Faut-il adopter le désherbage thermique ? Après deux ou trois campagnes d'utilisation, les vignerons qui ont opté pour cette solution ont des avis mitigés. “Je ne sais pas si à terme je trouverai une solution pour une utilisation adéquate de ce système” explique Christian Leperchois, propriétaire d'un domaine de 40 hectares dans le Gard. “C'est un mode de désherbage d'appoint” note pour sa part Gérald Vallée, vigneron de l'appellation Saint-Nicolas-de-Bourgueil (Indre-et-Loire), qui pratique le désherbage thermique uniquement au début du mois d'avril. “A un moment où le travail du sol est encore difficile et où les pousses d'herbe sont jeunes.”
Reposant sur un principe consistant à soumettre les mauvaises herbes à une très forte chaleur, ce type de désherbage provoque un choc thermique qui fait bouillir l'eau à l'intérieur des cellules des plantes provoquant ainsi leur éclatement et au final, la mort de la plante. Cette méthode est donc plus efficace sur les jeunes pousses qui ne disposent pas encore de réserves racinaires suffisantes leur permettant de repartir après le passage du désherbeur.
“Je pensais me servir de ce système plus souvent, souligne Gérald Vallée, mais compte tenu du prix du passage à l'hectare et du temps qu'il faut pour effectuer le désherbage, ce n'est pas possible.” A la vitesse de 2 à 3 km/h, les 20 hectares de la propriété sont couverts en une dizaine de jours. “Avec le climat que nous connaissons dans les régions septentrionales, l'herbe repousse trop rapidement” remarque le vigneron tourangeau. ”Si nous n'utilisions que le désherbage thermique, on recommencerait à chaque fois que le désherbage est fini”, assure-t-il. Christian Leperchois qui réalise 2 à 3 passages par an juge toutefois que l'appareil est agréable, notamment grâce à sa possible utilisation par mauvais temps. “Le désherbage thermique est efficient en levée sur les plantules, et sur les plantes qui ne dépassent pas 10 centimètres de haut. En revanche, ce n'est pas très efficace sur le ray-grass ou les chardons”, relève un autre vigneron. Le désherbage est en outre de meilleure qualité lorsqu'il est pratiqué le matin ou le soir quand la plante se trouve gorgée d'eau et que ses stomates sont ouverts.
Alors que les constructeurs préconisent quatre à cinq passages par an, les utilisateurs relèvent un obstacle de poids : un coût de fonctionnement élevé. En effet, avec l'acquisition de l'équipement adaptable sur un tracteur qui revient à un prix allant de 5 000 à 8 000 euros H.T. (selon les constructeurs et les options choisies) et un coût de fonctionnement compris entre 50 à 100 euros par hectare pour le gaz et à environ 15 euros pour le fuel, certains jugent la facture de cet équipement un peu lourde par rapport à l'utilisation qui en est faite. “Il y a peu de maintenance à prévoir” relativise cependant Gérald Vallée. Pour ceux qui ne souhaitent pas utiliser d'herbicides ou en utiliser moins, et alors que le désherbage chimique tend à devoir reculer au profit de méthodes alternatives, le désherbage thermique est une solution qui peut être couplée au travail du sol. “Même si le principal inconvénient de cette dernière technique est d'être lui aussi coûteux en temps… mais pas en argent” confesse un conseiller viticole. C'est le choix qu'ont fait certains viticulteurs ayant abandonné l'usage des désherbants chimiques et qui associent travail mécanique du sol (décavaillonneuse, tournesol, bineuse…) au désherbage thermique.
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