Login

Sur les chemins de l'agro-écologie « De l'allongement des rotations à l'agriculture de conservation des sols »

Cyrille Ducat a témoigné de son cheminement vers des pratiques agro-écologiques, motivées au départ par une recherche de simplification et de gain de confort de travail. (©Trame)

Trame (association nationale de développement agricole et rural) propose un recueil de 17 témoignages d'agriculteurs ou salariés agricoles tournés vers l'agro-écologie. Parmi eux, Cyrille Ducat, polyculteur éleveur dans les Ardennes, souhaitait pouvoir gérer seul son exploitation et a donc cherché à simplifier son système pour gagner en confort de travail. Il a d'abord allongé ses rotations, diversifié ses cultures, et introduit maintenant les couverts végétaux.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Cyrille Ducat a témoigné de son cheminement vers des pratiques agro-écologiques, motivées au départ par une recherche de simplification et de gain de confort de travail. (©Trame)

Les pratiques initiales

« J’étais en système polyculture-élevage avec un quota laitier de 300 000 l. J’effectuais la traite seul. L’alimentation du troupeau était à base de maïs ensilage. Les contraintes de travail étaient très importantes, j’étais essoufflé, je me rendais compte que gérer seul une exploitation de ce type serait très difficile et que je devais m’engager dans la simplification pour gagner en confort de travail.

Les changements

J’ai allongé les rotations et diversifié les cultures. Je suis ainsi passé d’une rotation courte (colza, blé) à une rotation plus longue (5 à 6 cultures différentes). J’ai introduit des cultures de printemps comme l’avoine (alimentaire), le pois, l’orge d’hiver, et plus récemment, les couverts végétaux sous colza. Ceci va me permettre de diminuer mon IFT.

J’ai signé une MAEC polyculture-élevage impliquant un minimum de 40 % d’herbe dans mon assolement. Les changements que je mets en place ont aussi un impact territorial. Je n’ai pas envie d’augmenter mon cheptel mais j’augmente ma production d’herbe. Je vais commercialiser ce surplus auprès d’un Gaec voisin qui possède un méthaniseur. Je suis intéressé pour récupérer le digestat car je dois faire attention au taux de matière organique dans mes sols. Je fais en plus de l’échange paille-fumier avec trois voisins.

Je travaille beaucoup en entraide dans le cadre d’une Cuma. Nous réalisons les chantiers de récolte ensemble. J’ai fait le choix de changer mon système pour transmettre à mes enfants un système propre, un sol qui soit sain, qui puisse produire. Le système dans lequel j’étais appauvrissait mes sols, leur structure se dégradait. À court terme, je n’ai jamais visé les rendements hauts, je regarde ce qu’il me reste à la fin. Ceci est d’autant plus vrai depuis que j’adhère au GDA de la Thiérache car nous comparons nos coûts de production, nos marges. Le conseiller, Didier, a une vision globale, une approche système très intéressante qui nous confronte.

De plus, je fais partie du réseau Dephy depuis 2011 : nous sommes 12 dont 5 depuis le départ. Ce réseau m’a ouvert les yeux sur de nouvelles perspectives. Tout seul, je n’aurais jamais osé. J’ai fait le choix de m’associer dans un GIE pour mon troupeau. Je garde mon tank, mon quota, mais nous sommes beaucoup plus nombreux pour effectuer la traite. Je suis plus disponible pour ma famille.

Les risques

Je n’ai pas senti de risque, je savais que je devais aller dans ce sens. Je maîtrise mes coûts, je les connais, c’est certainement dû à mon expérience professionnelle précédente. Il faut accepter les pertes de rendement, mais si on connaît bien ses charges, on relativise. 

Les difficultés rencontrées et les solutions

Je n’ai pas rencontré de difficultés particulières pour réaliser ces changements, si ce n’est qu’il faut être patient. Les résultats sont loin d’être immédiats, il faut garder la foi. Au bout de dix ans, j’ai l’impression d'en récolter les fruits. Je constate que je passe beaucoup plus de temps à l’observation de mes parcelles qu’auparavant. J’ai subi les regards critiques de quelques voisins, j’ai considéré qu’il s’agissait de curiosité. Ils me posaient des questions, je répondais, partageais. Ils ont vu que ça peut marcher, ils n’ont pas encore osé franchir le pas mais ils sont interpellés, posent beaucoup de questions, discutent.

Les sources d’information

J’ai rencontré quelques échecs bien sûr, ça fait partie de notre métier. À chaque fois, je les ai quantifiés, cela m’a permis d’être prudent. Dans les moments de découragement, j’appelais mon conseiller GDA qui assure une permanence téléphonique. C’est une personne ressource au niveau technique. Mais il a quelque chose de plus, une oreille attentive et il cultive la positive attitude. C’est un sacré soutien. Avec Internet, on a accès a une quantité d’informations folle, ce n’est pas facile de s’y retrouver. C’est pour cela que nous avons besoin de référents, d’experts techniques. Nous les faisons intervenir en formation via le GDA.

L’apport du collectif

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement