L'actu d'Arvalis Protection des semis de maïs : un choix limité de solutions vite dépassées
De nouveaux produits sont apparus en 2014 pour la protection des semis de maïs contre les ravageurs. Arvalis-Institut du végétal a testé leur efficacité.
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Deux produits ont reçu une autorisation pour la protection des semis de maïs au cours de la campagne 2014 : Fury Geo (microgranulés) et Force 20CS (traitement de semences).
Par ailleurs, le traitement de semences Sonido bénéficie depuis janvier 2014 d’une extension d’usage lui permettant d’être utilisé pour protéger les jeunes plantules de maïs contre les mouches (oscinie, géomyze) et la chrysomèle du maïs. L’efficacité de cette solution vis-à-vis de ces ravageurs n’a pas encore été évaluée par les équipes d’Avalis - Institut du végétal.
Des conditions d’utilisation spécifiques
Fury Geo est homologué pour la protection des semis de maïs et de maïs doux contre les taupins et la chrysomèle du maïs à la dose de 15 kg/ha. Nouvelle solution en microgranulés composée de zetacyperméthrine (8 g/kg), substance active appartenant à la famille des pyréthrinoïdes, Fury Geo doit être appliqué dans la raie de semis avec un diffuseur installé à la descente du microgranulateur. Un nouveau modèle de diffuseur est proposé avec ce produit. Cependant, les diffuseurs déjà installés sur les semoirs – pour l’application d’autres produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes – peuvent également être utilisés pour l’application de Fury Geo.
Force 20CS, dont la substance active est la téfluthrine (appliqué en traitement de semences), bénéficie d’une autorisation pour la protection du maïs contre les taupins, les scutigérelles et la chrysomèle du maïs. Le produit Force 20CS n’apporte pas une protection satisfaisante pour la protection des semis de maïs contre les attaques de taupins, quel que soit le niveau d’attaque (faible, moyen ou fort). Même en absence d’attaque de ravageur du sol dans les essais, aucun gain significatif n’a été constaté sur le rendement avec ce produit.
Des niveaux de protection variables contre les taupins
Résultats des essais de protection du maïs contre les attaques de taupins. Synthèse de 11 essais, maïs grain et maïs fourrage, 2011-2014.
Pas de bénéfice pour la double protection contre les taupins
Compte tenu des limites techniques des produits actuellement disponibles sur le marché, certains agriculteurs, confrontés à de fortes pressions de taupins, seront tentés de procéder à une double protection insecticide de leur prochain semis de maïs en combinant une protection de la semence et une protection à l’aide de microgranulés. Cependant cette stratégie n’améliore pas systématiquement l’efficacité de la protection. Les seuls bénéfices ayant pu être constatés dans les essais ont été obtenus lorsque le Sonido était associé à un produit microgranulés à base de pyréthrinoïdes. Mais l’application du produit microgranulés appliqué seul à la dose maximum homologuée, et dans de bonnes conditions d’application, apporte toujours le meilleur rapport qualité/prix.
Une nouvelle stratégie contre la chrysomèle du maïs
L’expérience acquise au cours de la dernière décennie en France et dans d’autres pays européens montre que la progression d’un insecte invasif comme la chrysomèle du maïs est inexorable et que ce ravageur ne peut être contenu, à long terme, sur des zones restreintes. Les mesures réglementaires visant l’éradication ou le confinement de la chrysomèle du maïs ont été abrogées d’abord au niveau européen puis en France en juillet 2014. Désormais, la nouvelle stratégie de lutte déployée en France contre la chrysomèle du maïs ne vise plus l’éradication ou le confinement. Il s’agit de maintenir la densité de population du ravageur à un niveau n’entraînant pas de pertes économiques significatives, en vue de garantir une production économiquement durable de maïs.
Adapter les pratiques à la situation
La stratégie de lutte contre la chrysomèle du maïs repose désormais sur des recommandations déclinées selon deux axes. D’une part, la surveillance des populations de chrysomèle du maïs, dans le but de disposer d’une analyse de risque et d’anticiper les mesures de gestion du risque, et d’autre part, des recommandations techniques adaptées au niveau des populations. La surveillance de la chrysomèle du maïs constituera un socle sur lequel reposeront les recommandations techniques de lutte en fonction du niveau de risque.
Limiter l’extension de la chrysomèle
Dans les secteurs où la chrysomèle du maïs a pu être détectée ponctuellement au cours des années précédentes, il sera recommandé de ne pas cultiver de maïs dans les parcelles où des adultes de chrysomèle du maïs ont été capturés l’année précédente, ainsi que dans les parcelles voisines, afin de retarder l’installation du ravageur dans ce secteur.
Lorsque la chrysomèle du maïs n’a pas encore été détectée dans un secteur géographique, les parcelles de maïs exposées à un risque d’introduction d’adultes du ravageur - parcelles situées à proximité immédiate d’une aire de stationnement, d’une zone industrielle avec trafic routier, ferroviaire ou aéroportuaire, d’une zone touristique… - devront faire l’objet d’une attention particulière (maïs en rotation ou surveillance à l’aide de pièges à phéromone).
Chacun de ces éléments sera adapté dans les années à venir en fonction de la situation du ravageur et de l’évolution des connaissances techniques. L’expérience des pays européens où la chrysomèle du maïs est déjà largement installée constitue une source de références très utile. Des travaux sont déjà initiés depuis plusieurs années pour les adapter au contexte français.
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