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Diversification « Six bonnes raisons de cultiver la luzerne porte-graine »

Aujourd'hui, près de 70 % des semences de luzerne utilisées en France sont importées, notamment d'Italie.

La production française de semences de luzerne diminue depuis plusieurs années : les surfaces sont passées sous la barre symbolique des 20 000 ha en 2023. « Pourtant, cette culture présente de nombreux avantages et contribue à préserver notre souveraineté », met en avant Semae. Installé en Indre-et-Loire, Franck Ferreira a démarré la culture il y a 7 ans, d'abord pour allonger sa rotation.

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« La culture de luzerne porte-graine représente 45 % des surfaces totales de production de semences fourragères. Cependant, les surfaces de production baissent d'année en année. » Semae note un recul de 20 % sur ces 5 dernières années. « Pour faire face à la demande soutenue des utilisateurs, près de 70 % des semences de luzerne consommées en France sont importées, notamment d'Italie. »

« La filière s'organise toutefois pour localiser les productions en France et sécuriser les approvisionnements dans les années à venir. » « Pour renforcer notre souveraineté, il faut à la fois valoriser la luzerne afin d'inciter les producteurs potentiels, les céréaliers notamment, à augmenter leur production via la rotation ou de nouvelles têtes de rotation… Mais également à produire davantage de semences en France », soutient Denis Le Chatelier, de la Fédération nationale des coopératives agricoles.

L'interprofession des semences et plants liste alors « les bonnes raisons de choisir la luzerne porte-graine » :

- « La rentabilité à long terme » : « la luzerne permet lafixation de l’azote de l’air qu’elle restitue en sortie d’hiver et en cours d’année. La valorisation pour les cultures suivantes est estimée à au moins 40 unités soit 41,2 €/ha. »

- « La contribution rémunératrice aux exigences de la Pac » : « la culture remplit les exigences de l'éco-régime, environ 60 € pour le 1er niveau et 80 € pour le 2nd niveau. En 2023, la luzerne porte-graine bénéficie des aides couplées aux légumineuses à graines d’un montant de 104 €/ha. »

- « La préservation des sols » : « la luzerne permet de préserver le sol non seulement en l’aérant grâce à son système racinaire profond, mais également en lui restituant de l’humus lors de la récolte avec ses résidus. En outre, elle figure parmi les plantes cultivées les plus résistantes à la sécheresse. » 

- « Une solution pour rompre le cycle des adventices et bioagresseurs » : « son caractère pluriannuel, ainsi que ses coupes successives en font un véritable levier pour rompre le cycle et mieux maîtriser de nombreuses adventices à l’échelle de la rotation. Elle permet également de rompre le cycle de nombreux ravageurs et maladies du sol pour les autres cultures. »

- « Un gain en qualité de vie » : « la luzerne est une culture pérenne, avec un itinéraire technique moins contraignant. On estime que les producteurs passent trois fois moins de temps sur la culture de luzerne que sur une céréale à paille. »

- « Une culture vertueuse pour l’environnement » : « la culture de la luzerne lutte contre l’érosion, favorise la faune auxiliaire ne nécessite pas d’apport d’engrais azotés et favorise la vie microbienne du sol. »

«  Il s’agit aussi d’une culture contractuelle, qui offre aux agriculteurs une sécurité de revenuet un accompagnement technique fort de la part des techniciens d’établissement, des coopératives et des négoces », ajoute Semae.

Zoom sur la culture de luzerne porte-graine (© Semae)

Qu'en pensent les agriculteurs ?

Nous avons demandé son avis à Franck Ferreira, installé à Braye-sous-Faye (Indre-et-Loire), qui cultive la luzerne porte-graines depuis 7 ans. Son premier objectif : « allonger la rotation », témoigne l'agriculteur confronté à des soucis de ray-grass et vulpins résistants. « On a de moins en moins de solutions herbicides efficaces, la luzerne représente un levier important dans la gestion des adventices. Après 3 voire 4 ans en place, on récupère un champ propre. L'occasion aussi de limiter le travail du sol et d'augmenter la vie microbienne. » Derrière une luzerne, Franck Ferreira note également « un gain moyen de 15 q/ha pour la culture de blé suivante et une réduction de moitié des apports d'azote (contre 170-200 u/ha habituellement) ».

Pour l'agriculteur, la gestion des insectes ravageurs représente l'un des principaux points d'attention de la culture, « surtout avant et après la floraison ». « Apions, larves de négril, larves de phytonome, punaises (adultes et larves), tychius, tordeuses, pucerons... : ils demandent tous une surveillance rigoureuse afin de déterminer la nécessité ou non d'intervenir en fonction des captures dans les filets. On est très vigilant lors des traitements, car on a aussi besoin des pollinisateurs. » Côté fertilisation, l'agriculteur note des besoins en phosphore, potassium, magnésie, bore et kiesiérite.

Autre point à noter : l'andainage de la luzerne porte-graine est recommandé pour la récolte (entre 8 et 13 % d'humidité pour des graines à maturité). « On réalise une pré-coupe au printemps, en partenariat avec un éleveur (160 €/ha) car on veut moissonner la luzerne fin août. »

Sur le plan économique, Franck Ferreira fait part d'une marge brute moyenne de 1 200 €/ha pour un rendement de 450 kg/ha. « En 2023, on est plutôt à 2 000 €/ha pour 750 kg/ha, on n'a pas eu de gros coup de chaleur pendant la floraison, et suffisamment d'eau et de soleil pendant le cycle. Après certaines années, on peut être aussi à 300 kg/ha de rendement. Cela peut être compliqué en temps de sécheresse, et il faut le prendre en compte, indique l'agriculteur. Sur trois campagnes, on a généralement une mauvaise année, une moyenne et une bonne. Ce n'est pas une culture miracle, mais elle a de bons atouts ! »

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