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Réguler les flux de phyto et d'eau Associer prairies temporaires et cultures annuelles dans les rotations

Les prairies assurent, outre des fonctions de production, des fonctions de stabilisation des sols, de régulation des flux d’eau et de produits phytosanitaires et de préservation de la biodiversité. Dans quelle mesure et à quelles conditions ces fonctions sont-elles assurées par les prairies ? Eléments de réponse au cours des journées de printemps de l’Afpf (Association française pour la production fourragère) les 30 et 31 mars derniers.

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Les espèces fourragères et prairiales ont des qualités telles que leur pérennité, leur forte capacité de croissance et de production de biomasse et une large gamme d’adaptations pédoclimatiques. Ceci justifie leur utilisation principale dans l’implantation des prairies et l’alimentation des herbivores. Mais ces caractéristiques permettent aussi d’envisager d’autres usages.

Bénéfices et impacts liés aux prairies dans le lessivage de l’azote et du phosphore

Les prairies contribuent à diminuer de façon très significative la lixiviation de l’azote des sols. La différence de lixiviation de l'azote entre prairie permanente et prairie pâturée intégrée dans une rotation parle d'elle même. De 15 kg/ha/an pour la première à 85 kg/ha/an pour la deuxième (voir table 1).


Table 1 : Lixiviation d'azote sous diverses rotations optimisées. De 15 kg/ha/an pour une prairie permanente à 85 kg/ha/an pour une prairie pâturée 4 ans / maïs fourrage+cipan / maïs fourrage / céréale (dans un contexte de l’ouest de la France, pluvieux, lame drainante hivernale >400mm). (© DR)
Pour le phosphore, les pertes moyennes par lixiviation augmentent très nettement entre les herbages et les cultures : de 3 à 5 fois supérieures pour les cultures (cultures : 0,7 à 2,5 kg/ha/an, prairies : 0,1 à 1, forêts et prairies permanentes : 0,04 à 0,2).

Une simulation au niveau du bassin versant du Yar (22) a montré l’évolution des concentrations moyennes en nitrates dans le cours d'eau selon les scénarii d’utilisation des sols. « Seule la conversion de tout le territoire en prairies de fauche non fertilisées engendrerait une chute rapide et très importante de la teneur en nitrates du cours d’eau », explique Françoise Vertes de l'Inra. En poursuivant les pratiques actuelles, le taux de nitrates dans le cours d’eau baisserait sensiblement. Et même en appliquant strictement le cahier des charges Sfei (Surfaces fourragères économes en intrants), l’objectif de 10-15mg/l ne serait pas atteint (voir table 2).


Table 2 : Effet d'un changement d'occupation des sols au niveau
du bassin versant du Yar (22). (© DR)

Enherbement des sols et produits phytosanitaires

L’introduction de prairies d’herbe dans les systèmes culturaux permet en premier lieu de réduire les apports de produits phytosanitares à l’hectare. D’autre part, la présence de prairies réduit les transferts hors des parcelles agricoles en retardant le déclenchement du ruissellement et en favorisant l’infiltration et la rétention des contaminants.

L'enherbement, qu'est-ce que c'est ?

L’enherbement consiste à implanter une couverture végétale herbacée dans des parcelles supportant d’autres cultures pérennes (arboriculture, viticulture) ou dans des rotations associant prairies temporaires et cultures annuelles. Cette intégration vise à modifier les itinéraires techniques pour des raisons agronomiques (productivité, qualité des récoltes, pression sanitaire…).

L’introduction de prairies temporaires allonge les rotations et réduit la pression parasitaire. Une augmentation des entrées de carbone organique est aussi observable. L’implantation de prairies dans une rotation provoque une diminution de la mobilité des résidus de phyto utilisés les années précédentes.

Lorsqu’on implante une prairie sur des sols cultivés de manière intensive, on restaure progressivement le stock de matière organique des horizons superficiels et on améliore la structure du sol.  

Les couverts herbacés comme outils de réduction des pertes en terre par érosion hydrique


Table 3. (© DR )
Les taux d’érosion moyens en France varient de 0,1 t/ha/an à 50 t/ha/an en fonction de l’occupation du sol et de son taux de couvert, de la pente, de la texture du sol et des conditions de pluviométrie. Les couverts herbacés présentent un triple intérêt. Ce sont des surfaces peu ruisselantes, ils ont une fonction de rétention des matières en suspension (Mes) et réduisent les écoulements par leur grande capacité d’infiltration.

Le taux d'érosion diffuse sous couvert végétal est extrêmement faible : de 0,1 à 0,001 t/ha/an selon la pente et la texture du sol.

A l'échelle de la parcelle comme du bassin versant, les prairies sont plus efficaces  pour lutter contre l'érosion que contre le ruissellement. La table 3 montre la différence de ruissellement après deux types de pluies sur des couverts végétaux différents : chantier de récolte maïs ou prairie de ray-grass. La différence entre les deux montre bien l'importance de la présence d'un couvert végétal en hiver pour lutter contre l'érosion.

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