Login

Fertilisation azotée Le tiercé gagnant des outils de pilotage

Les outils d’aide au pilotage de la fertilisation azotée présentent le double avantage d’optimiser les apports d’azote et de répondre à l’obligation de mieux les contrôler. Tour d’horizon des outils existants, leur principe et leurs applications pratiques au champ, avec l’éclairage d’Eric Demazeau, conseiller à la chambre d'agriculture de l'Oise sur les questions agriculture raisonnée et directive nitrates.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


Eric Demazeau, et Arnaud Colin, conseillers
à la chambre d'agriculture de l'Oise :
« La méthode du bilan doit être complétée par l'emploi de la méthode Limaux et d'un outil de pilotage»  (© J.C., Terre-net)
Le raisonnement de la fertilisation azotée commence en début de campagne avec l’estimation de la dose totale prévisionnelle grâce à la méthode du bilan. La stratégie de fractionnement des apports (en général 3 ou 4) repose sur la détermination de cette dose prévisionnelle. C’est l’étalement des apports d’azote, à la juste dose et au bon moment, qui va permettre d’améliorer la qualité des grains, le rendement, mais aussi de diminuer le risque d’azote excédentaire. Mais la méthode du bilan ne permet par de déterminer avec précision les modalités des dates et doses des apports au cours de la montaison. Tout l’art réside dans leur affinage : savoir décider, le moment venu, de la juste dose en fonction des besoins réels de la culture. Les outils d’aide à la décision tels que le N-Tester, Jubil, GPN, Farmstar, ou Ramsès II, apportent ces réponses.

Dans le tableau sont répertoriés les principaux outils existants, leur principe de fonctionnement et leurs caractéristiques. Deux grands principes de mesures existent actuellement : ceux basés sur un prélèvement de tiges avec mesures de la concentration en nitrates, et ceux basés sur la mesure de la réflectance du couvert ou de la feuille (basée sur la teneur en chlorophylle, elle-même basée sur l’état de nutrition azotée de la plante). Pour ces derniers, l’interprétation devra tenir compte du fait que l’azote n’est pas le seul facteur responsable de la teneur en chlorophylle.

 
Jubil
N tester
Farmstar
Ramsès
GPN
Hydro N Sensor
 
 
JUBIL
 
 
 
GPN
 
Cultures concernées
Céréales, maïs, pomme de terre
Blé, orge, maïs, pomme de terre
Blé, maïs, orge, betterave, colza,
Céréales à paille, maïs, pomme de terre
Céréales à paille, pomme de terre
Céréales
Principe de fonctionnement
Malette avec boîtier
Mesure la concentration en nitrates du jus de bas de tige
Outil portatif : boîtier « pince »
Mesure la concentration en chlorophylle (réflectance)
Analyse de photos satellites ou aériennes (basée sur la densité de végétation)
Boîtier
Mesure la concentration en nitrates du jus de bas de tige
Boîtier portatif avec capteur : mesure la réflectance
Capteur positionné sur la cabine du tracteur
Mesure réflectance du couvert
Echantilonnage
60 tiges environ
Pincement de 30 feuilles, répété quatre fois dans la parcelle
Aucun
60 tiges environ
 
Par balayage, au-dessus de la culture, sur 20-50 m2
Aucun
Remarques
Choisir une zone homogène et représentative de la parcelle
Etalonnage possible de l’appareil sur une zone témoin
Ajustement d’apport d’azote intra-parcellaire
Choisir une zone homogène et représentative de la parcelle
Etalonnage possible de l’appareil sur une zone témoin
Ajustement d’apport d’azote intra-parcellaire
Année lancement
 
1990
 
1990
 
2002
 
 
1993
 
2002
 
1999
Développeur
Arvalis
Hydro AgriFrance Yara, en collaboration avec Arvalis
Arvalis, EADS, Itb, Cetiom
Réseau Opticoop (Invivo)
Grande Paroisse AZF
Yara

La plupart des coopératives proposent aujourd’hui ces outils. « Le conseil que nous donnons aux agriculteurs, c’est tout d’abord de s’équiper afin de moduler leur prévisionnel de fertilisation fait en début de campagne. Ensuite, quand un agriculteur nous pose la question du choix de l’outil, nous lui posons la question du temps et de l’argent qu’il est prêt à y consacrer. Ce sont les deux principaux critères retenus pour les guider dans leur choix » explique Eric Demazeau. « Pour donner un exemple, l'agriculteur peut faire le choix de tout déléguer avec la coopérative mais la contrepartie est le coût (cas de Farmstar par exemple) ou à l’inverse privilégier l’aspect financier et du coup y passer beaucoup plus de temps (échantillonnages de la méthode Jubil par exemple). On prend également en compte le critère d’autonomie (équipement personnel ou non) pour guider leur choix, et la volonté de l'exploitant de s'impliquer dans une démarche de groupe (Jubil, GPN, par exemple), qui favorise les échanges entre agriculteurs.»

Pour être tout à fait complet, Eric Demazeau conseille le tiercé gagnant "méthode du bilan – méthode Limaux – outil de pilotage". La méthode Limaux, simple et très peu coûteuse, consiste à semer une bande double densité en milieu de parcelle et d’attendre son jaunissement : « C’est un bon indicateur qui permet de jouer sur la date du premier apport d’azote en le retardant. Il permet de gagner en taux de protéine car la coefficient d’utilisation augmente au fur et à mesure de la campagne » précise Eric Demazeau. Une étude comparative conduite par la Chambre d’agriculture de l’Oise sur 3 campagnes, a démontré que l’utilisation de cette méthode permettait de gagner 0,5% en taux de protéine et un rendement tout aussi intéressant.

 
Témoin (pas de fertilisation)
D – 40 unités (sous fertilisation
Dose prévisionnelle méthode bilan : D
Limaux
D + 40 unités (surfertilisation)
Dose d’apport (unités/ha)
0
155
195
195
235
Rendement final (qt/ha)
52,2
93,4
98,4
100,7
100,7
Taux protéine (%)
8,9
11,3
12,1
12,4
12,7

Eric Demazeau insiste sur l’intérêt de généraliser l’emploi de ce  "tiercé gagnant" pour raisonner ses pratiques de fertilisation. « Actuellement, seule la méthode du bilan est quasiment utilisée partout, mais la méthode Limaux complétée par l’emploi d’un outil de pilotage pour le dernier apport est encore peu usitée » remarque le conseiller. Pourtant le 4ème programme d'actions applicable en zones vulnérables (Directives Nitrates) est en cours de préparation, sa sortie est prévue en décembre 2007. Il sera fonction des résultats issus des contrôles de surveillance des teneurs en nitrates des eaux et d’enquêtes réalisées sur les bonnes pratiques des agriculteurs et les efforts réalisés…

Pour en savoir plus :

Pilotage de la fertilisation azotée - Laurent Scart, agriculteur à Crépy en Valois (60) : « J’utilise Farmstar depuis 2003 »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement