72 % des agriculteurs arrêtent le pois d’hiver cette année
« Comment évolue votre sole de pois d’hiver par rapport à la campagne dernière ? » Nous avons posé la question aux lecteurs de Terre-net à travers un sondage en ligne. À la suite d’une campagne 2023/24 compliquée, près des trois-quarts des votants indiquent abandonner la culture cette année.
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L’excès d’eau tout au long de la campagne 2023/24 a très fortement pénalisé la culture du pois d’hiver en France, avec un complexe maladies important. Près de 60 % des surfaces n’ont pas pu être récoltées.
Un contexte qui, on peut l’imaginer, explique les réponses du sondage publié entre le 26 et le 29 novembre sur Terre-net (764 votants), dans lequel 5 % des agriculteurs indiquent réduire la surface dédiée au pois d’hiver par rapport à l’année dernière et 72 % disent abandonner complètement la culture.
Parmi eux, erick28 commentait sous un article : « il y a une quinzaine d’années, on réussissait à conduire des pois d’hiver avec un rendement correct. Après avoir arrêté pour diverses raisons, j’en ai semé en 2023, j’aurais mieux fait d’éviter. Cela m’aurait coûté moins cher. Avant on avait les insecticides pour les pucerons verts, aujourd’hui rien. Avant on avait le chlorothalonil, fongicide bon marché, très efficace contre les maladies, maintenant pas grand-chose et très cher. Bilan de la campagne : la bactériose a tout secoué en moins de 15 jours, du coup maïs à la place ! ».
Pour jm89, « la culture est impossible tant qu’il n’y aura pas de traitement contre la bactériose. Au moindre coup de gel tardif, de vent froid, de pluies froides ou de printemps arrosé, la maladie les dégomme la première semaine de juin, quand tous les frais sont faits. Il n’y a plus que le broyeur ou le cover-crop à passer ». « Avec 3,4 q/ha récoltés en 2024, un pois de printemps peut-il faire réellement pire ? », questionne aussi Bruno02.
« La rentabilité du pois d'hiver se raisonne à l'échelle de la rotation »
« Si cet échec sanitaire peut décourager, il est important de recontextualiser cette pression face à un climat extrême et inattendu, estime Terres Inovia. La campagne 2023/24 reste très atypique et ne doit pas résumer le risque climatique et sanitaire des pois d’hiver pour les futurs assolements. »
« Ces 10 dernières années ont même montré, en moyenne, de meilleurs rendements 7 années sur 10 pour le pois d’hiver à l’inverse du pois de printemps qui plafonne plus souvent avec les risques de printemps chauds et secs ».
L’institut technique a rassemblé cet été les leviers agronomiques mis en évidence ces dernières années dans ses essais pour sauvegarder le potentiel de cette culture.
Des agriculteurs ont d'ailleurs fait le choix de continuer le pois d'hiver cette campagne : dans le sondage Terre-net, 16 % des répondants indiquent que la surface dédiée reste équivalente à celle de l'année dernière et 7 % précisent même l'augmenter.
Installé dans l’Aube, Christian Vast en fait partie : il a implanté ses pois d’hiver au 15 novembre. L'agriculteur en produit depuis 6 ans : le pois d'hiver revient tous les 4 à 5 ans dans sa rotation, composée aussi de colza, blé tendre, orge, sarrasin et aussi d'un peu de sarrasin.
Semis de pois d’hiver dans un couvert de sorgho, colza fourrager,Niger, moutarde d’abyssinie et tournesol pic.twitter.com/xQifew55XP
— vast christian (@ChristianVast) November 15, 2024
Mis à part la campagne dernière, le producteur se dit plutôt satisfaisait des rendements moyens de son exploitation : 53 q/ha en 2023, 45 q/ha en 2022… « L’an dernier, deux parcelles sur les 3 n’ont pas pu être récoltées, à cause des pluies et des adventices qui ont pris le dessus, mais la troisième a obtenu un rendement de 35 q/ha. »
Christian Vast est passé « en semis direct sous couvert depuis une dizaine d’années. Mes sols sont plus aérés et c'est un atout pour la culture du pois d’hiver et la gestion des maladies », explique-t-il.
Pour lui, « la rentabilité du pois d’hiver se raisonne à l’échelle de la rotation. L’an dernier, les reliquats d’azote étaient estimés à 105 u/ha sur les deux premiers horizons : c’est l’avantage aussi de ne pas toucher au sol et j’implante après un colza, qui est associé avec des légumineuses ». « Je ne suis pas embêté par les pailles pour le semis du colza et il y a souvent moins de limaces derrière pois d’hiver, sauf cette année où elles sont partout ! », indique l’agriculteur, qui a choisi, cette année, de mettre de l’anti-limaces sur la ligne de semis.
« Le couvert est détruit au glyphosate. Je préfère ne pas faire de désherbage de pré-levée en cas d’accident de culture et agir plutôt en sortie d’hiver contre les dicotylédones. » Pour éliminer les graminées, Christian Vast a recours à la propyzamide au stade 2-3 feuilles, autour de Noël. « La succession pois d’hiver – colza permet de créer une rupture face aux ray-grass et vulpins, précise l’agriculteur. Concernant l’itinéraire technique, un fongicide est aussi réalisé au stade pleine floraison et je biberonne en oligo-éléments autour d’avril-mai ».
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