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Le poids du stock de maïs américain fait plonger les cours agricoles

Depuis début septembre, le maïs destiné à l'export a atteint un total de 5,1 millions de tonnes, contre 3,4 un an plus tôt.

Le volume inattendu du stock de maïs américain a fait refluer les prix des céréales sur les marchés agricoles, déjà orientés à la baisse après les belles récoltes de l'été et la promesse d'une abondante production en Amérique latine.

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Mardi soir, la Bourse de Chicago a terminé en repli sur ses produits phares : le maïs et le blé ont clôturé en nette baisse, respectivement à 4,15 dollars le boisseau (environ 25 kg) et 5,08 dollars le boisseau (environ 27 kg), le soja refluant à 10,01 dollars le boisseau (27 kg).

Mercredi, le même mouvement emportait le marché européen, avec un blé s'échangeant autour de 186 euros la tonne, son plus bas niveau sur l'échéance de décembre, la plus rapprochée, et un maïs également en baisse, à 180 euros la tonne.

Une tendance baissière confortée

Plusieurs facteurs pèsent sur le marché, a résumé Dewey Strickler, analyste pour Ag Watch Market Advisors.

« Le premier est le niveau de récolte », extraordinaire cette année pour le grain jaune américain. « Le deuxième est le rapport (du ministère américain de l'agriculture, USDA) sur les stocks de céréales, qui s'est révélé négatif » pour les prix, a-t-il indiqué à l'AFP.

Et « le troisième est qu'il semble que nous allons avoir un arrêt des activités gouvernementales. Cela aura un impact sur les rapports hebdomadaires et mensuels de l'USDA, etc. (...) Le secteur va se retrouver dans le flou pendant un certain temps », a-t-il dit, en référence au blocage du vote du budget aux Etats-Unis, qui entraîne une paralysie d'une partie de l'administration fédérale.

Pour plusieurs analystes, l'élément déterminant pour les cours est le dernier rapport de l'USDA, publié mardi, qui « enfonce le clou du cercueil », selon l'expression d'un courtier en céréales qui voit la tendance baissière confortée.

D'après les derniers chiffres, les stocks de maïs à l'issue de la campagne qui vient de s'achever sont de 1,532 milliard de boisseaux, soit 207 millions de plus qu'estimé jusqu'alors. « Le marché a été surpris par l'importance de l'offre de maïs, compte tenu de la demande américaine à l'exportation pour ce produit », très forte ces dernières semaines, a précisé Michaël Zuzolo, analyste de Global Commodity Analytics and Consulting.

Selon l'USDA, les volumes hebdomadaires de maïs américain, inspectés avant exportation, étaient de 1,5 million de tonnes lors de la semaine achevée le 25 septembre, contre 1,1 million un an plus tôt. Depuis début septembre, le maïs destiné à l'export a atteint un total de 5,1 millions de tonnes, contre 3,4 un an plus tôt.

Ce même rapport établit, pour le soja, des stocks de 316 millions de boisseaux, en baisse de 14 millions, ce qui a surpris les opérateurs « compte tenu de l'absence totale de demande américaine à l'exportation en provenance de Chine », a relevé Michaël Zuzolo.

La Chine achète argentin

Pour Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés, les cours restent bas en raison de « bonnes récoltes dans l'hémisphère nord », de « bons signaux » sur la production attendue d'Amérique latine et d'Australie, ceci « en l'absence de problème météorologique ».

Aux Etats-Unis, les analystes s'inquiètent en particulier pour l'écoulement de la récolte américaine de soja.

Cette année, pronostique Dewey Strickler, « nous allons perdre le marché chinois, cela ne fait aucun doute. Si nous continuons au rythme actuel pour le soja, nous expédierons environ 1,1 milliard de boisseaux, contre 1,6 milliard selon les prévisions de l'USDA ».

La situation a sans doute été aggravée par la suppression des taxes sur l'exportation des produits agricoles par le gouvernement argentin, qui les a rétablies jeudi dernier au bout de trois jours, après avoir atteint son objectif de 7 milliards de dollars d'apport en devises.

L'Argentine, qui exporte habituellement peu de graines de soja car elle dispose de ses propres usines de transformation, en a vendu environ 2 millions de tonnes à la Chine, lors de cette fenêtre de tir particulière, a expliqué Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.

Pour Michael Zuzolo, la question de la vente du soja se posera plus tard dans l'année pour les exportateurs américains. « A un moment donné, a-t-il souligné, les approvisionnements de l'Argentine et du Brésil commenceront à se raréfier. La question est la suivante: la Chine a-t-elle besoin de davantage de soja ou en a-t-elle acheté suffisamment ? »

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