Il faut repenser un financement de l'eau « à bout de souffle »
Il faut repenser un modèle de financement de l'eau « à bout de souffle », entre une ressource en eau qui se raréfie et une dépollution qui se complexifie, met en garde mercredi une note de la Fondation Jean-Jaurès, cercle de réflexion de gauche, et du groupe Suez.
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« Alors que les recettes reposent à plus de 80 % sur les volumes consommés, donc variables, et que les coûts fixes du service s'élèvent également à 80 %, le modèle est mis à mal, qui plus est dans un contexte de baisse structurelle des volumes et de mesures de sobriété gouvernementales », pose comme constat cette note présentée mercredi matin au Salon des maires à Paris.
Depuis l'été 2022, marqué par un épisode de sécheresse historique, « on s'aperçoit que les volumes d'eau consommés en France ont commencé à baisser de manière forte », rappelle à l'AFP Arnaud Bazire, vice-président exécutif de Suez en charge des activités Eau en France, co-signataire de cette note avec la Fondation Jean-Jaurès et l'économiste de l'eau Esther Crauser-Delbourg.
Le plan Eau présenté quelques mois après cet épisode de sécheresse par le président Emmanuel Macron, prévoit notamment une baisse de 10 % des prélèvements d'eau d'ici 2030. Soit mécaniquement, une baisse de recettes pour les gestionnaires de l'eau, « au moment où on sait qu'il va falloir mettre au contraire plus d'argent sur les services d'eau », indique M. Bazire.
Trois facteurs le nécessitent selon lui : un sous-investissement les années passées sur les réseaux, avec des taux de fuites de 20 % en moyenne, un durcissement des normes sanitaires européennes, qui prévoient notamment de traiter les micropolluants dans les eaux usées et « une attente sociétale » de traitement des pollutions dans l'eau potable, comme les fameux « polluants éternels ».
Parmi les principales mesures avancées pour faire face à cette nouvelle donne : « faire évoluer la part fixe (abonnement) en instaurant un plancher à 30 % », alors qu'il s'agit aujourd'hui d'un plafond dans les zones urbaines, où elle représente généralement une part beaucoup plus faible.
Une augmentation des tarifs acquittés par les ménages, « de façon progressive, juste et équitable », est également évoquée, « tout en prévoyant une tarification sociale à destination des ménages modestes ».
Autre proposition : « repenser la contribution des usages économiques (industrie, énergie, agriculture) au financement de l'eau ». La note rappelle qu'aujourd'hui, ce sont « les usages domestiques qui financent à 80 % les services de l'eau », alors qu'ils ne représentent « qu'environ 25 % de la consommation totale ».
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