Barrage de Sivens Les gendarmes se défendent, l'avenir du projet en question
Toulouse, 30 oct 2014 (AFP) - Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le patron des gendarmes ont défendu jeudi les forces de l'ordre après la mort de Rémi Fraisse, lors d'affrontements sur le site du barrage controversé de Sivens (Tarn) dont le sort sera débattu vendredi par le département.
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« Si des fautes ont été commises, il y aura des sanctions mais, en même temps, nous ne sommes pas dans un pays de justice expéditive », a déclaré le ministre sur France Info.
Mercredi, le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire contre X du chef de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, faits commis par une personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions ».
Jeudi matin, les deux juges d'instruction en charge du dossier ont effectué une brève visite sur les lieux du drame, dans le calme, ont rapporté à l'Afp par téléphone deux opposants au barrage présents sur les lieux. « Il y a également une inspection de la gendarmerie, elle donnera ses instructions dans 15 jours », a souligné Bernard Cazeneuve.
L'enquête privilégie la thèse d'un décès dû à l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme, après la découverte de traces de Tnt sur les vêtements de Rémi Fraisse, 21 ans, tué dimanche vers 2h du matin. Mais le ministre a tenu à « rendre hommage » aux forces de l'ordre, soulignant que, « depuis le début de septembre à Sivens, 56 policiers et gendarmes (avaient) été blessés ».
Mercredi soir à Paris, un Crs a été hospitalisé et 12 « contusionnés », après des heurts survenus lors d'une manifestation d'environ 250 personnes en mémoire de Rémi Fraisse, a-t-il rappelé.
Le directeur général de la gendarmerie nationale (Dgcn) Denis Favier a également défendu l'action de ses hommes mercredi soir, excluant de suspendre le gendarme qui a tiré la grenade suspectée d'avoir provoqué la mort de Rémi Fraisse. « J'estime qu'il n'y a pas de faute intentionnelle volontaire », a-t-il justifié. Il a assuré que des vidéos prises par les escadrons et versées au dossier montreront que les gendarmes ont essuyé « des tirs de pierres, de cocktails Molotov, de boulons ».
Manifestation vendredi à Albi
Témoignant sur le site écologiste Reporterre, la petite amie de Rémi, Anna, a démenti les accusations évoquant la présence de cocktails Molotov dans le sac à dos de son ami. « Il avait juste une bouteille de vin et des gâteaux apéritif », a-t-elle affirmé. Le manifestant, un botaniste amateur de reggae, a été décrit par ses proches et sa famille comme « foncièrement pacifiste ».
Les militants anti-barrage ont appelé à une manifestation, dès 8h vendredi, devant le Conseil général du Tarn à Albi, où sera débattu l'avenir du projet, qui sème la discorde depuis 2011. Lundi soir, de violents heurts s'étaient produits dans la même ville en marge d'une manifestation similaire.
Depuis le vendredi 24 octobre, les engins de chantier ont été retirés du site, suspendant de fait les travaux. Le président socialiste du conseil général Thierry Carcenac va demander à l'Assemblée départementale d'officialiser cette suspension « mais en aucun cas sine die ». Le chef du département refuse en l'état d'abandonner ce projet mais a accepté de l'amender, en suivant les préconisations faites par des experts mandatés par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. Ces derniers estiment que le projet est surdimensionné et coûteux.
Ségolène Royal réunira mardi prochain « l'ensemble des parties prenantes » au dossier. « Il faut que l'on trouve une solution », a-t-elle dit.
Dans un communiqué diffusé jeudi matin, le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe de nombreux opposants au barrage, appelle le Premier ministre Manuel Valls à « prononcer l'abandon immédiat du projet ». « Vous seul avez maintenant le pouvoir d'amener l'apaisement », souligne le collectif. Mais Manuel Valls a déjà fait valoir que c'était « au Conseil général du Tarn » de décider du devenir des travaux ».
Les Jeunes agriculteurs du Tarn ont en revanche appelé à « réaliser » un « projet nécessaire et urgent » destiné à « assurer la vie économique d'un territoire rural pauvre ». Exigeant dans un communiqué « des actions fortes » des autorités, ils avertissent que, « si tel n'était pas le cas, ce serait un aveu de faiblesse qui reviendrait à dire qu'il faut tout casser pour obtenir ce que certains désirent. Jeunes agriculteurs en tirerait les conclusions logiques... »
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