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Politiques agricoles de sept pays émergents La faiblesse des soutiens publics révèle l'absence de fonds publics

Souvent distorsives, les aides publiques à l’agriculture des pays émergents ne favorisent pas suffisamment l’investissement et le développement agricole selon les experts de l’Ocde.

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Parmi les sept pays émergents,
la Chine est un importateur net.
Dans leur rapport biannuel sur les politiques agricoles des pays non membres de l’Ocde (Organisation de coopération et de développement économique) (1) présenté ce mardi, les experts de l’Organisation ont passé en revue les politiques agricoles de sept pays émergents. Plus précisément, sept pays ont été passés au crible (2). Et il ressort que les soutiens aux producteurs représentent au plus 11% du chiffre d’affaires des exploitations contre une moyenne de 26% en moyenne pour les pays de l’Ocde (moyenne qui masque cependant de grandes disparités).

Hormis la Russie (11%) et la Chine (9%), les taux de soutiens des cinq autres pays avoisinent 3-4%. Ils traduisent à la fois une volonté politique de soutenir d’autres secteurs d’activité économiques mais surtout l’absence de moyens financiers pour envisager une politique agricole ambitieuse.

Toutefois, les faibles niveaux de soutiens à la production agricole ne constituent pas un facteur de compétitivité. Ils ne contribuent pas non plus à leur sécurité alimentaire. Toutes les situations se présentent.

Des sept pays émergents étudiés, quatre d’entre eux sont des exportateurs nets de produits agricoles (Chili, Ukraine, Inde et Brésil) et deux autres des importateurs nets (Chine, Russie). Les échanges de produits agricoles et agroalimentaires sud africains sont juste équilibrés. Rappelons que la France est le premier exportateur mondial de produits agroalimentaires avec un taux de soutien d’aides publiques bien plus élevé. Les agriculteurs ne constituent plus depuis des décennies des poches de pauvreté. Ils ont des niveaux de vie bien supérieurs à leurs homologues des pays émergents.

Des mesures distorsives

En revanche, c’est la nature même des soutiens alloués à l’agriculture des sept pays émergents qui pourrait permettre d’apprécier la pertinence des politiques économiques conduites. Ainsi, les experts restent convaincus, pour être efficaces, que les soutiens à l’agriculture ne doivent pas être distorsifs, c’est à dire subventionner la production agricole (aides directes, prix élevés) ou l’emploi d’intrants. Même s'ils contribuent à retenir dans les campagnes une population rurale importante, en mesure de subvenir en grande partie à leurs besoins alimentaires. Production agricole qui n’est du reste pas bien prise en compte dans le calcul du Pib.

Les crédits à l’agriculture doivent être en revanche employés pour développer les infrastructures nécessaires pour favoriser les exportations et les collectes (trop de producteurs sont empêchés d’exporter en raison de routes et de ports de marchandises insuffisamment équipés). Les budgets alloués pourront aussi être employés pour développer l’enseignement agricole, la formation professionnelle et la recherche.


En versant des allocations,
le Chili a atténué l’augmentation
du coût de la vie.
(© I.Ramsey)
En fait, il s’avère que les experts de l’Ocde craignent surtout que des décisions efficaces à court terme soient contre productives à long terme. Les mesures adoptées visant à apporter une réponse particulière à un problème donné produisent au final des effets contraires aux buts recherchés. Prises par chaque pays indépendamment, leur manque de cohérence conduit à accentuer la crise.

Efficaces à court terme, contre productives à long terme 

Face à la montée des prix agricoles en 2007-2008, la Chine, la Russie et l’Ukraine ont adopté des mesures de contrôle des prix de détail, le Brésil a levé des droits douane pour importer jusqu’à deux millions de tonnes de blé. Tandis que l’Ukraine et la Russie ont préféré limiter leurs exportations pour limiter la hausse des prix intérieurs. La réfaction de blé a dans ces conditions donner de mauvais signes aux marchés, alors davantage portés sur le renchérissement des prix des matières premières.

En accordant des allocations aux plus démunis, la Chine et le Chili ont atténué l’augmentation du coût de la vie. Une mesure transitoire sans réelle conséquence sur le fonctionnement des marchés.

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