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Semis perturbés Le retour du froid bienvenu pour les céréales

Les cumuls de précipitations enregistrés depuis l'automne ont fortement perturbé les semis de céréales à paille cette campagne, et leur installation. Avec le retour d’un temps froid et sec cette semaine, des re-semis ou même des semis tardifs sont envisagés dans certains secteurs. Jean-Charles Deswartes d’Arvalis rappelle quelques points d'attention sur le sujet.

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« L’arrivée du froid cette semaine doit être surveillée sans être dramatisée. Les températures ne sont pas exceptionnellement froides, mais elles sont arrivées brutalement (endurcissement faible ou incomplet), sur des sols gorgés en eau et sur certaines parcelles de céréales peu développées » par endroits, observe Jean-Charles Deswarte, ingénieur Arvalis.

« Les zones les plus froides ne sont pas forcément les zones où les situations agronomiques à risque (blé dur, orge de printemps semée en automne) sont fréquentes, rassure l’expert. Les parcelles en cours de levée et dont les sols sont encore gorgés peuvent toutefois subir des effets de gel mécanique. »

À noter que l’évaluation des dégâts reste difficile à réaliser tant que les conditions de reprise de végétation ne sont pas franches.

L’arrêt des pluies permet, en tout cas, de « laisser les sols drainer » et le gel est le bienvenu, il fournit « une portance appréciable pour labourer ou semer ». En témoignent les nombreuses photos publiées par les agriculteurs sur les réseaux sociaux :

Dans quelles conditions envisager un resemis ?

Pour certaines parcelles de céréales à paille, se pose alors la question d'un resemis ou d'un sursemis. « Elle dépend de nombreux paramètres », précise Jean-Charles Deswarte.

« Un resemis "en rustine" peut s'imposer dans les zones où l'excès d’eaus’est maintenu plusieurs jours ou semaines (mouillères, bords de parcelles) et où l'ensemble des plantes a disparu. Dans l’idéal pour faciliter la conduite des parcelles, on peut repartir des semences disponibles sur la ferme, tant que les variétés et les espèces respectent les seuils d'alternativité recommandés (voir le tableau ci-dessous). Le décalage de cycle va progressivement se réduire pendant le printemps, pour aboutir à moins de deux semaines d’écart à la moisson. »

« Dans les parcelles affectées par un engorgement en eau durable et/ou l’apparition d’une croute de battance, le taux de levée peut avoir été forcément abaissé. Dans ce cas, un comptage est nécessaire », ajoute l'expert. « On considère de manière un peu empirique que 60 à 100 plantes bien réparties constituent un seuil de maintien : ça n’assure évidemment pas l’atteinte d’un rendement maximum, mais ça permet de couvrir les coûts déjà engagés. »

« Ce seuil est cependant à moduler en fonction du contexte de chaque parcelle :

- Si la parcelle est irrigable, il peut être pertinent de refaire la culture avec un blé dur, une orge de printemps ou un maïs. A l’inverse, si la parcelle est séchante, s’engager vers une culture de printemps ou d’été est risque ;

- Si la structure du sol a été dégradée lors de l’implantation, les capacités de rattrapage seront limitées ;

- Si la parcelle est enherbée et sera difficile à nettoyer, ou, à l’inverse, si un herbicide a déjà été appliqué et pourrait poser problème en cas de changement d’espèce. »

« En cas de très faible densité, le sursemis est possible (avec du matériel adapté), mais la gestion de plantes d’âges différents sur la parcelle risque de complexifier fortement l’accompagnement de la culture. »

Recommandations d'alternativité et de précocité des variétés de céréales à paille en cas de semis très tardifs. (© Arvalis)

« Ces recommandations doivent permettre d’assurer une montée à épi, sauf si scénario climatique très extrême. Elles ne garantissent évidemment pas d’un potentiel de rendement équivalent à un semis d’automne », note Jean-Charles Deswarte. Il estime un différentiel de rendement probable de 20 à 30 %, mais « l’adaptation de l'itinéraire de la culture peut permettre quelques économies : moindres coûts de désherbage, moindre pression potentielle de maladies ».

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