Après une moisson catastrophique, l'heure de refaire les comptes
Pour Sylvain Jessionnesse, cofondateur de Piloter sa ferme, cette moisson 2024 est pire que 2016. Car outre la baisse des rendements et la baisse de qualité qui impacteront le prix de vente, « les charges ont, depuis, explosé ». Il faut, selon lui, refaire ses comptes prévisionnels pour 2024-2025 le plus tôt possible, pour voir comment financer la campagne culturale qui démarre. Dans certaines fermes, le manque à gagner va se compter en dizaines de milliers d'euros.
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Depuis la mi-juillet, les échos lancinants d’une mauvaise moisson se sont amplifiés avec l’avancement des chantiers de récolte. 2024 constitue, en volume national produit, la pire récolte de blé tendre de ces 40 dernières années, avec entre 25 et 26 Mt espérés, contre 35 Mt l’an passé. Une estimation qui s’explique par la baisse des surfaces, et par un rendement qui avoisine les 61 q/ha.
Pour les producteurs, l’heure est au bilan et, surtout, à la révision des comptes. « Sur le plan économique, ça va être difficile pour de nombreux céréaliers », explique Sylvain Jessionnesse, cofondateur de Piloter sa ferme et céréalier dans l’Aube. « Moins de volume à vendre, avec une qualité qui pourra donner lieu à des réfactions, c’est du chiffre d’affaires en moins, et donc de la trésorerie en moins pour financer la prochaine campagne ».
Une « triple peine » pour les céréaliers
« Pour ceux qui n’ont que des céréales et oléoprotéagineux mais pas de cultures industrielles pour compenser le manque à gagner, la prochaine campagne sera compliquée, en fonction de l’état de la trésorerie avant moisson. Ça passera pour ceux qui avaient encore un peu de trésorerie d’avance ou pour ceux qui pourront faire rallonger leur ligne de trésorerie auprès de leur banque. Mais certains se sortent à peine des difficultés engendrées par la mauvaise récolte 2016. »
Sylvain Jessionnesse considère que cette année 2024 est bien pire que 2016. « Les prix de vente seront globalement comparables en euros constants. Mais toutes les charges, elles, ont explosé ces dernières années. » Avec la baisse des volumes, des qualités pénalisantes sur les prix, et des charges beaucoup plus élevées qu’il y a six ans, « c’est la triple peine ». Dans certaines fermes, le manque à gagner va se compter en dizaines de milliers d'euros.
Fin juillet, le ministre de l’agriculture démissionnaire s’est rendu en Eure-et-Loir pour se rendre compte de la « catastrophe » annoncée pour cette moisson. Des précisions sur la mise en place de mesures d’aides exceptionnelles sont encore attendues.
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