Login

Gestion de l’instabilité des marchés agricoles Instaurer une régulation anticrise et une gouvernance mondiale

La France veut être le fer de lance de la régulation des marchés mondiaux de produits agricoles et de leurs dérives. A quelques semaines du sommet du G20, trois des dix-sept membres (1) du groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture, constitué par Bruno Le Maire, ont présenté leur rapport d’étape « Prévenir et gérer l’instabilité des marchés agricoles ». Il donne des orientations sur la position de la France au G20.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


(© Terre-net Média)
Les conséquences de la crise des marchés agricoles sur la sécurité alimentaire sont devenues un thème de préoccupation du G20. Et « le cadre multilatéral est de plus en plus favorable à des progrès de la gouvernance mondiale des questions alimentaires », écrivent les dix-sept membres (1) du groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture, constitué par Bruno Le Maire et les auteurs du rapport d’étape « Prévenir et gérer l’instabilité des marchés agricoles ».

C’est en s’appuyant sur l’analyse du fonctionnement des marchés agricoles mondiaux que les trois auteurs (1) du rapport d’étape « Prévenir et gérer l’instabilité des marchés agricoles » justifient leurs propositions.

« Le monde des matières premières est constitué de biens très hétérogènes. Même si les marchés de ces produits ont de nombreux points communs, il ne faut pas sous-estimer leurs différences. Les produits agricoles présentent de nombreuses particularités au sein de cet univers des matières premières. Renouvelables, ils se distinguent fortement des sources d’énergie et des minerais. Alors que ces derniers sont soumis à des incertitudes géologiques, les produits agricoles sont confrontés aux aléas climatiques. Ce sont également les seuls biens dont le cycle de production est soumis à une saisonnalité variable selon les régions du monde », écrivent les trois mêmes auteurs.

La nouvelle conception de la régulation à développer au niveau international serait
une « régulation anticrise agricole »

« La France a été à l’origine de nouvelles propositions dans les enceintes multilatérales pour améliorer la lutte contre l’insécurité alimentaire. Lors de son intervention du 3 juin 2008 à la Fao, le Président de la République a ainsi suggéré la mise en place d'un partenariat mondial pour l’agriculture et l’alimentation, s’appuyant sur les institutions existantes et tous les acteurs concernés », ajoutent-ils.

Dans leur rapport d’étape, les propositions de Jean-Pierre Jouyet, Christian de Boissieu et Serge Guillon traitent les points suivants :

Selon le rapport des trois experts, la nouvelle conception de la régulation à développer au niveau international serait une « régulation anticrise agricole » avec pour objectif de promouvoir la prévention et la gestion des crises agricoles mondiales. Autrement dit, de « prévenir et de gérer les déséquilibres agricoles sources d’insécurité alimentaire, de baisse du pouvoir d’achat des consommateurs ou d’instabilité et d’insuffisance des revenus des producteurs, qui pourraient menacer le maintien de l’activité et de la production agricole.»

La nouvelle régulation porterait aussi bien sur les marchés financiers que physiques et consisterait par conséquent « à mettre en place des dispositifs de prévention, des mécanismes d’alerte et d’organisation de la gestion des crises. Elle se distingue d’une régulation économique destinée à organiser les marchés de façon permanente », expliquent les auteurs du rapport d’étape.

La nouvelle régulation porterait aussi sur les marchés financiers

 


« Toutes les propositions du
document qui vont dans le sens
de la régulation, nous les
retiendrons »,
(© Terre-net Média)
« La recherche d’une stabilisation des prix permettrait donc à la fois d’obtenir des prix suffisamment accessibles pour les consommateurs, y compris les plus vulnérables, et suffisamment élevés pour ne pas menacer le maintien de l’activité agricole». La nouvelle régulation porterait aussi bien sur les marchés financiers que physiques. « Sans régulation des marchés physiques pour encadrer la volatilité des prix, les marchés financiers continueront à réagir aux données physiques et à traduire les incertitudes par leurs propres fluctuations des cours », note le rapport des trois experts. Ses auteurs déplorent qu’il « n’existe pas d’instance de coordination politique compétente pour une approche globale des questions agricoles ».

 

Pour combler le déficit de gouvernance mondiale, les auteurs proposent la création d’un « forum de stabilité agricole », qui aborderait les questions agricoles dans leur globalité. « Instance de discussion informelle entre les grands acteurs concernés par les enjeux agricoles, ce forum se distinguera des structures existantes par son caractère informel, son champ de compétences s’étendant à l’ensemble des problèmes impliquant l’agriculture, ou encore par sa composition ouverte et non réservée aux états membres du G20, mais pouvant intégrer d’autres états. » De son coté, le comité de la sécurité alimentaire, rénové en 2009, aurait pour mission de formuler des recommandations concrètes pour les décideurs politiques  et de coordonner à l’échelle internationale les gouvernements et les organisations internationales.

Lire aussi: Ministère de l’Agriculture - Bruno Le Maire a présenté le rapport du « groupe de réflexion sur l’avenir de l’agriculture »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement