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C’est en s’appuyant sur l’analyse du fonctionnement des marchés agricoles mondiaux que les trois auteurs (1) du rapport d’étape « Prévenir et gérer l’instabilité des marchés agricoles » justifient leurs propositions.
« Le monde des matières premières est constitué de biens très hétérogènes. Même si les marchés de ces produits ont de nombreux points communs, il ne faut pas sous-estimer leurs différences. Les produits agricoles présentent de nombreuses particularités au sein de cet univers des matières premières. Renouvelables, ils se distinguent fortement des sources d’énergie et des minerais. Alors que ces derniers sont soumis à des incertitudes géologiques, les produits agricoles sont confrontés aux aléas climatiques. Ce sont également les seuls biens dont le cycle de production est soumis à une saisonnalité variable selon les régions du monde », écrivent les trois mêmes auteurs.
La nouvelle conception de la régulation à développer au niveau international serait
une « régulation anticrise agricole »
« La France a été à l’origine de nouvelles propositions dans les enceintes multilatérales pour améliorer la lutte contre l’insécurité alimentaire. Lors de son intervention du 3 juin 2008 à la Fao, le Président de la République a ainsi suggéré la mise en place d'un partenariat mondial pour l’agriculture et l’alimentation, s’appuyant sur les institutions existantes et tous les acteurs concernés », ajoutent-ils.
Dans leur rapport d’étape, les propositions de Jean-Pierre Jouyet, Christian de Boissieu et Serge Guillon traitent les points suivants :
- la financiarisation des marchés agricoles;
- la volatilité naturelle des prix, amplifiée par une spéculation excessive;
- l’encadrement du fonctionnement des marchés à terme;
- développer une nouvelle conception de la régulation des marchés physiques;
- inscrire la régulation des marchés financiers de dérivés agricoles dans la dynamique internationale et européenne.
Selon le rapport des trois experts, la nouvelle conception de la régulation à développer au niveau international serait une « régulation anticrise agricole » avec pour objectif de promouvoir la prévention et la gestion des crises agricoles mondiales. Autrement dit, de « prévenir et de gérer les déséquilibres agricoles sources d’insécurité alimentaire, de baisse du pouvoir d’achat des consommateurs ou d’instabilité et d’insuffisance des revenus des producteurs, qui pourraient menacer le maintien de l’activité et de la production agricole.»
La nouvelle régulation porterait aussi bien sur les marchés financiers que physiques et consisterait par conséquent « à mettre en place des dispositifs de prévention, des mécanismes d’alerte et d’organisation de la gestion des crises. Elle se distingue d’une régulation économique destinée à organiser les marchés de façon permanente », expliquent les auteurs du rapport d’étape.
La nouvelle régulation porterait aussi sur les marchés financiers
![]() « Toutes les propositions du document qui vont dans le sens de la régulation, nous les retiendrons », (© Terre-net Média) |
Pour combler le déficit de gouvernance mondiale, les auteurs proposent la création d’un « forum de stabilité agricole », qui aborderait les questions agricoles dans leur globalité. « Instance de discussion informelle entre les grands acteurs concernés par les enjeux agricoles, ce forum se distinguera des structures existantes par son caractère informel, son champ de compétences s’étendant à l’ensemble des problèmes impliquant l’agriculture, ou encore par sa composition ouverte et non réservée aux états membres du G20, mais pouvant intégrer d’autres états. » De son coté, le comité de la sécurité alimentaire, rénové en 2009, aurait pour mission de formuler des recommandations concrètes pour les décideurs politiques et de coordonner à l’échelle internationale les gouvernements et les organisations internationales.
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