Pierre Cuypers, Unip « Inciter les agriculteurs à accroître les surfaces de protéagineux pour assurer l’approvisionnement des marchés »
Alors que les surfaces de protéagineux continuent à chuter et que l’Europe est largement déficitaire en protéines à destination de l’alimentation animale, les dirigeants d’Arvalis et l’Unip ont tenu à faire les point sur la situation en rappelant les intérêts agronomiques des protéagineux dans les assolements dans un contexte où le marché est particulièrement porteur.
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Pois et féveroles : deux cultures qui ont leur place dans les assolements (© B.N., Terre-net) |
50 à 70 € de charges en moins
En effet, les avantages agronomiques du pois ne sont plus à prouver. « L’effet précédent pois est bien connu. Le rendement du blé fait 7 à 10q/ha de mieux qu’après une autre céréale à paille. C’est une culture qui permet de diversifier les matières actives pour le désherbage. Le pois n’a pas besoin d’engrais et quand l’engrais augmente violemment sur la période considérée, ça se voit. Il y a 50 à 70€ de charges en moins sur un pois par rapport à un blé et à un colza » détaille Gérard Morice, directeur général adjoint opérationnel d’Arvalis.
Et pourtant, la France peine à satisfaire des marchés porteurs. Les prix de la féverole ont connu une augmentation de 90% en 1 an et ceux du pois de 50%. Les exportations de pois jaune pour l’alimentation humaine vers l’Inde valorisent 200.000t de la production. Depuis 5 ans, les exportations de féveroles françaises de bonne qualité visuelle vers le marché égyptien pour l’alimentation humaine représentent 150.000t soit près de la moitié de la production. « Nous devrions nous dire qu’il n’y a pas de problème mais en définitive, nous manquons de marchandise pour les marchés qui sont bien là. C’est dommage de passer à côté d’un marché qui nous réclame et qui nous demande. La filière française risque de manquer d’offre au moment où les marchés sont les plus porteurs » remarque Pierre Cuypers, président de l’Unip.
75% de déficit
« L’erreur, c’est vouloir en faire trop » Joël Cottart, secrétaire général d’Arvalis et exploitant, est en assolement commun depuis 1994. A cause de problèmes d’Aphanomyces, ils ont arrêté le pois au profit de la féverole. Une situation qui les satisfait pleinement puisque la féverole a permis de décaler la date de récolte qui tombait en même temps que les blés pour le pois. Pour Joël Cottart, les protéagineux ont un réel intérêt, à condition de bien gérer son assolement. « Je crois fortement en la diversification de l’assolement quand on est dans des marges comparables. L’erreur, c’est de vouloir en faire trop. Il est très important de respecter le cycle des cultures. » |
« Structurellement, les agriculteurs auraient intérêt à se poser la question de la diversification des assolements » souligne Olivier de Gasquet, directeur de l’Unip. « Nous proposons à l’agriculteur de raisonner l’assolement culture par culture mais aussi à l’échelle de la rotation » explique Gérard Morice. L’enjeu pour les représentants de la filière est d’amener les producteurs à se pencher sur l’intérêt des protéagineux dans l’assolement : « Il faut inciter les agriculteurs à accroître les surfaces de protéagineux pour assurer l’approvisionnement des marchés de l’alimentation animale et humaine sans que l’un ne cannibalise l’autre » conclut Pierre Cuypers.
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