Le marché de la pomme de terre va se réajuster

« Depuis le début de la saison, le marché du frais est plutôt actif à l’export comme sur le territoire français. Les débouchés sont là. Concernant les cours, même si le trop-plein de production n’est pas lié au marché du frais, il a forcément un impact auprès de nos clients, avec des offres qui arrivent de partout, et une pression à la baisse des prix. Malgré cela, sur les produits qualitatifs, lavables et chairs fermes, les prix parviennent à se maintenir. Comme les qualités tiennent la route cette année, les agriculteurs sont peu enclins à rouvrir leurs stockages dans l’immédiat. La pression tarifaire se fait surtout sentir sur les variétés destinées au marché de la frite. En effet, depuis les arrachages, les achats de l’industrie sur le marché libre sont extrêmement faibles. Pour la deuxième partie de saison, le nombre de transactions de l’industrie sur le marché libre ne pourra qu’être plus important. Le marché n’est pas devenu tout noir en six mois, alors qu’il était tout rose !

Le marché de l’industrie est passé à l’échelle mondiale, avec certes une concurrence indienne et chinoise, mais on peut imaginer qu’il n’a pas disparu. Personnellement, je reste optimiste. Il va se produire un mouvement de balancier à un moment ou à un autre, et le marché va se réajuster. Ce qui change, c’est que nous passons d’un arbitrage européen à un arbitrage mondial. Pour 2026, je conseillerais aux agriculteurs de connecter leurs emblavements à des débouchés, c’est-à-dire de se rapprocher des clients, des entreprises en mesure de prendre des engagements, tout en vérifiant si par le passé, elles les ont tenus. Depuis cinq ou six ans, les producteurs qui s’étaient moins engagés avaient raison sur le plan de la rentabilité… il faut en assumer aujourd’hui les conséquences. Toutes les stratégies sont louables. Un contexte comme celui de 2025 n’est agréable pour personne, mais il permet de remettre de la cohérence entre offre et demande. »