Login

Produits phytosanitaires Des dérogations « suspectes » au sein de l'UE, dénoncent des Ong

De nombreux pays européens, la France en tête, semblent avoir abusé largement en 2010 des possibilités de dérogations offertes par l'Union européenne pour utiliser des produits phytosanitaires interdits, dénoncent mercredi les Ong Pesticide Action Network Europe et Générations Futures.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


La France est le premier consommateur de pesticides
en Europe. (© Terre-net Média)

« On est passé en Europe de 59 cas de dérogations en 2007 à 321 en 2010 ! », soit une augmentation de 500 %, dénoncent les organisations non gouvernementales dans un rapport. « Le nombre de matières actives faisant l'objet de dérogations a aussi considérablement augmenté », précisent-elles. Sur 152 maintenant autorisées, « dans la vaste majorité des cas, ce sont des pesticides de synthèse avec un profil environnemental et sanitaire dangereux », précisent-elles.

De 0 dérogations en 2007 à 74 en 2010

Seuls le Luxembourg, l'Estonie et Malte n'ont pas accordé de telles dérogations, soulignent-elles. L'article 8.4 de la directive européenne 91/414 offre aux Etats-membres de l'UE la possibilité d'utiliser durant 120 jours, soit souvent une saison culturale complète, un produit phytosanitaire interdit, à condition que les cultures soient menacées par « un danger imprévisible qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens ». Or le rapport met largement en doute la vraisemblance du « danger imprévisible » dans un grand nombre de ces dérogations. « Le fait que beaucoup d'Etats membres qui n'avaient pas de situation de "danger imprévisible" en 2007 » comme Chypre, la France, l'Italie ou la Roumanie, « déclarent maintenant de longues listes de "danger imprévisible qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens" rend ces déclarations très suspectes », écrivent-elles.

En l'occurence, la France, premier consommateur de produits phytosanitaires en Europe, est « maintenant clairement le champion européen de ces moyens détournés », en passant de 0 dérogations en 2007 à 74 en 2010, poursuit le texte. « Comment peut-on expliquer ça en terme d'agronomie? Il peut y avoir un, deux, trois, cinq situations particulières de danger imprévisible... Mais 74 alors qu'on n'en a jamais eu avant ? Ca paraît tout à fait douteux ! », a déclaré à l'Afp François Veillerette, président de « Générations futures ». Elle est suivie en 2010 par la Grèce (54 dérogations contre 6 en 2007), le Portugal (31 contre 1 en 2007), puis Chypre (18 contre 0 en 2007).

Réduire l'usage des pesticides de 50 % d'ici 2018

L'Autriche et l'Allemagne sont également coutumières de ces dérogations. Le rapport met alors en cause le « manque de transparence » de la procédure. L'Etat-membre informe le Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, qui assiste la Commission européenne, de ces dérogations. « Il y une procédure de contrôle normalement. Mais il n'y a de trace de rien, on ne sait même pas si les dossiers sont réellement examinés et s'ils sont contrôlés », dénonce M. François Veillerette. La France s'est engagée à réduire l'usage des produits phytosanitaires de 50 % d'ici 2018 « si possible ».

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement