Au Space 2015 Les producteurs de volaille veulent une revalorisation pour pouvoir investir
Rennes, 17 sept 2015 (AFP) - Le secteur de la viande de volaille, qui ne connaît pas la crise des filières bovines et porcines, demande cependant une revalorisation de ses prix pour investir et ainsi répondre aux enjeux de demain : la reconquête du marché intérieur et l'installation de jeunes éleveurs.
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Alors que les prix de vente de la viande bovine et porcine ne permettent plus aux éleveurs de couvrir leurs coûts de production, pour la volaille « c'est insuffisant, mais pas dramatique », déclare le directeur de la confédération française de l'aviculture (Cfa), Christian Marinov, lors du salon des productions animales (Space) à Rennes. Insuffisant, car les prix ne permettent pas de réaliser les investissements indispensables pour rénover un parc de bâtiments dont l'âge moyen est de plus de 20 ans et surtout pour inciter des jeunes à s'installer car les revenus « sont trop justes pour ceux qui veulent y aller», souligne Christian Marinov.
« Depuis trois ans, nous nous sommes rendus compte qu'on avait besoin de renouveler les éleveurs », explique Bernard Tauzia, éleveur de poulets labellisés dans les Landes. C'est donc le groupement de producteurs qui a choisi de donner des aides à l'installation, en plus des aides institutionnelles, et cette année « 23 nouveaux producteurs se sont installés ». « Les investissements sont très importants et les premières années sont difficiles. J'ai connu ça », assure-t-il.
« Les éleveurs comme moi, qui sont en régime de croisière, on s'en sort parce qu'on a fini de rembourser nos emprunts », témoigne Christophe Labour, éleveur de poulets standard , installé depuis 23 ans en Loire-Atlantique. « Mais on a quand même besoin de renouveler et d'améliorer le matériel. J'ai prévu d'équiper trois de mes bâtiments d'échangeurs de chaleur. Mais comme c'est un investissement de 15.000 euros, je vais en faire un à l'automne et attendre pour les deux autres. Si le niveau de marge était suffisant, j'aurais pu le faire plus vite », raconte-t-il.
"On a perdu pied"
L'enjeu est pourtant important dans une profession où l'âge moyen est d'un peu moins de 50 ans, et alors que la filière a laissé filer le marché intérieur du poulet standard dont se sont emparés les concurrents d'Europe du nord. Aujourd'hui 45 % du poulet mangé en France est importé. Cette qualité standard se retrouve dans les premiers prix du supermarché, les produits cuisinés et la volaille servie en restauration (collective et commerciale), qui est elle importée à 80 %.
« En 10 ans, la production de volaille a chuté de 500.000 tonnes en France, passant de 2,3 à 1,8 million de tonnes », explique Christian Marinov. Or, la production de volailles de qualité (bio, certifiées, labels) est restée stable, mais « sur le poulet standard on a perdu pied, or c'est un marché en hausse de 2 % par an », déplore le directeur de la Cfa, citant des chiffres de l'institut FranceAgriMer. Les importations de volaille ont elles augmenté d'environ 15 % entre 2010 et 2014, selon des chiffres du ministère de l'Agriculture.
Pour le président de la confédération, Jean-Michel Schaeffer, « il nous faut un vrai plan stratégique pour réorganiser la compétitivité de la filière, et construire l'élevage de demain ». Pour cela, « les producteurs ont impérativement besoin d'une augmentation des prix à la production de 5 centimes d'euro le kilo vif de volaille », clame-t-il. Les cuisses de poulet (qualité standard) s'échangent entre 1,40 et 1,80 euro. Un effort demandé aux industriels, mais au service « d'un objectif commun, la reconquête du marché intérieur. Pour une fois que l'ensemble des maillons de la filière partagent quelque chose, il ne faut pas qu'on le gâche », estime Jean-Michel Schaeffer. Car selon lui, tout est à repenser afin d'établir de nouveaux schémas de production pour cette viande standard qui doit être plus lourde car elle est vendue découpée : la nutrition des poulets, l'adaptation de la souche de l'animal, les bâtiments, mais aussi les types d'abattoirs. Pour faciliter ces investissements, la Cfa demande au gouvernement de conforter le programme d'aide à l'investissement pour l'élevage et appelle à la création d'un fonds de garantie.
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