Pac Quid de l'après 2013 ?
Avant même de parler « pour l'après 2013 » de projet et de budget (2011), il s'agit de se poser la question toute simple de l'existence même d'une future Pac. Eléments de réponse avec de Philippe Chalmin*.
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Des changement majeurs sont en train de se produire au sein de l'agriculture française et aux niveaux européen et mondial. (© Viti-net) |
Terre-net Média : Emettez-vous un doute quant à l’existence même d’une Pac après 2013, date butoir de son application en Europe ?
Philippe Chalmin : C’est en tout cas la question que l’on doit se poser. Je pense qu’il faut partir de l’hypothèse que ce n’est pas gagné du tout. De nombreux pays au sein de l’Union européenne n’ont pas, ou très peu, de problématique agricole et veulent en finir avec ça. Il est donc tout à fait possible qu’il n’y ait plus de Pac à partir de 2013. En tout cas, il faut partir dans cet état d’esprit pour les négociations de 2013. On doit avoir ce doute, mais ce doute doit être constructif.
T.n.M. : En cas d’abandon, quelle serait alors la politique européenne en matière d’agriculture ?
P.C. : On peut imaginer un scénario dans lequel l’agriculteur ferait l’objet de contraintes plutôt que d’un soutien ou d’une protection, une politique agricole noyée dans une politique rurale européenne, dans laquelle il y aurait un peu d’agriculture…On peut aussi imaginer la disparition du premier pilier avec le passage de toutes les aides au second pilier. Avec de moins en moins de moyens consacrés à l’agriculture, les aides devront être partagées mais à un niveau plus national, pour mieux gérer les contraintes. Les aides deviendront différentielles, avec la fonction d’occupation du territoire.
T.n.M.: L’Europe ne laisse-t-elle pas tomber son agriculture ?
P.C. : L’agriculture ne pèse pas lourd en Europe. L’intérêt des politiques est faible en comparaison de celles des USA (►voir article paru: Cyclope 2009-Les marchés mondiaux - Le bioéthanol). Les agriculteurs américains ont pu bénéficier d’un Farm act extrêmement fabuleux, avec notamment un programme maïs éthanol. Ils ne répondent pas aux règles des négociations de Doha, mais ils n'y attachent aucune importance. En Europe, la politique agricole est plus compatible avec Doha.
T.n.M. : Dans ce contexte, quel rôle auront les agriculteurs ?
P.C. : L'agriculteur aura deux fonctions : la première est la fonction nourricière, de par la production de biens agricoles pour l’alimentation. L’autre est la fonction de services, de par l’aménagement et l’entretien des territoires grâce à l’agriculture. La première est rémunérée par le marché. Concernant la fonction de service, par exemple la vache tondeuse de pelouse, je pense qu’il faut aller dans le sens d’une rémunération de l’agriculteur pour les services rendus à la société. On doit bien parler de « rémunération » et non plus « d’aide » ; il faut bannir ce mot !
L’agriculteur doit donc en même temps s’ouvrir sur le monde (►voir article paru : Mondialisation des marchés -« Les agriculteurs plongent dans le grand bassin, sans bouée ») et être au cœur des territoires.
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