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Crise agricole La Commission européenne débloque 500 millions d'euros d'aide d'urgence

Bruxelles, 7 sept 2015 (AFP) - La Commission européenne a annoncé lundi qu'elle débloquait 500 millions d'euros d'aide d'urgence pour les agriculteurs, notamment les producteurs laitiers, lors d'un conseil ministériel extraordinaire de l'UE convoqué à Bruxelles pour répondre à la crise que traverse le monde agricole.

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« La Commission va proposer que la partie la plus significative de ce paquet soit fournie à tous les Etats membres sous forme d'enveloppes pour soutenir le secteur laitier », a précisé l'exécutif bruxellois dans un communiqué. La Commission souhaite que ces fonds soient distribués de manière ciblée et équitable, « avec un égard particulier pour les Etats membres dont les agriculteurs ont été le plus touchés par les évolutions du marché », selon le communiqué.

L'objectif est de répondre aux difficultés de trésorerie des agriculteurs, stabiliser les marchés et s'attaquer au fonctionnement de la chaîne de production. La Commission met ainsi l'accent notamment sur l'aide au stockage privé, un mécanisme qui lui permet de ne pas agir directement sur les marchés, ce qui correspond à son approche libérale de la Politique agricole commune (Pac).  Outre un fonctionnement amélioré pour le stockage de lait écrémé en poudre, la Commission veut mettre en place un nouveau programme pour l'aide au stockage privé de viande de porc.

La Commission va également intensifier la promotion de ses produits du terroir à l'exportation, en augmentant le budget dédié en 2016, en plus des 81 millions d'euros déjà prévus. S'appuyant sur deux accords commerciaux récents avec le Canada et le Vietnam, l'UE entend par ailleurs s'atteler à de nouveaux accords bilatéraux, soulignant que des négociations sont en cours avec le Japon et les Etats-Unis.

Un soutien à l'exportation était souhaité par les agriculteurs comme par l'Allemagne et son ministre Christian Schmidt, qui voit encore « trop d'obstacles, de barrières, et de bureaucratie ». Fidèle à une approche libérale de la Politique agricole commune (Pac), Jyrki Katainen, vice-président chargé de l'Investissement, qui présentait les mesures lundi après-midi en lieu et place de son confrère chargé de l'Agriculture, souffrant, a écarté l'idée de relever le prix d'intervention. « Cela pèserait sur la compétitivité de l'Union pour les 10 % (ou plus) de la production laitière qui doivent être exportés », a-t-il souligné, précisant que cela ne jouerait de toute façon pas en faveur d'un retour à l'équilibre. La mesure était pourtant réclamée par certains pays, comme la France, l'Espagne, l'Italie et le Portugal, et par certains producteurs.

« Le lait est payé moins cher qu'il nous coûte à produire, il nous faudrait un prix de base de 350 à 400 euros (pour 1.000 litres) alors qu'on est payé 280 euros actuellement », déplorait ainsi un producteur laitier français présent à la manifestation bruxelloise. Actuellement, le mécanisme de soutien se déclenche au prix d'un peu plus de 21 centimes le kilo de lait en poudre. Il a été activé au cours de l'été dans plusieurs pays, notamment la Lituanie et la Finlande, voisins de la Russie et particulièrement touchés par l'effondrement des marchés. Il s'agit d'un subtil équilibre : une hausse trop significative de l'aide aux producteurs laitiers pourrait créer un effet d'aubaine et, surtout, ne réglerait pas le problème de surproduction.

Agriculteurs en colère

Confrontée à un effondrement des prix sur le marché du lait, l'Europe cherche des solutions au cours de cette réunion exceptionnelle, demandée par la France, sans revenir à son précédent interventionnisme duquel elle a tourné la page avec la fin des quotas laitiers en mars.

Des centaines de tracteurs d'agriculteurs en colère, en provenance de toute l'Europe, bloquaient depuis le début de la matinée le quartier européen de la capitale belge, au son des pétards, des klaxons et des sirènes. La police, qui avait vivement déconseillé aux automobilistes de se rendre à Bruxelles, a comptabilisé 1.455 tracteurs et quelque 7.000 agriculteurs, producteurs de lait ou de viande principalement, réunis à l'appel des syndicats agricoles.

Au rond-point Schumann, épicentre de la manifestation, des cordons de policier en tenue antiémeute, plantés derrière des barbelés, ont barré tout accès aux bâtiments européens pendant des heures, subissant des jets d'œufs, de bouteilles en verre et autres projectiles.

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