Météo L'agriculture souffre plus des pluies record que du froid
Dans les champs, le froid qui saisit actuellement la France ne nuit pas aux cultures d'hiver déjà bien implantées, mais « la peine s'ajoute à la peine » dans les régions inondées où des centaines d'hectares ne pourront être récoltés, estime la FNSEA. (Article mis à jour à 17h30)
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« Un coup de froid le 10 janvier, ce n'est pas ce qui nous inquiète : c'est la période normale de repos végétatif des cultures. Là où on est le plus inquiet, c'est pour les sinistrés du Pas-de-Calais », a déclaré mardi à l'AFP Hervé Lapie, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
Environ 2 500 ha de betteraves à arracher
Après un début d'hiver doux, le froid s'accentue en France mardi avec de la neige et des températures négatives, se conjuguant avec des risques de crues dans le Nord et le Pas-de-Calais, qui restent le principal problème pour les agriculteurs.
« Dans le Pas-de-Calais, on a encore en terre des betteraves, des pommes de terre et de la chicorée. Aujourd'hui ce sont des surfaces qui ne sont plus récoltables », estime M. Lapie. La CGB des Hauts-de-France évalue à environ 2 500 ha les surfaces de betteraves sucrières restant à arracher dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, indique son directeur, Emmanuel Pigeon.
Si le gel peut favoriser une stabilisation des sols permettant de faire passer les machines dans les champs, « il faut espérer un temps sec pour les trois dernières semaines de campagne, afin que les terres, même les plus humides, deviennent accessibles ». A ce jour, « rien n’est perdu, rien n’est gagné », note Emmanuel Pigeon.
« Les machines font 2 à 3 campagnes en une »
« C'est du jamais vu, alerte toutefois Marine Dambrine, déléguée régionale Hauts-de-France pour les entrepreneurs des territoires. Les ETA sont au charbon pour sauver au maximum les récoltes. Mais avec un mercure qui dépasse les - 5°C par endroits aujourd'hui, les chantiers sont à l'arrêt ». Avec ces conditions compliquées, cela entraîne un surcoût conséquent, « les machines font 2 à 3 campagnes en une en termes d'usure ».
Cela perturbe aussi d'autres chantiers normalement réalisés à cette période, comme les épandages ou l'entretien des haies ». Cette dernière activité étant proscrite entre le 15 mars et le 15 août par la nouvelle Pac, la FDEDT anticipe une demande de dérogation dans le cas où tout ne pourrait être fait dans le temps imparti.
Aussi, si certaines parcelles ne pouvaient être arrachées en temps faute d'une météo favorable, « c’est le dispositif d’assurance multirisque climatique qui prendrait en charge les pertes pour les agriculteurs concernés ou le nouveau dispositif de fonds de solidarité nationale, dont le déclenchement est prévu au-delà de 50 % de pertes en grandes cultures », ajoute Emmanuel Pigeon.
Pour les silos encore présents dans les parcelles, le bâchage permet de limiter les impacts du froid sur les betteraves, les racines peuvent continuer à être transportées jusque dans les usines. « Le problème, ce n’est pas tant le gel, que le dégel. En effet, une fois le dégel arrivé, il faut compter une dizaine de jours pour travailler les betteraves ».
Le froid réduit la pression des bioagresseurs
Dans les vastes zones céréalières de la Beauce, le froid est toutefois bienvenu, explique Céline Imart, porte-parole d'Intercéréales, l'interprofession qui regroupe producteurs, coopératives et exportateurs des céréales en France.
En hiver, une période à - 10 ou - 15°C avec de la neige permet de réduire la pression des nuisibles (champignons, insectes) et offre un manteau protecteur aux céréales d'hiver déjà bien implantées, détaille-t-elle.
Le balai de vanneaux qui viennent se nourrir sur la terre fraîchement travaillée
— Jean-Paul VINOT (@jeanpaulvinot) January 9, 2024
Ce matin je profite du gel pour préparer les parcelles des #betteraves 2024.
25 ans sans labour les oiseaux ne se trompent pas, vers à foison 🪱 🪱#agriculture #FrAgTw pic.twitter.com/CZ8PfBbefg
Mais dans certaines zones de France, sur la façade atlantique et dans les Hauts-de-France, il y a aujourd'hui un risque lié au surplus de pluie des derniers mois et à des semis plus tardifs. « Dans les sols gorgés d'eau, si le froid arrive brutalement, il y a des phénomènes de brûlure et des problèmes de développement des cultures », relève Céline Imart.
Les pluies ont par endroits retardé les semis : les pertes devraient être mesurées pour l'orge, semé à 90 % fin décembre, mais seront plus importantes pour les blés, avec « un blé tendre semé à 85 % à Noël et un blé dur à 75 % », ajoute-t-elle.
Les agriculteurs se reporteront en partie sur les cultures de printemps (orge, maïs, tournesol) mais la FNSEA évalue à entre 5 % et 10 % les surfaces de cultures d'hiver non semées cette année.
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