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Présidentielle 2012 / Primaires socialistes Les positions agricoles de Martine Aubry et François Hollande sur l'Union européenne
Quel serait le meilleur candidat socialiste pour les agriculteurs ? Avant le second tour des « primaires citoyennes » pour désigner le candidat du parti socialiste de l'élection présidentielle de 2012, la rédaction de Terre-net Média a posé une série de questions à François Hollande et à Martine Aubry.
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1ère partie : à Bruxelles
Pour les autres questions posées, voir le sommaire en bas de cet article.
Défendrez-vous le maintien le budget de la Pac même si la crise financière s’aggrave ? | |
Martine Aubry (MA) : L'agriculture va devoir effectuer des mutations considérables face à la nécessité qu'elle va avoir de prendre en compte la raréfaction et le renchérissement des ressources fossiles dont elle est actuellement très consommatrice ( engrais azotés de synthèse, phosphore, potasse ), le changement climatique et la perte de biodiversité, les problèmes de santé publique ( à commencer par celle des agriculteurs eux mêmes ) que posent aujourd'hui les pesticides. Par ailleurs, la France et l'Union Européenne doivent améliorer leur autosuffisance alimentaire. Et les agriculteurs vivre de leur métier. Face à tous ces enjeux majeurs, ce n'est certainement pas le moment d'envisager une baisse du budget de la PAC. Je le défendrai. | |
François Hollande : Oui car le budget de la PAC est important pour que l'agriculture remplisse ses missions de sécurité alimentaire, de gestion durable des ressources naturelles et d'aménagement de territoire et d'emploi. Le budget de la PAC représente un coût de 0,37% de la richesse européenne. C'est bien peu pour la politique la plus intégrée de l'Union. | |
Seriez-vous favorable à l’augmentation du budget européen pour financer le développement du fédéralisme économique avec de nouvelles compétences pour l’Europe? | |
Martine Aubry (MA) : Je suis une Européenne convaincue depuis toujours. Nous avons besoin d'un développement économique concerté au niveau Européen, mais aussi d'une recherche plus « européanisée », et d'une harmonisation sociale, fiscale et environnementale. Si ce sont bien là nos objectifs -une Europe plus solidaire, plus créative - alors là oui sans aucun doute je suis pour une augmentation du budget de l'UE. | |
François Hollande : On ne peut pas faire plus d'Europe avec moins de moyens, même s'il convient de toujours s'assurer du meilleur usage des fonds publics. Le budget de l'Union européenne est aujourd'hui alimenté à 85% par des contributions originaires des Etats membres. Cette situation pose le problème des soldes nets, qui sapent le principe de solidarité entre les Etats membres. L'Union doit disposer de son budget. C'est pourquoi je suis favorable à la création de nouvelles ressources propres pour le budget européen, comme la Taxe sur les Transactions Financières. Ces ressources permettraient d’augmenter le budget puis de sortir du cercle vicieux des soldes nets. Elles permettraient aussi de financer de nouvelles politiques et initiatives européennes (Europe 2020) comme des investissements d'intérêt communautaire, dans les domaines de l'énergie, des transports, nécessaires à la croissance et l'emploi. | |
Les nouvelles prérogatives du Parlement européen constituent-elles un atout pour défendre une Pac forte et surtout pour faire adopter vos idées? | |
Martine Aubry (MA) : La codécision est une avancée importante. Nous pouvons déjà observer que des évolutions ont eu lieu, favorables à plus de régulation. Le rapport Lyon est de ce point de vue une étape essentielle dans la réflexion sur l'avenir de la PAC. J'attends des députés européens qu'ils se saisissent avec pugnacité des propositions de la Commission Européenne du 12 octobre pour redonner de la force à ces propositions qui manquent singulièrement de consistance. Bien sûr j'espère qu'ils défendront mes idées, mais aussi dès que je serai Présidente de la République, j'engagerai mon gouvernement pour les faire partager par nos partenaires européens. | |
François Hollande : Le Parlement européen représente l’expression démocratique européenne. Le pouvoir de codécision sur l’agriculture lui permet de faire prévaloir l’intérêt commun agricole, et ceci dans l’intérêt des agriculteurs mais aussi de tous les citoyens européens. A nous socialistes de défendre au sein du Parlement européen un projet pour l’avenir de l’agriculture qui permette une PAC forte et durable -j'insiste sur ce second caractère-, offrant des revenus et des perspectives au monde agricole. | |
L’euro est-il l’ennemi d’une Pac forte, régulée et avec des prix rémunérateurs ? | |
Martine Aubry (MA) : Pas du tout, la question est plutôt comment on utilise et on défend l'euro, et notamment comment l'euro peut nous aider à affirmer la solidarité entre états membres, pour éviter des gestions aussi désastreuses que celle de la crise grecque. | |
François Hollande : L'Euro nous a permis de supprimer le spectre des montants compensatoires monétaires, issus de désordres monétaires nés dans les années 1970, au sein de la Communauté. Ces MCM ont pénalisé les exportations communautaires d'un pays à monnaie faible et dévaluée comme la France et ont inversement favorisé des importations en provenance de pays à monnaie forte. Cette situation a par exemple outrageusement avantagé le développement de l'agriculture allemande par rapport à celle de la France, en raison de distorsions de concurrence provoquées par cette forme d'aide déloyale constituées par ces MCM, à laquelle s'ajoutaient des prix de revient moins élevés du fait des différences de parité. Maintenant il faut considérer la parité de l'Euro par rapport à d'autres devises, comme le dollar, ou le yen la monnaie chinoise sous évaluée. Aujourd'hui un Euro fort rend nos produits à l'exportation plus chers pour les acheteurs de pays tiers. Mais un Euro fort nous évite d'exporter avec des subventions très critiquées par nos concurrents internationaux ou par les pays importateurs du Sud qui y voient à juste titre un danger pour le développement de leur propre agriculture. Mais un Euro élevé réduit le coût de nos approvisionnements importés. L'Union est le premier importateur du monde en produits agricoles. Nous avons besoin de l’Euro et d’une PAC forte comprenant des outils de régulation capables d’assurer des niveaux de prix suffisants et stables. Ces trois nécessités ne sont pas incompatibles, elles doivent toutes les trois être réunies. | |
Le retour au franc et à la souveraineté monétaire est-il la solution aux problèmes des agriculteurs ? | |
Martine Aubry (MA) : Une telle perspective n'a pas de sens. Arrêtons de leurrer les gens avec des chimères et travaillons sérieusement à des solutions responsables: la volatilité des prix agricoles et alimentaires d'une part, la libéralisation excessive des échanges d'autre part, sont deux des principales causes actuelles des problèmes économiques des agriculteurs. C'est pouquoi je suis favorable à une politique de gestion des marchés, de maitrise des productions et à la mise en place du juste-échange que je propose. | |
François Hollande : Certainement pas, car nous retomberions dans les travers des désordres monétaires du passé : les MCM avec leurs conséquences négatives sur l’ensemble de l’agriculture française. Nous pourrions courir le risque d’engager la PAC vers une renationalisation généralisée, avec des coûts plus élevés pour le budget de la nation. Les citoyens n’en accepteraient pas nécessairement la perspective. |
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