La lutte anti-limaces à de l'avenir Impact des anti-limaces sur la faune auxiliaire. Qu’en est -il vraiment ?
La nocivité de feu le méthiocarbe sur la faune auxiliaire, continue de parasiter les esprits. Pourtant, les moyens de lutte actuels contre les limaces n’ont pas d’effets avérés sur les vers de terre, carabes et autres oiseaux.
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« Un granulé bleu reste un granulé bleu, l’héritage lié à la nocivité du méthiocarbe est encore bien présent dans la tête des gens. Nous devons donc répondre, par la preuve, à toutes les interrogations sur l’éventualité de l’impact des anti-limaces sur les organismes non-cibles », introduit Arnaud Lagriffoul, responsable agriculture durable chez DE SANGOSSE. Pour apporter des réponses, les metteurs en marché s’appuient sur des essais réalisés dans le cadre de l’homologation des produits. Ils se basent aussi sur des études menées sur le terrain par des groupements techniques ou encore des organismes de recherche.
Les oiseaux ne semblent pas attirés par les appâts anti-limaces
Dès 2014, un bureau d’études a effectué des tests sur les moineaux domestiques, en conditions semi-contrôlées. « Une vingtaine d’individus ont été acclimatés en volière, privés de nourriture pendant plusieurs jours, puis exposés à un parterre de granulés d’anti-limaces, à une dose équivalente à 5 kg/ha. Aucune mortalité, ni comportement anormal n’ont été observés. 95 % des individus n’ont pas ingéré un seul granulé. Cela montre que les granulés d’anti-limaces ne sont pas appétents pour les moineaux », détaille le spécialiste.
L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), dans le cadre du réseau SAGIR (réseau de surveillance épidémiologique des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres), a réalisé le même type d’essais sur des perdrix grises. Les constats sont identiques, même en cas de sévère disette, aucun granulé n’a été consommé.
D’autres expérimentations ont été menées sur 285 exploitations agricoles. « Au total, 196 parcelles étaient concernées par 1 ou 2 traitements anti-limaces en plein ou en mélange à la semence. Avec l’appui du bureau d’études, les agriculteurs ont observé les alouettes, corbeaux, corneilles, étourneaux, perdrix grises et pigeons ramiers. À l’issue de cette expérience, aucun cadavre d’animal n’a été relevé », indique le responsable de l’ONCFS. Après autopsie de cadavres collectés au cours de l’expérience, aucune mortalité n’est attribuée aux anti-limaces. Des conclusions identiques ont été tirées des opérations de toxicovigilance sur le colza et le maïs, tout au long du cycle des cultures. « L’ensemble des études dont nous disposons amène à des conclusions plutôt rassurantes. Les rares cas d’effets délétères des produits sur les organismes non-cibles sont liés à des causes accidentelles relevant des mauvaises pratiques de l’utilisateur », conclut Arnaud Lagriffoul.
La biodiversité du sol est préservée
Intéressons-nous aussi aux invertébrés, notamment vers de terre et carabes, bien connus pour leur prédation sur les populations de limaces.
Jean-Philippe Turlin, conseiller agronomique à la Chambre d’Agriculture de Bretagne a conduit des essais avec un groupe d’agriculteurs investis dans les techniques de semis direct sous couverts.
« Nous nous sommes intéressés à la vie du sol, en quantifiant les populations de vers de terre et de carabes dans nos systèmes. Nous avons utilisé des pièges INRA et des pièges moutarde pour les vers de terre. Des pièges Barber pour les carabes. Nous avons effectué les relevés et comparé nos résultats avec des parcelles témoins labourées. Les résultats sont sans appel. Globalement, la population de vers de terre est d’environ150/m² dans les parcelles du réseau contre 20 individus/m² en moyenne dans le reste de l’Hexagone. Pour les carabes, nous avons 10 fois plus d’individus dans nos systèmes et une plus grande diversité d’espèces. Pour mesurer l’impact des anti-limaces nous avons donc fait plusieurs prélèvements après application des produits. Aucun impact significatif n’a été observé après les applications de solutions à base de métaldéhyde ou de phosphate ferrique », détaille le conseiller.
Les solutions aujourd’hui disponibles sur le marché ne semblent pas être nuisibles aux populations auxiliaires. Des essais montrent que des matières actives, comme le métaldéhyde ou le phosphate ferrique, n’ont pas d’effets avérés sur les oiseaux, les vers de terre, ou les carabes. Cette innocuité pour les organismes non-cibles est de toute façon un préalable à leur mise sur le marché. Il faut cependant que les bonnes pratiques d’usages soient respectées pour prévenir les accidents éventuels.
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