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« En 2025, tout redevient à nouveau possible », veut croire l’AGPB

Eric Thirouin, président de l'AGPB, devant la ministre de l'agriculture Annie Genevard lors du congrès de l'AGPB, le 28 mai.

Si la moisson catastrophique, les trésoreries dans le rouge, la concurrence exacerbée sur les marchés internationaux ou encore la diminution des produits phytosanitaires disponibles pèsent lourdement sur l’activité des céréaliers, leur syndicat historique, l’AGPB, garde confiance en l’avenir et en sa capacité à relever les défis, conforté par ses 100 ans d’existence.

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« Nous avons traversé des périodes critiques et nous avons fait face, c’est notre force », rappelle ainsi Eric Thirouin, président de l’AGPB, en ouverture du congrès qui a célébré le centenaire du syndicat le 28 mai. Pour l’occasion, une pléiade d’intervenants – ancien ministres, présidents d’organisations agricoles, chercheurs et experts – ont mis en avant l’importance de la production de grains depuis la nuit des temps, mais également dans la période actuelle.

Une réalité et des défis différents

Car « cultiver le blé, c’est aussi cultiver la paix du monde », rappelle le directeur du club Déméter, Sébastien Abis, spécialiste de la géopolitique. C’est aussi pour cette raison qu’il faudra se battre pour la Pac, en tant que « politique de sécurité », quand les sujets de défense sont aujourd’hui mis au premier plan, avec des implications sur les budgets européens.

Or, en parallèle, les polémiques sur les moyens de production prennent parfois le pas sur les enjeux agricoles. « Il n’y a jamais eu autant de Français qui se sentent légitimes pour parler d’agriculture », alors même que le nombre d’agriculteurs n’a jamais été aussi bas, et que le secteur a profondément évolué, conduisant à une banalisation de l’entreprise agricole difficile à comprendre pour les consommateurs, résume le sociologue François Purseigle.

Défendre les moyens de production

Et les contraintes se sont accumulées sur ces entreprises agricoles ces dernières années. Avec le retrait des molécules chimiques qui ont fait les grandes heures de la production céréalière à partir des années 1960, désormais, il faut miser sur les approches combinatoires, mêlant bon sens paysan, connaissance agronomique et avancées de la science pour lutter contre les ravageurs qui menacent les rendements mais également la santé humaine, explique Franck Wiacek, directeur des actions régionales France chez Arvalis,

L’utilisation des produits, limitée au niveau français et au niveau européen, pèse aussi pour l’export, où la réglementation des pays importateurs ajoutent leur lot de contraintes, avec l’interdiction de la présence de certains insectes ou adventices, explique Christelle Tailhardat, secrétaire générale du Synacomex, le Syndicat national du commerce extérieur des céréales.

En outre, le changement climatique remet en avant les vulnérabilités du secteur, avec deux grands postes de dépendance aux énergies fossiles : le carburant, et les engrais azotés, deux points détaillés dans le rapport Agriculture du Shift Project. Des pistes de sortie existent, à l’image de l’agriculture de conservation des sols. Reste que « l’on a besoin d’une agriculture qui gagne de l’argent, sinon il n’y aura pas de transition. Passer de l’animal au tracteur s’est fait en 15 ans car les gains financiers étaient très importants, mais aujourd’hui les business models ne tiennent pas », déplore Olivier Dauger, vice-président de l’AGPB.

Ne pas perdre la vision

Conformément à la tradition, le congrès a aussi fourni l’occasion à Eric Thirouin de lister à la ministre de l’agriculture les griefs et les attentes des céréaliers, alors que 2025 « sera probablement la troisième année consécutive sans revenus ». Calcul de la moyenne olympique sur 8 ans, revalorisation de l’aide couplée à la production de blé dur, accessibilité des MAEC en zones intermédiaires, autorisation des NGT, application réelle du principe de « pas d’interdiction sans solution » font ainsi partie des quelques sujets, parmi de nombreux autres, sur lesquels Annie Genevard a été tenue de répondre devant les congressistes.

Pour autant, les céréaliers ont beaucoup à défendre, « il ne faut pas perdre la vision : pourquoi le monde agricole propose cela, pourquoi il se mobilise », car cette vision « n’est pas intuitive pour tout le monde », insiste l’ancien ministre Julien Denormandie. « Une simplification n’est pas un objectif, ce n’est pas un projet politique : il faut une vision d’ensemble », ajoute-t-il.

Sébastien Abis, Julien Denormandie et Eric Thirouin lors du congrès de l'AGPB le 28 mai à Paris. (© Terre-net Média)

À première vue difficile, le contexte semble néanmoins porteur d’espoir, pour Eric Thirouin, qui s’appuie sur certains signaux positifs comme le vote de la motion de rejet sur la proposition de loi Duplomb lundi, la reconnaissance de l’intérêt général de l’agriculture dans la loi d’orientation, ou l’évolution de la Commission européenne sur le Green Deal.  

Autant d’exemples qui permettent d’espérer que « 2025 sera une année charnière dans notre histoire. Tout redevient à nouveau possible mais nous devons savoir où nous allons, quelle est notre vision », avance le président de l’AGPB. Une vision basée sur « l’agronomie et l’économie au service des hommes, pour produire plus, produire mieux, créer de la valeur, de la richesse, des emplois et faire vivre nos familles », résume Eric Thirouin.

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