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Pommes de terre : Accompagner sans devancer, pour l'UNPT

« Nous ne devons pas devancer la demande au risque de faire s’effondrer le marché », prévient Geoffroy d’Évry, président de l’UNPT.

[Contenu proposé par La Pomme de terre française] Dans une filière en croissance, l’UNPT estime que l’anticipation et la structuration collective sont essentielles pour faire face aux évolutions des marchés, de la réglementation et aux nouvelles attentes des consommateurs.

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En ouverture des travaux de l’assemblée générale de l’UNPT qui s’est tenue le 4 février à Paris, Geoffroy d’Évry, son président, a souligné la dynamique positive de la filière, mais l’a aussi tempérée. « Nous pouvons nous réjouir de l’arrivée de nouvelles usines de transformation sur le territoire français. Mais nous devons accompagner les marchés. Cette évolution des outils industriels est annoncée à l’horizon 2028-2030. Des surfaces supplémentaires seront nécessaires, toutefois nous ne devons pas devancer cette demande au risque de faire s’effondrer le marché. »

D’autant que certaines difficultés perdurent. « La filière est d’accord pour s’engager dans la réduction des produits phytosanitaires et dans un schéma de décarbonation. Cependant, en Europe, pas uniquement en France, la disparition de certaines molécules met les filières plant et conso dans des impasses techniques catastrophiques, qui par ricochet auront un impact sur les exploitations et les outils industriels », déplore Geoffroy d’Évry.

Une filière solide et proactive

Face à l’ensemble de ces enjeux, l’UNPT avait choisi pour thème de son AG : Horizon 2030, comment bâtir une filière solide et proactive face aux enjeux de marché ?

Pour Philippe Bureau, du cabinet Idari, l’anticipation des risques de marché passe par la contractualisation. « La production mondiale de pommes de terre a augmenté de 50 % au cours des soixante dernières années, a souligné pour sa part Diane Mordacq, chargée de projets au Club Demeter. C’est beaucoup, oui, mais cette hausse est de 230 % pour le blé et de 250 % pour le riz. En 2022, la production mondiale de pommes de terre était estimée par la FAO à 375 Mt, dont 50 % sont produites en Asie. Toutefois, seuls 4 % de ce volume de pommes de terre fraîches sont échangés, contre 25 % pour le blé et 11 % pour le riz. » Avec l’urbanisation, la donne change. « Tout le monde a accès à des frites, constate-t-elle. McDonald’s dispose de 40 000 restaurants dans le monde, 140 000 pour KFC ! »

« La restauration hors foyer progresse en France de 5 à 11 % depuis vingt ans, pointe Bernard Boutboul, président du cabinet Gira. En France, pays de la gastronomie, la consommation alimentaire hors domicile est passée depuis 2014 devant le service à table, en termes de chiffre d’affaires. Un repas sur six est désormais pris à l’extérieur, contre un sur deux aux États-Unis. Et 8,5 d’entre eux sur dix sont servis avec des frites. »

« Pour répondre à cette demande mondiale, les usines s’installent prioritairement sur les lieux de consommation. En Europe, les industriels ont fait le choix du lieu de production », constate Alain Dequeker, secrétaire général de l’UNPT. Pragmatique, il rappelle les défis de cette production. « Le plant est devenu la plus grosse charge, suivi par celles de structure. Connaître son coût de production est indispensable avant de se lancer dans cette culture », prévient-il. Le défi est aussi climatique. « Toute la production européenne ne peut être irriguée. De nouvelles variétés résistantes aux stress abiotiques sont indispensables. »

Il est aussi environnemental. « En 2024, trois molécules ont été retirées, la métribuzine en herbicide, le diméthomorphe et le métirame en fongicide. 2025 verra sans aucun doute d’autres retraits. Combattre les maladies, dont le mildiou, est de plus en plus difficile. »

La table ronde a également été complétée par les conclusions de la journée prospective de la filière.

Ne pas perdre en compétitivité

« Nous sommes dans un marché de croissance, mais une croissance, ça se pilote, a conclu Geoffroy d’Évry. Nous devons – tous les maillons de la filière – être organisés. Si nous arrivons à travailler dans une bonne cohérence, alors nous surmonterons les difficultés climatiques, réglementaires et politiques évoquées. Attention toutefois à ne pas perdre en compétitivité en nous fixant des contraintes trop fortes. »

Le prochain congrès de l’UNPT se tiendra à Arras (62), le 29 janvier 2026, avec la seconde édition du salon Pro Pom’.

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