Semis d’orges de printemps : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier
Les semis d’orges de printemps à l’automne ont affiché de belles performances lors de la campagne 2024/25, mais c’était l’inverse en 2023/24. Les équipes Arvalis de Champagne-Ardenne font le point sur cette pratique, d’après des résultats d’essais pluri-annuels.
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En Champagne-Ardenne, les rendements des orges de printemps semées à l’automne (OPsa) ont avoisiné les 90-100 q/ha sur sols de craie en 2025, contre des résultats autour de 60-65 q/ha pour des semis de février-mars.
Des résultats différents selon les conditions climatiques du printemps
« La pratique des semis d’OPsa a montré, une nouvelle fois, son intérêt en année de sécheresse. L’allongement de la phase de tallage a permis de limiter les pertes d’épis en printemps sec et d’assurer un bon nombre de grains/m² et le rendement », expliquent les équipes régionales Arvalis.
En revanche, « la pression maladies (rhynchosporiose – helminthosporiose) peut être quasi-immaîtrisable sur OPsa en cas de printemps humide, avec des pertes de rendements jusqu’à – 40 % par rapport aux orges semées au printemps. […] Sans compter l’altération de la qualité des orges et de possibles déclassements vis-à-vis du débouché brassicole ».
Les équipes de l’institut technique soulignent aussi un risque de gel toujours présent, bien que réduit ces dernières années.
Trouver le bon équilibre
Comment choisir alors entre semis d’automne et de printemps ? D’après les essais réalisés en Champagne-Ardenne entre 2019 et 2025, Arvalis recense :
- Des semis d’automne bénéfiques 2 à 3 années sur 6 ;
- Un rendement équivalent entre automne et printemps 2 à 3 années sur 6 (mais des charges plus contenues pour les semis de printemps) ;
- Un rendement pénalisé pour les semis d’automne 1 année sur 6.
Précision : des comparaisons automne-printemps sur la même parcelle pour 4 essais, et des comparaisons sur des parcelles différentes mais dans le même terroir (dans ce cas, des écarts de rendements autour de 10 q/ha ne sont pas significatifs).
« Le changement climatique accentuant les sécheresses au printemps, il est tout à fait logique de s’adapter et de semer des orges à l’automne. Mais dans un cas sur deux, le semis de printemps sera égal ou meilleur avec des charges nettement moins élevées (fongicides en particulier). » « Tout semer à l’automne ne semble donc pas une stratégie gagnante tous les ans », pour les experts Arvalis. « Est-ce que le bon équilibre se situe entre 20 et 50 % à l’automne et le reste en février-mars ? Chacun fera ses propres choix dans l’analyse de risque. »
Un itinéraire technique à adapter
Pour mettre toutes les chances de son côté, il convient aussi d'adapter la conduite technique des OPsa. En Champagne-Ardenne, les experts Arvalis recommandent notamment « un semis assez tardif (fin octobre - novembre) pour retarder l'arrivée du stade épi 1 cm après les périodes les plus froides de l'hiver et éviter le risque du gel d'épi ».
« La densité de semis doit aussi être suffisante pour pallier les conditions climatiques de l’hiver et optimiser la composante épis/m² : 300-350 grains/m² en bonnes terres et/ou bonnes conditions de préparation, jusque 380 grains/m² sur des argilo-calcaires et/ou mauvaises conditions de préparation. Si les semis sont après le 10 novembre, basculer à 380 grains/m² dans les bonnes terres et 400 grains/m² dans les sols caillouteux. »
Sur le choix des parcelles, l’institut technique préconise de « privilégier des parcelles propres car le nombre de solutions herbicides à l’automne est réduit compte tenu des problèmes de sélectivité. En cas de gel, le coût de l’herbicide à l’automne sera perdu… En général, il est conseillé Trinity ou Trooper (sans impact sur la culture), Fosburi à dose réduite ».
Concernant la fertilisation, il y a « moins de risque d’excès de protéines (c’est plutôt l’inverse, les protéines sont parfois trop basses). La dose peut être ajustée avec le N-tester (penser à la bande surfertilisée) ».
« Les maladies restent le point noir des OPsa, la nuisibilité est doublée voire triplée par rapport aux orges de printemps semées au printemps, et parfois ce n’est pas maîtrisable même avec trois - quatre fongicides. Le traitement de semences Systiva peut aider à contrôler la rhynchosporiose, mais sera sans effet sur une pression helminthosporiose. Penser à l’alternance des matières actives, et à ne pas traiter avec une SDHI (Revystar , Kardix…) au printemps en cas d’utilisation de Systiva. »
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