« Inciter les agriculteurs à accroître les surfaces de protéagineux pour assurer l’approvisionnement des marchés »


Pois et féveroles  : deux cultures qui ont leur
place dans les assolements (© B.N., Terre-net)
« Les pois ont laissé de mauvais souvenirs à une époque où les prix et rendements étaient mauvais. La situation a changé » introduit Christophe Terrain, président d’Arvalis. Depuis 3 ans, les surfaces de protéagineux sont en forte chute. Jusqu’à cette date, l’augmentation des surfaces de féveroles avait réussi à pallier l’effondrement de la sole de pois, mais ce n’est plus le cas. Pourtant, les marchés sont particulièrement porteurs et l’Europe connaît un fort déficit de protéines pour l’alimentation animale. « Nous sommes à la veille des arbitrages d’assolement. Nous avons souhaité refaire le point. Nous avons un marché, au niveau pois comme féverole qui est favorable. Toutes nos études le rappellent. L’introduction du pois et de la féverole dans une rotation, c’est une démarche qui peut se retrouver dans différentes situations. Le pois, c’est quelque chose qu’on peut cultiver dans toutes les régions de France » poursuit Christophe Terrain.

50 à 70 € de charges en moins

En effet, les avantages agronomiques du pois ne sont plus à prouver. « L’effet précédent pois est bien connu. Le rendement du blé fait 7 à 10q/ha de mieux qu’après une autre céréale à paille. C’est une culture qui permet de diversifier les matières actives pour le désherbage. Le pois n’a pas besoin d’engrais et quand l’engrais augmente violemment sur la période considérée, ça se voit. Il y a 50 à 70€ de charges en moins sur un pois par rapport à un blé et à un colza » détaille Gérard Morice, directeur général adjoint opérationnel d’Arvalis.

Et pourtant, la France peine à satisfaire des marchés porteurs. Les prix de la féverole ont connu une augmentation de 90% en 1 an et ceux du pois de 50%. Les exportations de pois jaune pour l’alimentation humaine vers l’Inde valorisent 200.000t de la production. Depuis 5 ans, les exportations de féveroles françaises de bonne qualité visuelle vers le marché égyptien pour l’alimentation humaine représentent 150.000t soit près de la moitié de la production. « Nous devrions nous dire qu’il n’y a pas de problème mais en définitive, nous manquons de marchandise pour les marchés qui sont bien là. C’est dommage de passer à côté d’un marché qui nous réclame et qui nous demande. La filière française risque de manquer d’offre au moment où les marchés sont les plus porteurs » remarque Pierre Cuypers, président de l’Unip.

75% de déficit

 

« L’erreur, c’est vouloir en faire trop »

Joël Cottart, secrétaire général d’Arvalis et exploitant, est en assolement commun depuis 1994. A cause de problèmes d’Aphanomyces, ils ont arrêté le pois au profit de la féverole. Une situation qui les satisfait pleinement puisque la féverole a permis de décaler la date de récolte qui tombait en même temps que les blés pour le pois. Pour Joël Cottart, les protéagineux ont un réel intérêt, à condition de bien gérer son assolement. « Je crois fortement en la diversification de l’assolement quand on est dans des marges comparables. L’erreur, c’est de vouloir en faire trop. Il est très important de respecter le cycle des cultures. »

Le marché de l’alimentation animale est tout aussi déficitaire : « Nous sommes dépendants au niveau protéines à 75% pour l’Europe et à 40% pour la France. Notre pays est bien dans une situation de risque » relève Pierre Cuypers. Le président de l’Unip met en garde sur l’importance de ne pas abandonner ce type de débouché : « Le marché de l’alimentation animale offre un marché de masse et de proximité. Il représente encore 70% des débouchés du marché du pois et 50% du marché de la féverole. Ce serait donc une erreur de se désintéresser du marché de l’alimentation animale sous prétexte que le débouché de l’alimentation humaine est plus rémunérateur car cela diminuerait trop les surfaces, alors que nous avons montré l’intérêt des protéagineux dans les assolements. » 

« Structurellement, les agriculteurs auraient intérêt à se poser la question de la diversification des assolements » souligne Olivier de Gasquet, directeur de l’Unip. « Nous proposons à l’agriculteur de raisonner l’assolement culture par culture mais aussi à l’échelle de la rotation » explique Gérard Morice. L’enjeu pour les représentants de la filière est d’amener les producteurs à se pencher sur l’intérêt des protéagineux dans l’assolement : « Il faut inciter les agriculteurs à accroître les surfaces de protéagineux pour assurer l’approvisionnement des marchés de l’alimentation animale et humaine sans que l’un ne cannibalise l’autre » conclut Pierre Cuypers.

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