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Protection des plantes « Pulvé by night », ou comment révéler la qualité de pulvérisation

Deuxième édition pour l'évènement Pulvé by night, organisé par la chambre d'agriculture de l'Aisne. (©Terre-net Média)

Fin avril, la chambre d'agriculture de l'Aisne organisait à Chalandry (Aisne) la 2e édition de Pulvé by night. Comme son nom l'indique, l'idée de l'évènement est de mettre en évidence la qualité de pulvérisation sur le feuillage des plantes de nuit grâce à l'utilisation d'un colorant fluo.

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La démonstration a eu lieu à la Cuma de Chalandry, dans l'Aisne. L'organisation regroupe 17 agriculteurs, dont 6 qui travaillent ensemble pour tous leurs travaux. « L’objectif est de réduire au maximum les charges de mécanisation, précise Frédéric Sabreja, président de la Cuma. Nous semons, par exemple, 600 ha de blé tendre à l’automne avec un combiné de semis (herse rotative – semoir) de 3,5 m. Le coût revient ainsi à 10 €/ha. Les 2 exploitations (sur 6) les plus éloignées se situent à une cinquantaine de kilomètres l'une de l'autre, et le matériel est renouvelé, en moyenne, tous les 3 ans pour ne pas être embêté. »

Démonstration de pulvérisation

Le pulvérisateur, un Kuhn Metris de 36 m, est, lui, partagé entre 5 agriculteurs, installés aux alentours de Chalandry. « Il est équipé de la technologie PWM (pulse width modulation), c’est-à-dire des buses avec une électrovanne qui donne des impulsions. L’avantage : on programme le boîtier à une certaine pression et la buse va mettre plus ou moins d’impulsions suivant la vitesse d’avancement, sans changer la pression, précise l’agriculteur. On a une seule buse pour tout faire ». Le seul bémol : « on arrive, avec cet équipement, à choisir notre diamètre de goutte mais ce n’est pas homologué par l’Etat. On est donc obligé d’avoir des buses anti-dérive en plus sur le pulvérisateur pour les zones où cela est nécessaire ». Toujours dans l'optique de viser une meilleure efficacité de pulvérisation, « le pulvérisateur dispose également de  coupure buse à buse (50 cm), permettant de réduire les chevauchements ».

C'est ce pulvérisateur qui a été utilisé pour la démonstration lors de la 2e édition de Pulvé by night, organisée fin avril par la chambre d'agriculture (CA) de l'Aisne. Comme vous avez pu le deviner, l'idée est de mettre en évidence, de nuit, la qualité de pulvérisation grâce à la  fluorescéine. Ce colorant fluo dans l'eau permet de voir la différence en termes de taille de gouttes et de répartition du mélange pulvérisé sur les plantes.

Quels enseignements ?

Pour l'occasion, les conseillers ont testé différentes modalités. Retrouvez leurs résultats (sur la photo ci-dessous) avec de bas en haut : pulvérisation à 80 l/ha ou 150 l/ha avec des buses classiques, ou 150 l/ha avec des buses anti-dérive. « Pendant longtemps, on a choisi les buses en fonction de la vitesse d'avancement et le volume qu'on voulait utiliser, mais depuis 10 ans, on a aussi davantage d'informations quant à la  taille des gouttes avec le VMD : diamètre du volume médian, indique Nicolas Jullier, conseiller productions végétales à la CA de l'Aisne. Pour une bonne efficacité de la pulvérisation, on veut un certain nombre d'impacts et donc on vise des gouttes de taille suffisante pour qu'elles ne subissent pas trop, non plus, la dérive. L'objectif est d'avoir des gouttes entre 250 et 350 microns. »

De bas en haut : pulvérisation à 80 l/ha ou 150 l/ha avec des buses classiques, ou 150 l/ha avec des buses anti-dérive. (©Chambre d'agriculture de l'Aisne)

Avec la lampe UV, les essais réalisés de nuit confirment que « les buses classiques pulvérisent plus de gouttes de petite taille. Elles ont tout leur intérêt lorsque les conditions de pulvérisation sont idéales. En revanche, si elles sont moins bonnes, les buses anti-dérive sont à privilégier. Ces dernières vont appliquer moins de gouttes, mais de plus grosse taille », détaille Aymeric Lepage, responsable d'équipe agronomie, productions végétales et numérique. En ce qui concerne le volume de pulvérisation, « 100 l/ha semble suffisant dans la majorité des cas, mais tout dépend bien sûr du type de produit appliqué ».

« Trouver le bon compromis »

D'autres critères sont également à prendre en compte, comme les conditions climatiques. « Le principal point, c'est l'hygrométrie : elle est favorable quand elle dépasse 60 %, reprend Nicolas Jullier. Et plus elle est élevée, plus on va avoir une plante qui va pousser et donc qui va absorber le produit, notamment pour les produits systémiques. En plus, la gouttelette mettra plus de temps à se dessécher avec une bonne hygrométrie et inversement. »

« Il faut aussi être vigilant vis-à-vis des températures, ainsi que du vent. En effet, attention à la dérive : on veut que la gouttelette arrive au bon endroit. » D'après l'arrêté du 12 septembre 2006, le vent ne doit pas dépasser 19 km/h pour les traitements. De plus, « le vent peut dessécher la masse d'air et limiter l'hygrométrie ».

Retrouvez les rappels de Nicolas Jullier sur le sujet en vidéo :

Lutte contre la dérive, effet étalant, humectant... différents adjuvants peuvent s'avérer utiles pour améliorer la qualité de pulvérisation. « Pour les traitements herbicides, leur usage est quasiment systématique, notamment les huiles pour leur côté pénétrant. En ce qui concerne les fongicides, insecticides et régulateurs, cela va surtout dépendre des conditions climatiques et de la cible. Les adjuvants seront plutôt conseillés en cas de conditions difficiles ou pour des traitements spécifiques, sur épis par exemple : on utilisera un mouillant pour essayer d'augmenter la surface d'échange. »

Enfin la qualité de l'eau est également un point d'attention car « le volume le plus important qu'on met dans le pulvérisateur. On sait que certains produits sont sensibles à la dureté de l'eau comme le glyphosate ou les sulfos. Il existe les unités de traitements de l'eau ou une solution plus simple et moins coûteuse : les adjuvants à base de sulfate d’ammonium, qui vont venir améliorer l'efficacité du traitement ». Différents critères entrent ainsi en jeu dans la qualité de pulvérisation, « l'objectif est de trouver le bon compromis pour éviter au maximum les pertes d'efficacité », conclut Nicolas Jullier.

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