FranceAgriMer relève (un peu) l’objectif d’exports de céréales françaises 24/25
La campagne 2024/25 restera l’une des plus moroses en matière d’exportations de céréales françaises, mais FranceAgriMer note quelques améliorations et revoit ses prévisions à la hausse, dans un contexte mondial toujours instable.
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Une once d’optimisme pour les exports de céréales françaises : FranceAgriMer vient de revoir à la hausse ses prévisions pour cette campagne d’exportations 2024/25, qui restera tout de même l’une des plus faibles enregistrées ces vingt dernières années.
En blé tendre, l’estimation est remontée de 100 000 t vers les pays tiers et de 127 000 t vers les pays de l’UE, ce qui porterait le total exporté sur la campagne à 3,2 Mt pour les pays tiers (- 69 % par rapport à 2023/24 !) et 6,6 Mt pour l’UE (+ 4 %).
Pourquoi ces hausses ? Parce que « ça bouge un peu, on retrouve des exportations dynamiques, notamment vers le Royaume-Uni, et avec potentiellement le retour de l’Égypte sur le marché français alors qu’elle n’était pas présente depuis le début de la campagne », pointe Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur les céréales, lors d’un point presse.
Au mois de mars, les exports de blé tendre français avaient grimpé de 72 % par rapport à février, portés par des achats importants du Maroc (319 000 t), de la Belgique (277 000 t) et des Pays-Bas (178 000 t).
Pour les orges, FranceAgriMer remonte sa prévision de 50 000 t vers l’UE « grâce à des livraisons en hausse vers la Belgique et le Portugal » et de 36 000 t vers les pays tiers. Par rapport à la campagne précédente, nos exports d’orges baisseraient de 6 % vers l’UE (à 2,8 Mt) et de 40 % vers les pays tiers (à 2,3 Mt).
Baisse de la demande chinoise en orges
Ce repli de 40 % vers les pays tiers se traduit aussi dans les exports réalisés à neuf mois de campagne, surtout « en lien avec la baisse de la demande chinoise » : entre début juillet 2024 et fin mars 2025, l’Empire du milieu n’avait importé que 600 000 t d’orges françaises, soit 78 % de moins qu’un an plus tôt sur la même période.
Notons toutefois le regain d’intérêt côté Maroc, dont les achats d’orges françaises atteignaient quasiment 339 000 t à neuf mois de campagne contre seulement 44 000 t sur l’ensemble de 2023/24.
Quant au maïs grain, FranceAgriMer porte désormais à 4,1 Mt les exports français vers les pays de l’UE, destination principale, soit une hausse de 12 % par rapport à la campagne 2023/24 et de 86 000 t par rapport à l’estimation d’avril, liée à la demande espagnole et portugaise.
Incidence de la politique tarifaire des États-Unis
Au-delà de ces prévisions, « le marché reste très évolutif et il y a toujours un peu de géopolitique par-dessus, commente Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé "grandes cultures" de FranceAgriMer. Même si tout le monde a l’air de prendre beaucoup de recul par rapport à ça, la politique tarifaire des États-Unis et les déclarations de Trump peuvent avoir des incidences » sur les échanges céréaliers.
Sur ce sujet, « on est dans le flou total », note Julie Garet, cheffe de l’unité Grains et sucre. Pour l’heure, la guerre commerciale sino-américaine est en pause et les droits de douane US sur les importations chinoises sont passés de 145 à 30 %, mais « on ne sait pas ce qu’il va advenir de cette politique tarifaire. (…) Cela va forcément impacter les marchés, mais à ce stade, on ne sait pas du tout comment ».
Autre point d’incertitude : les marchés à l’export. Alors que la moisson 2025 approche et se présente sous de meilleurs auspices qu’en 2024, la France pourra-t-elle exporter autant que par le passé ? « Nos pays de destination habituels, parmi lesquels l’Algérie et la Chine, ont été fortement remis en question sur la campagne 2024/25. Est-ce que les marchés pourront de nouveau être activés, ou faudra-t-il trouver d’autres marchés ? », interroge Julie Garet.
La Chine semble être récemment revenue aux achats en orge et en blé, plusieurs de ses grandes régions agricoles faisant face à une sécheresse prolongée. Et si cela réveillait l’appétit chinois pour les céréales françaises dans les mois qui viennent ?
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