Réduction des phytos Les ministres de l'UE fustigent le plan de Bruxelles
Les ministres européens de l'agriculture ont vivement critiqué lundi le plan présenté par Bruxelles pour réduire l'usage des pesticides dans l'UE, s'alarmant du sort des cultivateurs laissés « sans alternative » et d'une possible chute des rendements.
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La Commission européenne avait détaillé le 22 juin sa feuille de route pour réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation et les risques à l'échelle de l'UE des pesticides chimiques ou dangereux. Le plan prévoit une interdiction quasi-complète dans les « zones sensibles », comme les espaces verts urbains ou les aires naturelles protégées.
Réunis à Bruxelles, les ministres des Vingt-Sept ont multiplié leurs critiques sur cette proposition de la stratégie d'alimentation verte « De la Ferme à la fourchette ».
« Beaucoup d'Etats s'opposent à une réduction drastique imposée si c'est fait sans données scientifiques solides, sans étude d'impact centrée sur la sécurité alimentaire », a tonné le secrétaire d'État polonais Ryszard Bartosik.
« Cela pourrait porter atteinte à notre sécurité alimentaire et à la compétitivité de notre agriculture, nous rendant encore plus dépendants des importations », une perspective « inquiétante » alors que la guerre en Ukraine attise les risques de pénuries, a-t-il fait valoir.
Une majorité des ministres s'interroge sur la méthodologie pour fixer les objectifs de réduction imposés à chaque Etat, alors que les pays membres de l'UE ont des modèles agricoles et des conditions climatiques très variés.
Surtout, « il ne faut pas punir les pays qui ont déjà travaillé dur : nous sommes depuis longtemps à un niveau très bas de pesticides, il faut tenir compte du point de départ des Etats », a plaidé le ministre finlandais Antti Kurvinen, rappelant que 75 % des pesticides sont utilisés pour la sylviculture et sont « à très faible risque ».
« L'interdiction quasi-totale des produits phytosanitaires dans les zones "sensibles" n'est pas réaliste ! Une multitude d'organismes nuisibles s'y développeraient : c'est déjà le cas », s'est insurgé le ministre espagnol Luis Planas Puchades.
Conseil Agriculture à Bruxelles ????
— Marc Fesneau (@MFesneau) July 18, 2022
Travail avec mes homologues européens et les Commissaires, notamment sur :
?? Voies de solidarité envers l’Ukraine et suivi des marchés
?? Réduction durable des pesticides (règlement SUR)
?? Échanges sur les #PSN pour la nouvelle #PAC pic.twitter.com/T6i0nMmrnk
« Les agriculteurs ne doivent pas être laissés sans solution », a attaqué de son côté son homologue français Marc Fesneau. Il a exigé le développement d'alternatives « sérieuses, opérationnelles (...) économiquement viables », regrettant l'absence de proposition concrète sur « les solutions de biocontrôle ».
Paris réclame également des instruments financiers supplémentaires pour aider les agriculteurs, et des « mesures-miroirs » interdisant l'importation dans l'UE d'articles agricoles dont la production ne respecterait pas les normes européennes sur les pesticides.
« Nous devons minimiser les charges administratives, qui doivent rester proportionnées », a relevé l'Irlandais Charlie McConalogue.
Berlin, de son côté, a demandé des clarifications sur les critères des zones « sensibles » concernées et le montant des aides financières prévues, tout en réitérant néanmoins un soutien d'ensemble à la proposition de la Commission.
« La crise climatique, celle de la biodiversité continuent, on ne peut les négliger », a insisté le ministre allemand Cem Özdemir, partisan d'« une protection plus durable des plantes et des cultures ».
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