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Pommes de terre d’industrie : Mousline revoit à la baisse ses contrats

L'ouverture de la saison de l'usine Mousline est prévue le 18 août.

[Contenu proposé par La Pomme de terre française] Jusqu’à présent les relations entre le GPM, Groupements des producteurs pour Mousline, et l’industriel étaient plutôt au beau fixe. Les trois dernières bonnes campagnes y avaient largement contribué. Mais cette année, la donne a changé et la confiance est rompue.

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À leur grande surprise, les producteurs livrant l’usine Mousline de Rosières-en-Santerre (Somme) ont reçu mi-juillet un courrier leur annonçant la modification de leur contrat à prix fixe signé pour un, deux, ou trois ans. « 90 % des volumes engagés leur seront payés au prix de contrat. Les 10 % restants et les 5 % de flexibilité seront eux moins payés et collectés au bon vouloir de l’industriel. La baisse globale sera d’environ 25 €/t, s’insurge Jean-Luc Guyon, président du GPM. À quelques jours des arrachages des hâtives et de l’ouverture de l’usine prévue le 18 août les producteurs ont le choix entre aller en contentieux, ne pas livrer, ou s’incliner… C’est inadmissible, plus que déloyal ! »

De son côté, Mousline dans son courrier souligne des ajustements nécessaires dus à « un contexte économique difficile, marqué par une baisse de la consommation et une renégociation à la baisse des prix de vente auprès de nos partenaires commerciaux ». Disposant encore de 14 semaines de stocks, 90 % des volumes engagés de pommes de terre lui suffiraient pour couvrir ses besoins…

En octobre 2024 pourtant, sur le Sial, Salon international de l’alimentation, Philippe Fardel, P.-d.g. de Mousline expliquait : « Pour faire face à la concurrence prochaine de nouvelles usines de frites dont les besoins estimés dans deux à trois ans seraient d’environ 1,5 Mt par an, alors que ceux de Mousline sont de 100 000 t, nous consolidons nos partenariats. Nous avons par exemple validé la hausse des prix payés aux producteurs sur la campagne en cours, prix qui sont fixes jusqu’en août 2025 ». La donne a manifestement changé…

En effet, outre des bruits de problème de trésorerie pour Mousline qui bruissent dans la plaine, la quantité de pommes de terre de conservation, tous débouchés confondus, encore en stock dans les fermes à fin mai 2025 est élevée. Dans les cinq régions couvertes par le panel UNPT/CNIPT (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie, Champagne-Ardenne et Centre), ce stock s’élevait à 592 738 t, contre 402 070 t à fin mai 2024, et 297 860 t à fin mai 2023. 8,6 % de la production 2024 serait donc encore en stock. Ce surplus de pommes de terre, fritables notamment, s’est ainsi retrouvé sur le marché des flocons, le déséquilibrant…

De son côté, l'UNPT, Union nationale des producteurs de pommes de terre, rappelle « qu'un contrat signé engage les deux parties et ne peut ête modifié sans accord mutuel ». Elle souligne que « la matière première agricole contractualisée bénéficie d'une protection juridique spécifique, inscrite dans les dispositions Egalim, et s'impose à l'ensemble des opérateurs économiques, y compris les distributeurs ». 

« Ces pratiques portent atteinte à la stabilité de la filère pomme de terre, à la crédibilité du cadre contractuel et interprofessionnel, et in fine, à la confiance entre acteurs », pointe l'UNPT.

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