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[Analyse] A Evreux au Sommet du végétal L’agro-écologie de Stéphane Le Foll inquiète

Le Sommet du végétal d'Evreux est un examen de passage obligatoire pour n'importe quel ministre de l'Agriculture. Stéphane Le Foll a donc clos ce rassemblement. Le public présent ne lui était pas acquis. Les congressistes n'ont pas été convaincus par le "Produisons autrement", symonyme pour eux de produire mieux et moins.

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Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture au Sommet du végétal à Evreux, jeudi 24 janvier. (© Terre-net Média)
Pour Orama et la Fnsea, François Hollande est décidément le meilleur ambassadeur de l’Agriculture européenne et française. C’est même à se demander si son absence n’était pas regrettée au Sommet du végétal, qui s’est tenu les 23 et 24 janvier 2013 à Evreux.

En revanche, Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, qui est venu clore le Sommet, le premier depuis sa nomination, n’a pas réellement réussi son examen de passage devant les congressistes. « Je défends toutes les agricultures. Je ne suis pas là pour stigmatiser, ni pour diviser », déclare t-il. Mais les congressistes, très attentifs, n’ont pas été convaincus. Une "pique" quelque peu stigmatisante, lancée à un agriculteur ventant ses rendements de maïs de 140 quintaux par hectare, a justement confirmé aux "gros céréaliers", réunis à Evreux, les aprioris de l’hôte de la rue de Varenne à leur égard. Pour les agriculteurs d’Orama, le ministre de l’Agriculture penche plutôt pour le produire autant et mieux avec moins d’intrants que pour le produire plus et mieux "tout court".

En fait, François Hollande a le mérite d’avoir défini, dès septembre dernier au Space de Rennes, un cap pour la politique agricole européenne qu’il conduira. Un cap auquel Xavier Beulin, président de la Fnsea et ancien président de la Fop, se rallie. « Produire plus n’est pas une maladie honteuse ».

A Bruxelles, « François Hollande est du reste le seul chef d’Etat à défendre un budget européen fort et un budget de la Politique agricole commune fort. Il faut être solidaire derrière le chef de l’Etat », a rappelé le président de la Fnsea devant les congressistes du Sommet du végétal.

Au niveau national, « nous avons obtenu la réforme des Dpi et des Dpa (qui ne sont plus conditionnées à la souscription d’un contrat d’assurance), le maintien de l’exonération de la Tipp (excepté les 2,5 C), et le crédit d’impôt ». Une ombre au tableau toutefois, une révision des exonérations de charges sociales patronales sur les travailleurs occasionnels.

Deux conceptions divergentes de l'agro-écologie

Stéphane Le Foll a aussi défini un cap dès la rentrée de septembre dernier. Il l’a rappelé à Evreux en déclarant qu’il a « l’ambition de conduire l’Agriculture vers l’agro-écologie » en fédérant toutes les initiatives qui vont dans ce sens. « Le 18 décembre dernier, lors de la conférence ''Produisons autrement'', j’avais réuni les pionniers ».

Pour Orama, l’agro-écologie est aussi la voie à suivre. Mais derrière ce mot se cachent deux conceptions.

L’agro-écologie, c’est d’abord « l’Environnement autrement », pour Philippe Pinta, président d’Orama. S’inscrivant sur le long terme, elle associe innovations et agronomie. Cette démarche s’oppose à la vision « court termiste » du ministre de l’Agriculture car « réduire les charges et produire mieux et autant ne marche qu’un ou deux ans », défend Christophe Terrain, président de l’Agpm (1), une des trois associations liées à Orama avec l’Agpb et la Fop.

Dans ces conditions, le ministre de l’Agriculture ne convainc pas quand il assure qu’il n’est pas question de remettre en cause la vocation exportatrice de céréales de la France. Les céréaliers ont le sentiment que Stéphane Le Foll ne leur donne pas les moyens de produire plus. Ils craignent, au contraire, davantage de réglementations. Elles sont mêmes devenues la première raison invoquée par les agriculteurs, en force de l’âge, pour expliquer pourquoi ils décident de cesser leur activité.

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