Marisa Bousselaire fait le pari de produire des olives en Normandie
Créer une oliveraire en Normandie, c’est le défi que s’est lancé Marisa Bousselaire, installée avec son mari, au sud-est de l’Eure. Elle nous partage les débuts de ce projet.
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« L’amour de la terre a été plus fort que moi », raconte Marisa Bousselaire. Secrétaire comptable pendant une quinzaine d’années, elle entame, en 2022, une reconversion professionnelle et devient salariée sur l’exploitation céréalière de son mari, située à Saint-André-de-l’Eure. Elle mûrit, en parallèle, un projet de diversification en lien avec le changement climatique.
Formation au Portugal
« Originaire du nord du Portugal, j’ai grandi au milieu des oliviers et je rêvais d’adapter cette production à notre climat, en Normandie, explique Marisa Bousselaire. L’objectif est de produire une huile d’olive bio locale, tout en contribuant à réduire l’érosion et préserver la biodiversité. La France produit aujourd’hui seulement 4 % de sa consommation d’huile d’olive, les importations viennent en majorité d’Espagne et d’Italie. »
La productrice retourne alors au Portugal apprendre la culture des oliviers auprès des anciens. « J’avais planté déjà 40 arbres d’une variété portugaise il y a 5 ans, qui se portent très bien aujourd’hui. » Marisa Bousselaire se forme également auprès de la Chambre d’agriculture pour la création d’une entreprise agricole (Certicréa).
Et au mois de mars 2025, le projet se concrétise, avec la plantation de 1 500 arbres sur 6 ha. « Nous avons choisi une parcelle dans des argiles à silex, des sols bien drainants, car l’olivier n’aime pas la stagnation d’eau. Les variétés sont résistantes au gel, jusqu’à – 15°C. Pour cette première année, le climat a été relativement propice à la culture : les plants de 70 cm mesurent désormais 1,5 m et la floraison a été belle. »
722 pieds d’oliviers arrachés en une nuit
En août dernier, Marisa et son mari ont dû faire face à un coup dur : « 722 pieds d’oliviers ont été arrachés en une nuit. Ça a été très compliqué pour le moral et une perte immense pour notre ferme (près de 10 000 € de coût de plantation pour 3 ha) », explique la productrice.
Le couple n’entend toutefois pas abandonner : « nous avons reçu beaucoup de messages de soutien très précieux et une aide de personnes qu’on ne connaît pas pour la plupart, à travers une campagne de financement participatif ». Marisa Bousselaire a eu plusieurs messages de soutien de certaines collectivités territoriales et garde « espoir quant à l’arrivée d’une aide adaptée à ce projet ».
12 ha d’oliviers en 2026
2 250 arbres vont être plantés au printemps prochain, pour remplacer ceux vandalisés et atteindre l’objectif des 12 ha d’oliviers fixé. La production démarre réellement au bout de 4 années : les olives seront ramassées à l’aide de filets et de peignes.
« L’idée à terme est de construire une chaîne de transformation pour l’huile, mais cela représente un investissement conséquent : 250 000 € environ, sans compter le bâtiment, indique Marisa Bousselaire. Dans un premier temps, on se rapprochera donc des outils existants, dans le sud de la France. »
En attendant, la productrice gère la taille des oliviers, leur fertilisation… « Nous affinons également les recherches quant à la pollinisation des oliviers, car les variétés choisies ne sont pas auto-fertiles et des tests sont en cours avec un chercheur du CNRS. »
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