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La justice confirme la réduction des prélèvements d'eau dans le Marais Poitevin

La justice a confirmé vendredi la réduction des prélèvements en eau autorisés pour l'irrigation agricole dans le Marais poitevin, un frein de plus au développement des « bassines », déjà fragilisé par l'inflation et d'autres recours, sur ce territoire.

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Selon la cour administrative d'appel de Bordeaux, les volumes accordés par l'État en 2021 pour une durée de cinq ans ont « un caractère excessif », faute « de garantir une gestion équilibrée et durable de la ressource ».

En juillet 2024, le tribunal administratif de Poitiers avait annulé, pour le même motif, cette autorisation délivrée jusqu'en 2026, ordonnant de réduire les prélèvements à venir d'environ un quart par rapport à ceux accordés initialement.

L'État avait interjeté appel du jugement de première instance, quelque 800 membres et représentants du monde agricole local s'associant à son recours, rejeté vendredi par la cour administrative.

« Catastrophe »

Pour les agriculteurs entendus à l'audience, début septembre, cette restriction de l'irrigation va « entraîner une catastrophe économique et sociale » et mettre en péril la « survie » et la « transmission » de leurs fermes.

Dans sa décision, la cour a rejeté également la demande de l'État d'attribuer un volume d'eau supplémentaire pour remplir 16 retenues agricoles - appelées « bassines » par leurs opposants - prévues dans le Marais poitevin par un groupement de 450 agriculteurs. Ces réserves dites de « substitution » sont destinées à stocker de l'eau, puisée dans les nappes superficielles l'hiver, afin de limiter les prélèvements dans le milieu naturel pour l'irrigation durant l'été.

Contestée, leur construction accuse plusieurs années de retard et a fait l'objet de nombreuses manifestations qui ont donné lieu, parfois, à de violents affrontements avec les forces de l'ordre comme en 2023 à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

La baisse des volumes d'eau autorisés va « faire bouger des équilibres fragiles financièrement », redoutait cette semaine Thierry Boudaud, agriculteur et président de la Coop' de l'eau, la structure à l'origine du projet.

Par rapport aux évaluations initiales, son budget total, financé de moitié par l'État, a grimpé de 30 %, à 78 millions d'euros.

Et le prix de l'eau facturé aux irrigants a presque doublé en raison de « l'inflation des coûts de construction et de l'énergie », de taux d'emprunt plus élevés et, dans une moindre mesure, du coût de la sécurisation des retenues, cibles de dégradations régulières.

« À bout de souffle »

Pour Julien Le Guet, chef de file des opposants, le modèle économique des « bassines » est « à bout de souffle ».

Seules quatre réserves ont été construites, dont celle de Sainte-Soline, mais son fonctionnement a été suspendu par la justice administrative - le temps d'obtenir ou pas une dérogation - car il menace la préservation d'une espèce d'oiseau protégée.

« Ils n'arrivent plus à lancer de chantiers, ils ne fonctionnent qu'avec trois bassines et on paye déjà plein pot », déplore, sans donner son nom, un maraîcher adhérent de la Coop' de l'eau.

Selon la Confédération paysanne, syndicat opposé au projet, de nombreux agriculteurs situés loin des retenues prévues ont demandé à quitter la coopérative, partie prenante de la répartition des volumes d'irrigation dans le territoire.

Soutenue par l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, qui lui a déjà versé 4,5 millions d'euros, la Coop' de l'eau mise sur un appui du conseil départemental des Deux-Sèvres.

Participation financière, soutien politique, entrée dans la gouvernance ? « Tout est sur la table mais aucune décision n'est prise », a indiqué à l'AFP sa présidente, Coralie Dénoues (DVD), qui confirme des « discussions techniques » avec la structure et l'État depuis le printemps.

Priorisant « la disponibilité en eau potable », elle plaide pour « une phase de concertation », avec tous les acteurs, car « le sujet de l'eau doit être considéré dans sa globalité ».

« Les collectivités doivent prendre part au projet, on le réclame depuis le début, car les agriculteurs ne peuvent pas gérer seuls le sujet de l'eau », presse Thierry Boudaud, en soulignant que le principe de « substitution » n'a jamais été remis en cause par la justice administrative.

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