« Éviter le naufrage » : en France, les grandes cultures appellent à l'aide
Les producteurs français de blé, maïs, colza ou betteraves, largement regroupés dans des associations spécialisées du syndicat FNSEA, appellent à un soutien rapide et massif au niveau national comme européen pour « éviter le naufrage » d'un secteur agricole majeur en Europe.
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Reçus lundi soir par la ministre de l'agriculture, les représentants des différentes productions en grandes cultures affirment mercredi dans un communiqué avoir obtenu l'engagement d'Annie Genevard de porter leurs demandes concernant « l'activation de la réserve de crise européenne », « la mise en place d'aides ciblées » et enfin « l'exclusion des engrais du mécanisme MACF », mécanisme d'ajustement carbone aux frontières.
Ce mécanisme, qui vise à verdir les importations européennes et éviter la concurrence déloyale d'entreprises soumises à des normes environnementales moins strictes que dans l'Union européenne, concerne acier, aluminium, ciment, électricité, hydrogène et engrais. Les agriculteurs français et européens redoutent particulièrement l'impact que pourrait avoir cette taxe carbone, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier sur l'augmentation des prix des engrais.
Au 1er janvier 2026, une taxe européenne va faire exploser le prix des engrais et mettre nos grandes cultures à genoux.
— La FNSEA (@FNSEA) December 3, 2025
Le 18 décembre, à Bruxelles, nous irons dire une chose simple : stop.
Suspendre cette taxe, c’est sauver nos exploitations. ⤵️ pic.twitter.com/SLSbM78RI9
« Sans suspension immédiate par la Commission européenne, la taxe fera exploser le coût des fertilisants, avec un impact estimé à 500 millions d'euros pour les grandes cultures », affirment les associations de producteurs. Ce MACF s'ajouterait en outre à la taxation progressive visant spécifiquement les engrais azotés russes entrée en vigueur en juillet, allant de 45 euros la tonne en 2025-26 à 95 euros la tonne en 2027-28.
Cette année, la balance commerciale alimentaire française pourrait se solder par un déficit, ce qui serait une première en près de 50 ans pour la France, qui reste la première puissance agricole européenne et la première bénéficiaire de la Pac. « Pour la troisième année consécutive, les exploitations spécialisées en céréales et oléagineux (colza, tournesol) enregistrent un revenu agricole courant avant impôt par actif négatif », alertent les producteurs.
Ils ont notamment fait face à une envolée des coûts de production liée à l'invasion de l'Ukraine en 2022-2023, une récolte catastrophique de blé en 2024 et une baisse des prix des céréales et des pommes de terre en 2025. Ils estiment que les trésoreries des exploitations, « déjà exsangues, ne pourront encaisser le choc : il n'existe plus aucun amortisseur ! » « Sans décision rapide, les arrêts de production en grandes cultures seront inévitables et la perte de capacité agricole pour le pays, irréversible », affirment-ils.
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