des dotations…). L’heure est à la mobilisation des acteurs ruraux pour que le monde rural soit mieux pris en compte et pour que les enjeux deviennent nationaux et ne soient pas secondaires comme aujourd’hui. 

Il y a donc un double enjeu : respecter la vie démocratique et permettre aux territoires d’agir pour leur développement. L’élection des 550.000 conseillers municipaux est avec la présidentielle, le rendez-vous le plus attendu des citoyens. On l’oublie souvent mais en  zone rurale, la participation aux élections municipales est de 10 points supérieure à celle observée en ville.

Ces élus vont six ans durant donner de leur temps, de leur sens de l’intérêt général au service des 66 millions d’habitants de notre pays. L’enjeu est majeur et doit être respecté. Il faut pour cela s’appuyer sur les communes et non les affaiblir, les aider dans leur rôle déterminant de cellule de base de la démocratie aux côtés des Départements et des Régions. Pour cela, pas besoin de concentrer les responsabilités au niveau de super agglomérations éloignées des communes où vit une partie désormais importante de la population. Les maires sont les élus les plus appréciés des Français. Il ne sert à rien de tenter de réduire leur pouvoir mais il faut plutôt leur permettre d’assurer une mission complexe et prenante.

L’Etat oublie les difficultés propres aux collectivités rurales

Pour satisfaire les besoins de services et de proximité, nous devons rechercher les solutions d’une mutualisation intelligente, c’est-à-dire dépourvue du seul souci de concentration. Au contraire, chaque habitant, quelle que soit sa commune, doit pouvoir bénéficier de la même qualité de service dispensé par l’intercommunalité. Les services publics sont au cœur de cet enjeu et nous attendons que les Maisons de services publics répondent rapidement aux demandes croissantes de la population. Par exemple, l’Etat doit en financer à la fois la création et le fonctionnement avec une implication forte de ses établissements.

Pouvoir agir

Aujourd’hui, les communes ont sur le papier toutes les compétences mais de plus en plus de difficultés à les assumer du fait de la baisse du concours de l’Etat, indifférenciée entre villes et campagnes. Pour contourner l’obstacle et accélérer le développement, le monde rural doit être accompagné par la mise à disposition d’une ingénierie plus nombreuse et déjà largement présente dans les villes. 

Tous les maires le disent, c’est démarrer qui est le plus difficile, pouvoir répondre aux appels à projets et lancer des démarches. Les élus ne peuvent pas tout et il est nécessaire de mieux répartir compétences, forces vives et finances. C’est aussi une manière de faire enfin de l’aménagement du territoire. 

Chacun comprend la nécessité de réduire la consommation de l’espace. L’Association des maires ruraux de France (Amrf) discute nationalement avec l’ensemble des acteurs pour aider les maires à mieux résister à la pression et à être responsables de l’aménagement de leur territoire dans le respect des schémas de cohérence territoriale (Scot). 

La tentative de l’Etat de déposséder les maires de la compétence en urbanisme est inacceptable parce qu’elle laisse entendre d’une part, que les maires seraient irresponsables et d’autre part, que le problème serait mieux géré s’il l’était loin de la réalité des territoires. Deux approches aussi scandaleuses qu’inopportunes. 

Il s’agit pour tous les acteurs du monde rural de convaincre les entreprises et les pouvoirs publics d’accompagner les élus afin d’enclencher le développement de territoires, qui contribuent fortement à la richesse nationale. C’est ce à quoi les 36.000 maires s’attacheront dès mars prochain avec l’Amrf à leurs côtés. »

Lire Terre-net Magazine n°34 en ligne ICI. (©Fotolia, Terre-net Média/Création Terre-net Média)

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