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Mortalité des abeilles La recherche mobilisée

Le taux de mortalité des abeilles inquiète. Les recherches pour tenter d'en comprendre les causes sont nombreuses. L’Inra rapporte les résultats des travaux menés jusqu'en 2014 par l’ensemble de ses unités dans un dossier intitulé "Les chercheurs volent au secours des abeilles". L'Anses de son côté a organisé en fin d'année dernière une journée d’échanges sur le thème "Santé des abeilles : la surveillance aujourd'hui, les perspectives pour demain".

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La mortalité hivernale dans les ruches inquiète : entre 20 et 30 % en France, autour de 40 % pour la Belgique et la Suède. Exposition aux produits phytos, pathogènes, prédateurs invasifs, et plus sûrement la synergie entre ces trois facteurs, ne ménagent pas les abeilles. L’uniformisation des paysages agricoles est également un facteur du déclin des abeilles car elle les prive d’une alimentation constante, accessible et variée. Or, 35 % de ce que nous mangeons dépend directement du travail des butineuses. D’après l’Inra, 84 % des espèces cultivées en Europe dépendent de la pollinisation par les insectes. Elle permet d’augmenter les rendements et d’améliorer la qualité des récoltes. En 2009, l’Inra Paca a estimé la valeur du service « pollinisation » au niveau mondial à 153 milliards d’euros et 2,8 milliards d’euros pour la France. 

Le projet Epilobee, cofinancé par la Commission européenne et piloté par le laboratoire de l’Anses de Sophia-Antipolis, est dédié à la surveillance de la mortalité des abeilles dans 17 Etats membres. Le premier volet du projet a permis de collecter un grand nombre de données qui vont être analysées afin d’identifier les liens statistiques entre la mortalité des colonies et d’autres paramètres (maladies, environnement des ruchers, produits vétérinaires...). Ces résultats permettront de proposer des travaux de recherche et de surveillance couvrant au mieux l’ensemble des facteurs de stress agissant sur la santé des abeilles. En parallèle, la Direction générale de l’alimentation (Dgal) propose la surveillance des mortalités aiguës des abeilles pour améliorer la détection des causes de celles-ci.

Prédateurs redoutables

Il existe une trentaine de pathogènes, prédateurs et parasites qui s’attaquent aux ruches. Le danger vient surtout de ceux d'origine lointaine qui trouvent en Europe un milieu riche en nourriture et pauvre en ennemis naturels. C’est le cas notamment des frelons à pattes jaunes répertorié sur la liste des dangers sanitaires pour les abeilles depuis 2012. L’Inra de Bordeaux a mis au point une application mobile permettant de signaler l'observation du frelon. Ce projet participatif a pour objectif de déterminer les zones préférées du frelon, ses lieux de nidification et ses habitudes, pour mieux le combattre.

Les produits phytosanitaires sont régulièrement mis en cause dans le déclin des abeilles. À faible dose, sans aller jusqu'à la mort, ils peuvent compromettre la survie de la colonie. Certains effets ont été reconnus : altération de la communication, décoordination dans le battement des ailes, moindre capacité à maintenir leur température corporelle constante, anomalies dans le développement larvaire, dommages sur les antennes…

Si deux facteurs de stress peuvent avoir séparément un effet limité sur la colonie, le plus grand défi des chercheurs consistent aujourd'hui à comprendre comment les interactions entre divers facteurs peuvent mettre en péril les abeilles.

En tentant d’établir un lien entre la surmortalité des colonies et le milieu dans lequel elles vivent, les chercheurs de l’Inra et l’Anses souhaitent remettre l’écologie de l’abeille au cœur du débat. 

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