Loi Jacob L'Ania "très sceptique" sur la baisse des prix
Le président de l'Ania (Association nationale des industries alimentaires), Jean-René Buisson, a déclaré mercredi qu'il ne croyait guère à la réalité d'une baisse des prix financée par les distributeurs suite au projet de réforme de la loi Galland présenté par le ministre du Commerce Christian Jacob.
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"Nous attendons de savoir si les distributeurs vont véritablement prendre sur leurs marges pour baisser les prix à la consommation. Si on doit aller vers une baisse de 5%, je suis très sceptique", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.
"En réduisant les marges arrière, on donne la possibilité aux distributeurs de baisser les prix", a déclaré M. Buisson. "Mais jamais la distribution n'a payé une baisse des prix sur ses marges", a ajouté le président de l'Ania pour qui "la baisse des prix sera faible".
Le président des industries alimentaires a de plus dénoncé la "pression insupportable" des distributeurs qui exigent pour 2005 "2 à 3 points supplémentaires" par rapport aux marges arrières de 2004, affirmant qu'"ils se comportent comme des enfants gâtés".
"Ils veulent récupérer tout ce qu'ils peuvent avant une loi qu'ils considèrent comme insupportable", a-t-il lancé. De plus M. Buisson a accusé les enseignes Leclerc, Carrefour, Auchan et Système U de "revente à perte" sur certains produits, ce qui est interdit par la loi, sans que "les Pouvoirs publics interviennent".
Le président de l'Ania a estimé que "l'économie globale du projet de loi Jacob est positive" mais qu'"il ne faut pas penser que cette loi va régler tous les problèmes". M. Buisson s'est par ailleurs félicité que l'application du dispositif de sanctions pénales contre les distributeurs qui ne respectent pas la loi soit "accélérée" et "simplifiée".
L'Ania se réjouit également de l'inversion de la charge de la preuve car désormais ce sera au distributeur de prouver le bien fondé de ses factures de coopération commerciale, qui masquait souvent des services fictifs, alors que c'était au fournisseur jusqu'ici de prouver leur fausseté.
Concernant le plafonnement des marges arrière à 20% du tarif officiel des industriels, l'Ania considère qu'il est "conforme à l'orientation générale souhaitée mais présente des inconvénients majeurs". Pour l'Ania, le dispositif prévu "entraînera automatiquement l'application de conditions les plus pénalisantes pour tous les fournisseurs, incitera inévitablement les distributeurs à appliquer ce taux de 20% à tous les fournisseurs qui ne sont pas encore à ce niveau et est générateur d'une guerre des prix sur les produits à fort taux de marge".
En ce qui concerne les "accords de gamme", l'Ania se satisfait de la seule interdiction des "accords de gamme" abusifs, par lesquels les grands industriels imposent aux distributeurs tout ou partie de leur assortiment s'ils veulent obtenir le produit vedette de la société, ce qui évinçait des rayons les PME.
Par ailleurs, trouvant "scandaleuse" l'idée d'une taxe sur les publicités pour les produits censés favoriser l'obésité, l'Ania projette de créer une Fondation, dotée de plusieurs millions d'euros par an, sur l'alimentation et la santé.
L'industrie agroalimentaire - première industrie française avec 135 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2005 avec 400.000 salariés - compte 110.000 entreprises. Mais celle-ci "souffre" car en 2004, pour la première fois depuis 10 ans, elle a perdu 2.000 emplois, soit 0,5% du total, a révélé M. Buisson.
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