Login

Tour de plaine en Picardie et Charente Des potentiels de rendement réduits de 20 à 50 q/ha

Faute d’eau et suite aux fortes chaleurs du mois d’avril, les stades de culture sont en avance de deux à trois semaines et le potentiel de rendement se réduit de jours en jours. L’impact de la sécheresse est au cœur des discussions. Tour de plaine avec le Ceta « Plateau Picard » de l’Oise et point sur la situation en Charente où les rendements pourraient descendre sous la barre des 30 q/ha.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


« Dans le Nord-Ouest de l'Oise, nous ne sommes pas les plus à plaindre. Mais
nous ne sommes guère habitués aux périodes de sécheresse, d’habitude c’est
plutôt l’excès d’eau qui pose problème » commentent les agriculteurs du Ceta
« Plateau Picard ». (© Terre-net Média)

« Dans le Nord-Ouest de l’Oise, les pertes de rendements s’évaluent entre - 20 q/ha sur les bonnes terres, et - 50 q/ha sur les terres plus séchantes », estime Corinne Daunay, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Oise.

 « Avec seulement 350 épis au m², comparés aux 500 épis / m² que nous avons habituellement, et un Pmg de 35 g (hypothèse basse), le rendement théorique se situerait aux alentours de 55 q/ha. Les talles perdues ne reviendront pas. Le nombre de grains par m² est désormais déterminé, c’est donc lors du remplissage que le rendement devra se faire. Cependant, les taux protéiques pourraient être élevés car l’azote devrait jouer plus tardivement et pour le moment le troisième apport fait il y a deux semaines n’est pas valorisé. »

Les foyers de rouilles jaune apparaissent


« Dans le Nord de la Picardie, les blés dégainent
leurs épis avec deux semaines d’avance ».
(© Terre-net Média)

Bruno Bellanger, producteur du Ceta du Plateau Picard, témoigne de blés ayant « une quinzaine de jours d’avance. Dans les zones sèches et sur les variétés précoces, les blés sont totalement épiés, et parfois la F1 s’enroule dans la F2. Dans les terres plus profondes, les épis sortent progressivement de leur gaine. »

La paille ne sera pas abondante. « Les raccourcisseurs resteront dans les bidons pour cette année ! » Sur les feuilles, Corinne Daunay observe « des tâches d’origine physiologique dues au stress hydrique. Le risque de septoriose est très limité. Par contre, nous voyons apparaître ça et là des foyers de rouille jaune. Il faut agir vite, dès que les premiers ronds sont visibles. Enfin, malheureusement, le risque d’échaudage en fin de culture n’est pas exclu. »

La sécheresse accentue l’hétérogénéité des terres

« Je crains pour les rendements dans les zones à cailloux, mais j’essaie de rester confiant dans les bonnes parcelles », confie un autre agriculteur adhérent au Ceta. « Cette année nous remarquons particulièrement l’hétérogénéités des terres. On perçoit même des traces d’anciens chemins à travers les parcelles. En sols sableux, les cultures sont vraiment grillées. Cette année, je ne regretterai pas d’avoir souscrit une assurance récolte suffisamment tôt. Mais que se passera-t-il si nous livrons à la coopérative 30 q/ha de moins que le tonnage sur lequel nous nous sommes engagés ? »

Il faudra absolument de l’eau pour les cultures de printemps


« Exception à la règle : le colza derrière prairie est particulièrement haut et dense. » (© Terre-net Média)

Les colzas picards se portent relativement bien. « Là encore, c’est le remplissage et le poids de mille grains qui fera le rendement. Mais les siliques commencent déjà à brunir légèrement », explique Bruno Bellanger. « Sur betterave, c’est l’eau estivale qui conditionnera le tonnage. Le déficit hydrique ne les impacte pas trop pour le moment et limite le développement des adventices. » Les premières fleurs apparaissent sur les pois et les féveroles qui ne sont pas bien hauts. Les maïs ont dans l’ensemble bien levé et dévoilent actuellement leur cinquième feuille. Faute d’eau, ils se retrouvent stoppés dans leur croissance et certains pieds ont fané. « J’ai semé cinq hectares de lin, mais je ne sais pas si je pourrai les faucher. S’il n’y a pas de tonnage cette année, cela risque d’être également difficile pour les filières industrielles et les usines de teillage. »

Charente : « Contrairement au climat, le moral des agriculteurs n’est pas au beau fixe. »

 


« Avec seulement 250 à 300 épis de blé
au m², les rendements devraient atteindre
des records historiquement bas. » 
(© Terre-net Média)
Sans précipitation significative depuis fin mars, la Charente est l’un des départements les plus précocement touchés par la sécheresse. « Avec deux à trois semaines d’avance, la moisson des premières orges devrait débuter d’ici une quinzaine de jours. Le blé finit actuellement sa floraison », explique Philippe Orempuller, responsable des grandes cultures à la Chambre d’agriculture d’Angoulême. « Les rendements du blé tendre sont actuellement estimés entre 25 q/ha en zones sèches et 65 q/ha pour les zones irriguées. Seuls 5 à 10 % du territoire étaient irrigables avant les mesures de restrictions il y a quinze jours. Six bassins versants sont en alerte totale.»

« Avec des températures dépassant parfois les 30 °C en avril, l’évapotranspiration est importante et les feuilles se dessèchent. Alors que les céréales se portaient bien à la sortie de l’hiver, il ne reste plus que 250 à 300 épis au m². Le prix élevé des céréales ne compensera pas les pertes de rendement. Afin de limiter les charges nous avons conseillé de faire l’impasse sur le troisième apport d’azote. Les risques de maladies sur céréales étant quasi-nuls, nous conseillons de limiter les fongicides à un seul passage si nécessaire. » Les récoltes de paille devraient être inférieures de 1,5 à 2 tonnes par hectare.

« Les coups de chaleur durant la floraison du colza ont provoqué l’avortement des fleurs du bas. Il y a relativement peu de gousses et le Pmg risque d’être faible », continue Philippe Orempuller. « Sur les cultures de printemps, je préfère ne pas faire de pronostics pour le moment. Les maïs sont au stade 8-10 feuilles pour les plus précoces. La densité semble correcte. En tournesol, les levées ont été plus difficiles. Mais que se passera-t-il s’il n’y a toujours pas d’eau d’ici la floraison ? »


« En Charente, la moisson des orges devrait démarrer début juin. » (© Terre-net Média)

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement